"Connaître sa propre obscurité est la meilleure méthode pour surmonter les ténèbres des autres"
Karl Gustav Jung
C'est avec une certaine tension que les quatre compagnons arrivèrent à la poterne. Des gardes techs étaient là, humains et elfes. Personne ne prit véritablement garde aux tenues des aspirants à la garde rapprochée de la forêt Bercée. Therion et Melwyn en imposaient suffisamment pour effacer leur présence. cependant Cryo et Dio avaient pris soin d'éviter qu'on voit leur visage - surtout par les elfes encadrant la garde Tech - et cela, en bougeant selon leur habitude de camouflage.
Dio vit la porte en bois, décorée de dragons, s'ouvrir. Il en ressentit une certaine émotion. Il prit conscience d'un seul coup de tout le temps passé dans la ville haute, comme une bulle de temps séparée du monde. Cette relation amoureuse. Cet entraînement si intense. Il se sentait plus vivant que jamais.
Il ne se sentait plus tout-à-fait le même.
En descendant les rues de la ville basse, ils sentirent l'atmosphère humaine, plus lourde, plus pesante émotionnellement. Les gens semblaient plus sombres. Cryo, Melwyn et Therion allèrent attendre Dio au Pimento tandis qu'il allait se changer dans l'appartement de Tio.
Rien n'avait, semble-t-il, changé de place. Il commença par se changer, puis attrapa une vieille paire de lunette de soleil qu'il utilisait pour cacher le changement de couleur de ses yeux. Ses cheveux longs et blonds cachaient ses oreilles - en général - quand il n'avait pas son bonnet de montagne. Il prit une sorte de veste, de cuir léger, avec une capuche - au cas où - et la plaça sur sa tête.
Il connecta l'hélice du toit au petit générateur, afin de mettre en route sa radio pour le soir. Il ne devait pas rater l'heure donnée à shakti pour éventuellement se contacter. Il alluma la radio et se mit sur leur fréquence. Il envoya plusieurs fois un message pour indiquer qu'il appellerait le soir même. Normalement il y a avait toujours une de ses ingénieures à portée de la radio. Au bout de quelques appels, quelqu'un répondit :
" – Amorie à Dio, c'est Amorie. je vous reçois. Le message est clair. Shakti sera présente ce soir. Je répète shakti sera présente ce soir. à vous.
– Dio à Amorie. Bonjour ! merci pour votre réponse, j'espère que vous allez bien. Tout va bien ici, je vous appelle avant la nuit. Terminé.
– Amorie à Dio. à ce soir. Terminé."
C'est avec une certaine joie que Dio éteignit la radio et la replaça soigneusement dans le compartiment caché. Il prit la petite boîte contenant la clef USB qui contenait les informations concernant la statuette, puis laissa un mot codé à Tio dans ce même compartiment. Il referma soigneusement la porte et descendit au Pimento.
Dio s'assit à la table où se tenaient les elfes en prenant soin de ne pas regarder Cryo. Les elfes discutaient avec plusieurs humains du quartier dont les gérants du bar qui reconnurent Dio. Ils le présentèrent aux elfes. Melwyn ne fit pas semblant de ne l'avoir jamais rencontré et demanda à Dio son concours pour un travail à la cité de Blanc-port. Devant tous, Dio accepta de se rendre à Blanc-Port au plus vite.
Puis Ils recueillirent et partagèrent le maximum d'information avec les personnes qui étaient là. quelquefois les esprits s'échauffaient, selon les théories énoncées.
Ces derniers temps, les quartiers humains vivaient dans un calme relatif. Le soleil - sa chaleur, sa lumière - détendait les gens. Mais quand le jour déclinait et que l'astre plongeait vers les contreforts montagneux de l'est de la ville, du côté des tours elfiques, alors l'ambiance, petit à petit, devenait pesante.
L'anxiété, la peur diffusait et pour certain une angoisse sourde envenimait les relations.
et l'on sait combien les sourds parlent fort.
Chacun s'affairait pour rentrer chez soi assez rapidement. On avait peur qu'une Ombre n'apparaisse soudain dans les lambeaux de brumes qui allaient bientôt courir depuis le large jusque dans les rues étroites.
Doigts ou langues brumeuses qui s'insinuaient lentement, en longeant des rues différentes selon les nuits. Selon les vents ? N'était-ce dû qu'à un simple phénomène météorologique ? Était-ce mu par une conscience obscure comme l'avancée d'un tentacule vaporeux ou d'une plante grimpante ?
Les idées noires se bousculaient dans les têtes. Peut-être ces tentacules étaient-elles attirées par la peur comme les plantes grimpantes par la lumière ?
Chacun tentait de rentrer chez soi avant que les langues de brume ne s'avancent dans les rues. Tous prenaient des détours pour les éviter. Certains retardataires préféraient dormir ailleurs que chez eux plutôt que de passer à travers ces volutes. Car on s'était aperçu que leur contact favorisait l'apparition des Ombres.
On s'était aperçu aussi que ceux qui avaient déjà croisé une ombre de peur étaient susceptibles d'en recroiser, et que ceux qui les côtoyaient ou qui les avaient rencontrés risquaient de devenir comme "contagieux".
On parla de la brume comme d'un agent d'infection d'un virus. On raconta que les ombres infectaient les gens et les lieux, par on ne sait quelle procédé. Peut-être des spores ? La rumeur se répandit comme une traînée de poudre.
Quelques-uns parmi la cité, les personnes les plus écoutées, tentaient de ramener le calme dans les esprits grâce à des discours raisonnables, en recourant à l'observation stricte des faits. leurs conclusions ne disaient que ce qu'ils voyaient comme évolution. Jamais ils ne se permettaient de tenter de prévoir un avenir impossible face à un phénomène si imprévisible.
De nombreuses personnes commencèrent à se terrer, à se confiner. Certains exigèrent que chacun se confine dès la tombée de la nuit. Certains défendirent l'idée de mettre à part ceux qui avaient croisé des ombres, à les confiner, à les mettre en quarantaine.
Il y eut des débats animés et houleux, et chacun dut prendre ses responsabilités. Certains quartiers usèrent de cette solution, d'autres non. D'autres encore évoluèrent dans un sens pour changer d'avis ensuite. Le quartier du Pimento était un quartier festif et le restait. cela énervait bien des gens apeurés.
On conseilla aux elfes d'éviter certains quartiers qui commençaient à dire du mal d'eux, à les considérer comme responsables. On leur conseilla d'aller discuter avec la milice elfique dont Irwin le gris avait la charge, entre le quartier des serres et les quartiers des bars.
Les quatre compagnons se levèrent et sortirent. Il se mirent d'accord pour se séparer. Dio convint de visiter le quartier des forges afin de sentir l'ambiance concernant les elfes. On convint d'un rendez-vous devant les bâtiments de la milice elfique. Cryo, Therion et Melwyn irait consulter les responsable humains de la ville basse au quartier de l'agora.
VOUS LISEZ
Beyond 42
FantasíaDeux jeunes hommes amnésiques découvrent leurs capacités étranges et décident par amour de s'engager dans une quête pour aider à comprendre et arrêter l'expansion de créatures mortelles pour les jeunes cités humaines reconstruites après l'effondreme...