Chapitre 6

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Depuis l'accident avec la farine Lucy et moi n'avions plus vraiment de contact. Des bonjours et aux revoir cordiales mais rien de plus n'étaient échangés. Enfin aux yeux des autres. En effet après notre petite bataille improvisé les membres de ma famille me regardait encore plus comme une bête curieuse, comme si j'étais bipolaire ou schizophrène pour eux. Ils n'arrivaient pas à comprendre comment je pouvais être aussi distant et froid avec eux alors qu'avec elle j'étais redevenue pendant quelques minutes le jeune homme d'autrefois. Ils ne comprenaient pas que cette attitude venait d'eux et pas de moi. Enfin si... bien sûr que si leur attitude venait en partie de moi mais je ne serrais expliquer ce qui c'est passé avec Lucy ce jour là, je me suis juste sentie compris. Pendant un bref instant j'étais un garçon normal aux yeux de quelqu'un et non pas ce pauvre éclopé qu'on fixe avec pitié.

Par conséquent mon père m'avait limite harcelé pour savoir le pourquoi du comment. Mais j'avais été incapable de lui donner une explication. Comment lui expliquer que je m'étais senti plus à l'aise avec une inconnue, qu'avec eux ? Ma propre famille, il ne comprendrait pas. Moi même je ne comprenais pas tout à fait ce qui s'était passé.
Alors il avait demandé à Lucy, il faisait limite peur tellement il avait été insistant à avoir une réponse. Mais tout comme moi elle était dans l'incapacité de lui en donner une. Alors elle a prit ses distances, à mon plus grand désespoir, j'avais l'impression de perdre la seule once de normalité qui y avait dans ma vie. Aussi étonnant que ça puise paraitre cette fille que je ne connaissais ni d'Adam, ni d'Eve m'avait apporté réconfort et m'avait mieux compris que tous mes proches en seulement quelques secondes. Alors même si je ne la connais pas je fus déçu quand mon père la fit fuir, enfin en théorie. En pratique elle avait toujours un petit sourire discret pour moi que je lui rendais quand personne pouvait nous voir, c'était devenue notre petit jeu à nous. Parfois je la surprenais même à me tirer la langue lorsque je galère à faire un exercice et que je râle auprès de Jura, à croire qu'elle se moquait de moi et de mon état lamentable. Outré au départ, cette attitude enfantine fini par me faire rire. Elle était ma dose de normalité dans ce mode fade qu'était devenu ma vie.

Mes journées se succédaient et se ressembler toutes, les regards remplis de pitié et de désespoir, la prévenance limite envahissante de mes amis, de mes professeurs, les commérages de Luxe à mon sujet qui ne me faisait ni chaud, ni froid là où avant je n'aurais pas hésité à lui refaire le portrait. L'ignorance accru de Lisanna qui ne m'atteignait même plus tellement je m'étais fait à l'idée que cette fille n'avait aucune once d'empathie et de reconnaissance envers ma personne.
Mes soirées rythmées par les reproches de Jura sur ma non détermination à avancer dans ma rééducation, par mon refus obstinant de me servir de la piscine. Par les avances de mon père pour m'envoyer dans ce fichu centre pour éclopé dépressif. Par mon petit frère que je perdais petit à petit, Grey étant présent presque tous les soirs à la maison désormais.

Si au début j'appréciais que mon meilleur ami soit là, présent pour mon frère, je finis par très mal le vivre. Inconsciemment il était entrain de me prendre tout ce que j'avais, mon petit frère était ce que j'avais de plus cher au monde et il était là mettant un peu plus chaque jour la main dessus. Chaque soir j'avais droit au récit des exploits de Grey, de ce que Grey lui avait enseigné au handball, des endroits où Grey l'avait emmené car j'étais incapable de sortir le soir mes jambes ne me portant plus assez. Grey par ci, Gray par là... Il n'en avait plus que pour lui. Alors même si je savais que c'était inévitable, je finis par nourrir une colère sans nom vis à vis de mon meilleur ami, il me prenait tout ce que j'avais, sans ménagement, sans aucune once de pitié et ce sans même s'en rendre compte et ça me rendait fou. A cause de lui j'ignorais de plus en plus Roméo, ne souhaitant pas à avoir à subir ses démonstrations d'amour endiablé pour lui. Je finissais par totalement me détourné de mon frère, quand je ne lui balançait pas à la figure des reproches qu'il était incapable de comprendre, car bien sûr il ne comprenait rien. Pour lui c'était tout à fait normale ce qui était entrain d'arriver mais pas pour moi.

Tu m'as redonné espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant