Esma et Emma sont deux opposées, la plus téméraire attire le regard, la plus réservée se fond dans la masse.
Esma est le soleil, Emma la lune, et il lui est difficile de trouver sa vraie identité tant elle est dans l'ombre de sa jumelle qui pourtant...
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bonus numéro deux : après l'épilogue
La tête baissée vers mon bol de céréales que je n'ai même pas encore commencé de manger, je tente de paraître naturelle alors que le regard de ma sœur me scrute depuis bien trop longtemps et commence me déstabiliser.
Heureusement qu'il y a Maëva qui fait que de parler et de combler le silence car je sais que si je prononce ne serait-ce qu'un seul mot, Esma va avoir la confirmation qu'un truc ne va pas et va sauter sur l'occasion pour me tirer les vers du nez. Et je déteste ça, j'ai toujours détesté ça.
J'ai beau être mariée, avoir mon propre chez moi, être indépendante financièrement, j'ai toujours l'impression d'être le bébé de la famille, puisque même Elyan n'est pas autant épié que moi.
Faut dire que je suis bien la seule à être aussi secrète, mais j'aime toujours autant être ainsi. Ça me plaît et encore une fois ça me donne l'impression de contrôler ma vie. Alors que, pas vraiment finalement. Évidement que j'ai évolué et que j'ai su gagner en confiance en moi, mais je suis toujours la même, qui doute sur tout et n'importe quoi, qui a peur du changement et qui peine à prendre des décisions.
Même si le fait d'être désormais la femme de Zack m'a beaucoup apporté, ça, je ne peux dire le contraire. Comme toujours il me hisse vers le haut et fait en sorte que j'abandonne toutes mes mauvaises habitudes sans jamais me brusquer et en restant l'homme attentionné dont je suis tombé amoureuse il y a de ça plusieurs années.
Le mariage en soit n'a rien changé, c'est plutôt la vie à ses côtés, la vie à deux sous le même toit, les épreuves, le temps, notre union en elle même qui fait que je me construite encore et encore. J'ai l'impression de toujours travailler sur moi meme.
Et alors que je suis dans une phase de ma vie assez calme, c'est à dire que je suis apaisée, dans un certain confort professionnellement parlant et que tout semble aller pour le mieux, je perds légèrement le contrôle de moi même et j'ai parfois l'illusion d'être enfermée dans mes vieux démons.
L'insécurité, le doute, la peur, la nervosité.
- Oh tu manges pas ? Moi j'ai la dalle, passes !
Sans répondre quoi que ce soit, je tend mon bol à Maëva tout en relevant la tête, et les iris de ma sœur me transpercent, me forçant à me figer et à déglutir douloureusement. Soudainement mais très lentement, Esma me détaille de haut en bas avant de me dévisager à nouveau et de plisser ses lèvres, pour finalement souffler :
- Ça va Emma ?
Maëva tourne sa tête vers moi au même moment et j'ai envie de pleurer toutes les larmes de mon corps sans aucune raison valable, ce qui doit se voir puisque ma sœur sa lève et s'assoit à mes côtés pour pencher son visage vers le mien, et affirmer :
- Ok, ça va pas
Je souris sans contrôler mon geste, et je laisse tomber ma tête dans le creux de son cou en laissant quelques larmes couler sur mes joues.
