quinze

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emma ;

J'ai envie de pleurer tellement que j'ai mal au ventre.

J'ai fait exprès d'être en retard, car ma sœur me répète depuis toujours que c'est une règle de base, qu'il ne faut jamais être en avance à un rencart, et même si ce n'en est pas vraiment un, j'ai suivi les conseils qu'Esma m'a donné il y a de ça plusieurs années, sans pour autant lui confier mon programme de la journée.

C'est dur pour moi, parce que je n'ai clairement rien à faire en attendant.

Cependant je fais un effort et prends le temps de mettre du baume à lèvres ainsi que du mascara. Et finalement je me trouve assez jolie.

Pourtant quand après être sorti de la maison, je vois Noé qui m'attend à quelques pas de moi, je n'ai qu'une envie : me démaquiller.
Mais lorsqu'il tourne sa tête et que ses yeux se posent sur moi je me mets à sourire automatiquement en oubliant tout ce qui m'entoure, jusqu'à ma retrouver face à lui.

C'est la première fois qu'on se voit que tous les deux, en dehors d'un contexte familial, et j'en ai la gorge nouée. En plus il me regarde avec malice, et je le remercie intérieurement d'avoir mis sa casquette à l'envers cette fois-ci, parce que ça me permet de pouvoir détailler son visage sans trop d'effort.

D'habitude je dois plisser les yeux à cause de sa visière, ou bien de sa capuche.

- Ça va ?

- Ouais, et toi ?

- Ouais... On doit bouger et prendre le métro, je vais t'emmener quelque part

Je souris et acquiesce, puis on commence à marcher en direction de la station la plus proche.
Debout à ses côtés en plein milieu de Paris, j'ai l'impression d'être l'héroïne d'un film, d'avoir confiance en moi, et de découvrir la vie.

C'est ça, être une adolescente normale ?

Je fronce les sourcils quand on s'enfonce au sous-sol, tout le monde se retourne vers nous et leurs regards se posent avec insistance sur Noé qui marche avec les mains dans les poches sans même leur accorder de l'attention.

- J'ai l'impression que tu les déstabilise là

Il rit.

- Je leur offre un bond dans le temps, laisse-les

Je souris et mords l'intérieur de ma joue avant qu'on s'arrête sur le quai, puis on rentre et on s'installe dans la rame de métro.

Ma respiration se bloque quand nos genoux se frôlent.

Je ne vais pas tenir jusqu'à la fin de l'après-midi, c'est impossible.

Noé tapote ma cuisse en m'adressant un signe de tête quelques minutes plus tard pour m'annoncer qu'on est arrivé, alors on se lève pour s'approcher de la sortie, et je baisse la tête en restant proche de lui, me sentant scruté de tous les côtés.

C'est pas une ligne que je prends d'habitude, celle que je prends chaque jour est bien plus calme, moins bondée et au fil du temps les gens n'ont plus fait attention à moi, à nous, puisqu'il faut dire que notre lycée réuni un bon nombre d'enfants de personnalités publiques, alors c'est courant, mais ça me rend toujours mal à l'aise.

Celui qui est le plus serein avec ça, c'est Zack, parce qu'il fait celui qui ne le remarque pas.

Moi je n'y arrive pas, et je vois bien que Noé n'aime pas spécialement ça aussi, lui, je crois que c'est celui qui subit le plus, surtout que la nature l'a bien trahi en lui donnant la totalité des gènes de son père.

 𝗍𝗋𝖺𝗃𝖾𝖼𝗍𝗈𝗂𝗋𝖾 ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐭𝐫𝐨𝐢𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant