Chapitre 16

542 42 1
                                    

Ça y est les vacances de Noël était enfin là, à mon plus grand désespoir. Comme prévu personne n'était présent pour les fêtes. Il faut dire que tout le monde aimait se retrouver en famille en cette période de l'année. Tout le monde sauf moi. Si avant j'appréciais tout particulièrement Noël, car c'était un des rares moment de l'année où mon père prenait des vacances pour passer un maximum de temps avec nous, nous emmenant souvent à la montagne profiter de la neige, s'était désormais une sinécure de devoir rester en leur présence. Bien que notre relation se soit légèrement détendue entre mon père et moi suite à la soirée chez Lucy, l'ambiance restait malgré tout tendue entre nous. Le malaise régnait clairement, aucun de nous ne sachant comment se comporter avec l'autre. J'avais l'impression qu'il se bridait dès qu'il voulait me dire quelque chose et n'abordait qu'en surface les rares conversations qu'on avait. Ce comportement me rendait dingue et me donnait envie de le secouer. Je voulais retrouver mon vrai père. Celui toujours prêt à rigoler, à râler, à nous faire des blagues nulles... Pas cette espèce de loque vivante qui semblait victime d'insomnie à n'en plus finir et avait peur de la moindre réaction que je pourrais avoir.

Je savais pourquoi il réagissait ainsi, j'en connaissais la cause mais que pouvais-je faire ? Si à chaque fois que j'osais m'exprimer clairement sur ce que je ressentais il partait en dépression, je ne pourrais rien faire. Pourtant j'aimerais lui parler à nouveau, m'expliquer, lui faire comprendre ce que je ressentais, ce que je voulais. Mais je me refusais à le faire, la peur de le briser un peu plus me saisissant à chaque fois. Je me contentais donc d'attendre, attendre qu'il ait un potentiel miracle et que mon paternel cesse d'avoir peur de tout. Le pire ? C'était le fait qu'il soit mort d'inquiétude et pétrus de crainte alors même qu'il n'était pas au courant pour ma tentative de suicide. Je n'osais imaginer sa réaction s'il venait à être au courant de ce que j'avais fait et de ce qui me hantait parfois toujours l'esprit.

Quand j'y pensais, la seule à être au courant c'était Lucy. Mais même à elle je n'en avais pas réellement parlé. Elle respectait mon silence sur ce sujet et je l'appréciais pour ça. Le simple fait de savoir que je pouvais lui en parler n'importe quand, suffisait à me rassurer. J'avais failli aborder le sujet avec elle hier. Ça faisait déjà quatre jours qu'on était en vacances, Noël aurait lieu demain et ce soir je fêtais le réveillon chez ma mère comme tous les 24 au soir depuis la séparation de mes parents. Et pour une raison inconnue cela suffit à me faire paniquer. Je ne voulais pas subir comme chaque année ce repas de faux semblant avec un nouveau type différent à la table tous les ans. Sauf que cette fois en plus de m'énerver, cela me foutait aussi le stress. J'angoissais à l'idée d'affronter ma mère et ses réflexions, ses gestes déplacés alors même qu'elle prenait à peine de mes nouvelles, de subir le potentiel regard rempli de pitié de sa conquête du moment... Mais ce que je redoutais le plus c'est que j'allais être seul à ce repas. D'habitude moi et Roméo on se serrait toujours les coudes pour supporter cette corvée, bien que lui le vivait mieux que moi.

Mais cette année, je n'aurais pas mon petit frère en soutient, étant donné que je n'existais plus à ses yeux. Depuis ma violente colère d'il y a quelques semaines seule la tristesse régnait dans son regard quand il m'observait et il me fuyait littéralement, changeant même parfois de pièce quand j'étais là. A l'image de mon père, je le mettais désormais mal à l'aise. On échangeait donc pas un mot de la journée, ni même pendant le trajet en voiture de notre maison à l'appartement de notre mère. D'habitude on aurait passé la journée à rire, à s'imaginer ce qu'on allait découvrir sous le pied du sapin, à spéculer sur le nouveau mec de maman sous les plaintes de notre père nous conduisant jusqu'à chez elle. Mais non ce soir il n'y avait rien. Si ce n'est un lourd silence. Silence qui ne se brisait pas quand montait dans l'ascenseur afin de rejoindre notre mère au cinquième étage. Quand je pensais qu'elle n'était même pas venue nous accueillir, nous ses propres enfants. Pitoyable.

Tu m'as redonné espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant