𝗍𝗋𝖺𝗃𝖾𝖼𝗍𝗈𝗂𝗋𝖾 ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐭𝐫𝐨𝐢𝐬

cent-deux

emma ;

Je suis trop heureuse, pour deux raisons.

D'une parce qu'on vient tout juste de finir de ranger nos affaires dans l'appartement. Et de deux parce que j'ai réussi à esquiver pratiquement la totalité du déménagement, en prétextant gérer les papiers, alors que j'ai tout bouclé depuis un moment déjà.

Après être rentré de Londres, Zack avait remis sur le tapis le sujet d'une possible cohabitation avec moi, et j'ai évidemment accepté mais j'ai préféré lui demander s'il était possible qu'on emménage dans un autre logement que celui qu'il avait acquérit.

N'ayant pas très envie de vivre là où avant moi il y avait la plupart du temps Maïa.

Je n'ai jamais été jalouse et possessive, mais je crois que je le deviens.

Zack a finalement accepté et a mis en location son appartement avant qu'on en prenne un ensemble et après quelques semaines de recherche, nous avons enfin trouvé.

Puis ce soir, sonne le début du changement radical de ma vie.

Debout face au piano, je me tourne et souris face à la vision de mes amis affalés sur le canapé. Ils ont l'air fatigués et je m'en veux un peu, mais je ne peux m'empêcher de rire quand je vois Zack me fusiller du regard, simplement parce que lui, n'a eu aucunes excuses pour échapper à cette corvée.

En même temps, il fallait bien que l'un de nous deux soit présent, après tout, ça nous concerne.

- Je fais des pâtes ?

Maëva relève la tête en la secouant.

- Nan, reste où t'es toi, je vais commander à manger

Satisfaite de la réponse, j'hausse les épaules et m'avance pour les rejoindre, avant de regarder autour de moi pour prendre connaissance avec mon nouveau chez moi, notre chez nous.

La main de Zack, qui est installé à côté de moi, se pose naturellement sur ma cuisse et mes yeux ne peuvent détourner leur attention sur les gestes qu'il effectue sur ma peau.
Un sentiment d'accomplissement s'empare de moi, j'ai l'impression d'avoir réussi, et je confirme : je suis trop heureuse.

Le mélange de sa couleur de peau avec la mienne est un doux plaisir pour mes yeux qui ne s'en lassent pas.
Et je l'observe alors qu'il parle en étant de profil, ayant toujours aimé le faire, même avant que je ne ressente un gramme de sentiments amoureux pour lui.

Car Zack est beau, et j'aime beaucoup trop le regarder lorsqu'il ne m'accorde presque pas d'attention.
Alors je laisse ma tête retomber sur le dossier du canapé, puis ferme les yeux brièvement en écoutant la discussion qu'entretiennent mes amis.

Trouvant sur l'instant plus qu'agréable d'entendre la voix de ma sœur liée à celle de Noé, puisque les deux ce sont enfin réconciliés.

Au bout de quelques minutes, la sonnerie retentit afin de nous livrer notre repas, et on mange tous ensemble dans une bonne ambiance, puis j'accompagne Ethan qui se rend sur le balcon pour fumer une cigarette.

Accoudée à ses côtés, je profite de la bonne température extérieur et souris à mon ami qui lui, semble être préoccupé.

- Faut que je te dise quelque chose...

- Ouais ?

- Tu dis à personne, hein ?

- Euh ouais, t'inquiète

Il soupire et me regarde un moment avant d'avouer :

- Salomé est enceinte

J'écarquille les yeux alors qu'il grimace face à ma réaction.

- Mais... tu...

- C'était pas prévu

- Merde...

Son regard bifurque sur la rue en dessous de nous, le silence nous entoure et après avoir assimilé ses dires, je réplique :

- Et du coup...?

- Du coup on le garde

Je souris.

- Sérieux ?

- Ouais... au début j'te mens pas qu'on n'était pas chaud mais finalement pourquoi pas... on habite ensemble et j'suis heureux avec elle donc bon...

- D'un côté oui, c'est clair... mais mon Dieu tu vas devenir papa...?

Il rit et secoue la tête.

- Apparemment hein...

- Trop hâte, et ça fait combien de temps ?

- Deux mois

J'acquiesce en le regardant, ne pouvant pas m'empêcher de sourire niaisement.

Mon ami et sa copine vont devenir parent.

Je suis autant heureuse que sous le choc. Je m'imagine déjà garder son enfant et le gâter plus que de raison. Ayant toujours eu hâte que notre entourage s'agrandisse afin de pouvoir en profiter, sans avoir de responsabilités.

- Et toi, c'est quand ?

Je ris.

- Ah ça me fait trop rire... tu veux pas être dans la merde seul hein... ? Archi cliché le bail de « et alors c'est quand vous ? » tout ça pour nous voir galérer. Laisse-moi tranquille... je viens à peine d'habiter avec Zack et tu me parles d'enfants ?

Son rire rejoint le mien, puis il hausse les épaules.

- J'te vois bien maman

- Pas moi

- Ah ouais ? T'en as pas envie du tout ?

- Bah là maintenant, non

Il hoche la tête et fini de fumer sa cigarette avant qu'on rentre rejoindre les autres.
On poursuit la soirée qui s'éternise, puis chacun rentre chez soi, nous laissant seul, Zack et moi.

Ce dernier prend ma main après avoir éteint toutes les lumières, et m'entraîne dans la chambre pour qu'on puisse aller dormir, et je me rends compte que ce geste anodin va tout doucement s'ancrer dans mon quotidien, pour mon plus grand plaisir.