𝗍𝗋𝖺𝗃𝖾𝖼𝗍𝗈𝗂𝗋𝖾 ; 𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐭𝐫𝐨𝐢𝐬

quarante-sept

emma ;

Madame Rivaldi marche silencieusement dans la pièce, la tête baissée, et semble se concentrer sur ce qu'est en train de jouer Marina, une de mes camarades des cours de piano.

Sur la chaise où mon père a pour habitude de s'installer pour assister à ces derniers, Zack est assis, le dos courbé, les coudes sur les genoux, et le regard rivé sur moi qui suis installée sur le banc, situé à quelques pas de l'instrument.

Lorsque la mélodie qui emplit toute la pièce s'arrête, le monde se lève et range ses affaires, pendant que nous, Zack et moi, ne bougeons pas.
La main de madame Rivaldi qui se pose sur mon épaule m'extirpe de ce moment et je tourne ma tête afin de lui accorder de l'attention.

- Ton père ne vient pas ?

- Non... non pas ce soir

Elle acquiesce.

- D'accord...  alors à jeudi Emma ?

Je fronce les sourcils et me lève.

- Madame est-ce... est-ce que vous m'autorisez à rester un petit peu ici, avec mon ami ?

Elle me regarde et se tourne vers Zack qui lui, n'a toujours pas bougé.

- On reste pas longtemps, promis, je veux juste lui faire écouter quelque chose

Elle soupire et plisse ses lèvres.

- D'accord... je te passe la clé que tu remettras au concierge en partant, d'accord ?

Je souris.

- Oui, évidement... merci

Elle m'adresse elle aussi un sourire et on se salue avant qu'elle ne quitte la pièce.

Une fois seuls, je me racle la gorge et m'avance vers Zack avant de m'accroupir devant lui.

- Ça va...?

Il hausse les épaules et semble être ailleurs, alors je prends sa main pour embrasser timidement cette dernière.

- Viens, suis-moi

Je me lève et tire sur son bras pour l'inciter à faire de même, puis je l'entraîne vers le piano où je ramène un deuxième tabouret afin qu'il puisse s'asseoir à côté de moi.

Sans dire quoi que ce soit, il s'installe et je l'imite la seconde d'après.

- Tu fais quoi ?

- Je vais jouer

Il hoche la tête.

- Tu vas jouer quoi ?

Je souris.

- Une composition qui me fait penser à toi, surtout en ce moment

- Elle s'appelle comment ?

- Comptine d'un autre été, l'après-midi

Il fronce les sourcils.

- Hein ?

- Ouais t'as bien entendu, elle s'appelle comme ça

Il plisse les yeux et je pose ma main sur sa cuisse.

- C'n'est pas le titre qui compte, c'est ce qu'elle te procure qu'il faut retenir...

Il hoche la tête, lentement, puis me regarde prendre position.