Chapitre 7

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La douleur fut particulièrement difficile à faire passer ce soir-là. Sans l'intervention de Grey et Lucy, j'aurais pu incendier Roméo le restant de la soirée, mais heureusement pour lui, ils étaient là. Je savais très bien que demain matin je regretterais mes mots et irait me faire pardonner, mais en attendant je devais me calmer. Car bien que le plus douloureux soit derrière moi, mes jambes me lançaient toujours autant, je restais donc allongé dans mon canapé, essayant de l'oublier pour de bon en fermant les yeux, Grey venant me voir par moment s'assurer que tout aller bien. Mal à l'aise il n'osait jamais rester plus de quelques secondes, contrairement à Lucy qui restait à côté de moi. Si ma main avait lâché la sienne après m'être allongé, elle restait là malgré tout, veillant sur moi, assisse dans le fauteuil à côté du sofa.

- Tu peux rentrer chez toi si tu veux tu sais. Lui soufflais-je en lui lançant un regard.
- Je préfère rester avec toi.
- Je n'ai pas besoin de ta pitié ! Crachais-je, à fleur de peau, détournant mon visage du siens.
- Je n'ai pas pitié de toi Natsu, je m'inquiète juste. Affirmait-elle.

Mes yeux se posaient à nouveau sur son faciès et je fus étonné d'y voir la vérité. Aucune lueur de pitié ne brillait dans son regard, seul une profonde empathie. Son engagement vis-à-vis de moi m'étonnait de plus en plus. On ne se connaissait pas, on n'avait juste joué une fois ensemble ça ne suffisait pas pour crée de véritable lien. Alors pourquoi me sentais-je plus proche de cette fille dont j'ignorais tout que de n'importe qui d'autre ?

- Pourquoi ? Demandais-je.
- Parce que tu me rappel un peu moi à une époque. M'avouait-elle, comprenant immédiatement où je voulais en venir. Et puis je n'ai pas très envie de rentrer chez moi non plus je dois t'avouer. Reprit-elle en riant, essayant de cacher sa gêne manifeste.

Je venais de comprendre il y a quelque instant que Lucy avait vécu un truc dans son passé, qui faisait qu'il me comprenait mais de là à ce qu'elle s'identifie à moi il fallait le faire. Cela dit, ça pourrait expliquer pourquoi je me sens aussi proche d'elle dans un sens. Surement qu'entre personne brisé on se reconnaissait. A cette pensée, un rire m'échappait, n'essayant pas de le retenir, je fus prit d'un fou rire à m'en tordre les cotes. Pourtant quand il prit fin seule une profonde sensation de vide m'envahi et j'eu envie de pleurer. Me retenant, ne voulant pas verser de larmes face à Lucy, je tournais mon regard pour la vingtième fois au moins de la soirée vers elle et je fus surpris de ne pas voir dans ses prunelles de la peur. En général, mes rires incontrôlés avaient tendance à mettre mal à l'aise mon entourage qui me prenait pour un fou. Mais pas elle. Elle semblait comprendre chaque instant de ma vie et elle me surprit encore une fois, quand elle s'approchait de moi, posant une main sur ma joue me soufflant un « vas y pleure Natsu ça te fera du bien » avant de partir rejoindre Grey et mon frère dans la cuisine. Je lâchais alors les vannes, me recroquevillant sur moi.

Comme prévu en me réveillant le lendemain, je regrettais immédiatement mes mots envers mon petit frère. Pourtant je n'avais aucune envie de sortir de mon lit pour aller m'excuser. J'étais bien au chaud sous ma couette, à l'abri du monde extérieur. Repensant à la soirée d'hier soir, je me rappelais que Grey et Lucy avaient mangé avec nous dans un silence religieux avant de partir. J'espérais que cet abruti de glaçon l'avait raccompagné vu l'heure à laquelle elle était partie. Enfin cela dit je ne voyais pas pourquoi je me préoccupais de cela, Grey l'avait dans le viseur depuis le début, jamais il n'aurait laissé passer une occasion pareille. Souriant déjà des histoires qu'il allait pouvoir me raconter, je me rembrunis immédiatement en pensant qu'il ne me dirait rien. Car pour une raison que je n'ignorais plus personne n'osait rien me dire. A croire que j'étais devenu une petite chose fragile qu'il fallait protéger de tout. Cependant était-ce réellement faux ? Le poids de la vie me semblait de plus en plus insurmontable à dépasser au fil des jours.

Ce fut mon père qui tentait de me sortir de mon lit, me disant qu'il était déjà dix heures et que si je ne petit déjeunais pas maintenant, je n'aurais plus faim pour midi. Acquiesçant mollement de la tête, je priais intérieurement pour qu'il me lâche on était samedi, j'avais le droit de rester au lit si je le souhaitais, d'autant plus que je n'avais pas faim. Malheureusement, il revient à la charge quelques minutes plus tard et quand je l'envoyais pétré au loin lui disant de me laisser tranquille, que je n'avais pas faim, il me fit des grands yeux. Me fixant comme l'étranger que j'étais devenu pour lui avant de s'enfuir sans dire un mot.

Blasé, je finis par sortir de ma chambre, cherchant Roméo du regard. Ne le voyant pas je commençais à m'inquiéter. Et s'il avait décidé de me fuir après ce qu'il s'était passé hier soir ? Non, il ne ferait pas ça. Angoissé, je demandais à mon père où se trouvais mon frère, il me répondit alors le plus naturellement du monde qu'il était entrain de jouer dehors avec Grey. Intrigué, n'étant pas au courant que mon meilleur ami devait venir aujourd'hui je sortais les rejoindre, grelottant face aux premiers froids. Entendant la porte d'entrée s'ouvrir, mes deux auditeurs se figeaient, s'étonnant de me voir franchir le seuil de la porte, clopinant tant bien que mal.

- Hé sal... Natsu ! J'espère que tu vas mieux ? Lançait timidement Grey.

Bordel ! Normalement il aurait dû se foutre de moi, me traitant de marmotte qui ne voulait pas sortir du lit, pas me parler comme si j'étais un vieux chnoque qu'il fallait protéger de tout.

- Ouai... Et toi ? Ca était ta soirée ? Demandais-je, essayant de faire passer mon sous-entendu vis-à-vis de Lucy mais seule un ton monotone sans vie franchie la barrière de mes lèvres.
- Oh normal tu sais... Enfin j'ai bien raccompagné Lucy mais je ne veux pas d'ennuyer avec ça tu dois avoir autre chose à penser.

Non ! Je veux en entendre parler ! Je veux entendre mon meilleur ami me parler comme il le faisait avant, se vantant d'avoir réussi à pécho la plus belle fille du coin ou se lamentant de s'être prit un râteau. Je ne voulais pas de ta prévenance à deux balles. Et puis c'était quoi cette excuse de merde ? Autre chose à penser ? Mais penser à quoi ? A quel point ma vie était foutue ? Ah ça merci bien j'y pensais suffisamment tous les jours. La colère montait en moi et je me retenais de partir dans un fou rire, suivi de paroles blessantes. J'avais déjà fait suffisamment de mal hier soir et je devais m'en excuser.

- Roméo je suis désolé pour tout ce que je t'ai dit hier soir, je ne le pensais pas... Commençais-je.
- Je sais ! Grey et papa m'ont expliqué que c'était à cause de la douleur, ne t'en fais pas je ne t'en veux pas. Alors tu peux rentrer te mettre au chaud pendant que Grey et moi on continu à jouer au hand, tu n'as pas à t'inquiéter. M'interrompit-il, me souriant avec son innocence d'enfant.

Une fracture. Une déchirure. C'est exactement ce que je ressentais à cet instant précis au creux de mon cœur et je dus me retenir de hurler toute ma rage, ma frustration au monde entier. Mon frère venait d'agir comme ce qui s'était passé hier soir n'était rien, comme si cela n'avait pas la moindre importance pour lui. Me renvoyant simplement de là où je venais le gênant dans son jeu avec mon meilleur ami. Alors je n'étais désormais plus rien pour lui ? A part un frère gênant dont il ne voulait plus ? Une personne qui ne comptait plus à ses yeux ? Très bien. Après tout une personne de plus ou de moins qu'est ce que ça changeait. Tout le monde finissait par s'éloigner de moi, même mes proches les plus importants pour moi.

Réalisant son souhait, je repartais d'où je venais, ignorant mon père, lui disant de me laisser tranquille pour le reste du weekend. Me disant que j'aurais peut être due sauter dans cette piscine hier soir.

Tu m'as redonné espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant