𝗍𝗋𝖺𝗃𝖾𝖼𝗍𝗈𝗂𝗋𝖾 ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐭𝐫𝐨𝐢𝐬

douze

emma ;

Je suis heureuse.

Et j'ai envie de le crier au monde entier.

Les yeux noisettes face à moi sont ancrés dans les miens alors que des larmes de joies montent en moi chaque seconde un peu plus.

Il me parle.

Me regarde.

Me sourit.

On dirait presque qu'on est seul, alors que putain on est dans une immense maison totalement occupée par les gens de notre lycée, et je me félicite d'être venue à cette soirée que j'ai pourtant décliné au début.

Mais Noé est là, et il m'accorde la totalité de sa personne depuis plusieurs heures.

J'ai envie de le prendre dans mes bras, de fermer les yeux et de donner le plaisir à mes narines de sentir son odeur, mais je reste immobile face à lui et me contente d'hocher la tête au moindre de ses mots.

- L'année prochaine j'ai grave envie de partir mais en même temps je flippe trop, j'ai pas envie de me retrouver à l'autre bout du pays, ou bien du monde, alors que vous serez tous là, en plus j'sais que je vais douiller loin de mes parents, et de ma sœur...

Je souris.

- Après tu peux partir et revenir de temps en temps...

Il hausse les épaules et je supplie intérieurement le ciel pour que le brun renonce à son envie d'évasion.

Car s'il part moi, je ne m'en remettrai jamais.

J'en mourrai.

- Après j'ai trouvé une école sur Paris aussi, je déposerais un dossier et on verra bien

- OH OUI ÇA C'EST BIEN !

Il écarquille les yeux en souriant face à ma réaction démesurée, je suis sûre que je suis en train de rougir de honte.

Et j'en ai la certitude lorsqu'il pose sa main sur ma joue et que je sens que cette dernière est brûlante.

- T'es mignonne

Mon cœur s'arrête. Ma respiration se coupe. Pourtant j'ai le courage de poser ma main sur la sienne.

J'en rêve depuis tant d'année que j'ai l'impression de ne pas être la personne qu'il touche, qu'il regarde.

- J'peux te montrer mes photos ?

Putain mais évidemment.

- Oui, vas-y

Il sourit en enlevant sa main de ma joue, ce qui provoque en moi une vague de frisson qui me font froid dans le dos.

Il me manque déjà.

- Je les ai mises sur mon téléphone, c'est plus simple

Il se rapproche et sort son téléphone pendant que j'hoche la tête et la penche vers la sienne pour qu'on soit tous les deux face à l'écran, j'observe ses doigts cliquer sur les applications, avant que sa pellicule de photos s'affiche et qu'il en sélectionne une.

- Ça c'est la première que j'ai faite, elle est archi nulle et vas-y c'est pas ouf, les couchés de soleil tout le monde en prend en photo... mais ma mère kiffe trop ça du coup c'est à elle que j'ai pensé quand je l'ai prise

Je souris, et me délecte de ses paroles, j'ai l'impression d'entrer dans son monde.

- Elle, je l'ai prise quand ma sœur était dans son atelier, elle venait à peine de le louer