29. Notung

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Dio marchait lentement, les pieds nus dans le sable blanc pailleté. Le soleil se couchait maintenant, il allait se préparer pour aller danser dans la ville basse au bar le Pimento.

Il prit la poterne médiévale et marcha dans les petites rues aux murs tantôt de pierre, tantôt de vieux béton. Les gens rentraient maintenant et les rues étaient éclairées par de jolis lampadaires ouvragés, laissant les espaces éclairées par des halos orangés.

Il passa sur une place surélevée qui jouxtait un rempart près du port, regardant le ciel s'obscurcir de brumes sombres, tandis que les étoiles commençaient à poindre.

Dans une montée on pouvait voir une pancarte avec un piment rouge peint : le bar latino de la ville. On entendait déjà les rythmes endiablés des salsas jouées par les musiciens à l'intérieur de l'établissement.

Dio entra dans une atmosphère joyeuse, de nombreux couples dansaient sur une piste éclairée en rouge et orange. Sur une estrade un groupe de musiciens jouaient en live, ou se reposaient en laissant de vieilles salsa du XXème et XXIème siècle passer dans les baffles.

Tio était là, dansant avec une jolie brune aux formes chaleureuses, chaloupante savamment en le regardant dans les yeux, le sourire aux lèvres.

Dans un coin quelques elfes buvaient un verre sans faire de manières. Et certains d'ailleurs tentaient quelques passes de salsa avec des humaines accortes.

Le barman reçu Dio avec chaleur et lui concocta un petit rhum.

« Ah c'est pas la pénurie mais on a quelques problèmes avec l'approvisionnement. Les marins hésitent à prendre la mer à cause des ombres et de la brume noire. Qu'allons-nous faire si nous manquons de rhum ! »

Le barman se mit à rire.

Tio et Dio se saluèrent chaleureusement. Ils n'échangèrent pas un mot sur leur petite dispute, Dio alla danser un petit moment aussi. Il y avait de charmantes danseuses, mais il ne s'entendait dans la danse qu'avec une ou deux demoiselles avec laquelle il y avait une vraie connexion et une vraie ivresse de la danse.

Il n'avait pas trouvé de livres exprimant ses conceptions de la danse, pas chez le peu de philosophes qu'il avait pu lire durant ces deux années depuis son réveil. Son réveil de quoi d'ailleurs ? Quelle vie avait-il donc eu avant cela ? Pourquoi cette question lui trottait-elle dans la tête tout-à-coup ?

Il s'aperçut d'un seul coup que ses yeux cherchaient dans la foule à entrevoir le visage de Cryo. Parmi toutes ces beautés différentes qui déhanchaient avec volupté, le souvenir du visage de Cryo traversant la taverne lui revint et restait ancré dans ses pensées.

Une danseuse le ramena de sa rêverie par une moquerie douce.

Lorsqu'ils furent rassasiés de l'ivresse du rythme, de la mélodie, et de la danse en couple, ils prirent un escalier montant à l'appartement de Tio. Tio avait préféré rester près du bruit et dans le quartier de la ville basse. Près des endroits où tous les deux faisaient leurs affaires de commerce archéologique.

Assis sur des caisses en bois, ils sirotèrent un vieux rhum tout en discutant.

« La brume apparaît au crépuscule au loin sur la mer, entre les îles, puis elle fait disparaître les îles. Elle ne cache pas les étoiles, c'est une sorte de voile vaporeux qui coure en langues effilée, par endroit elle prend une teinte plus sombre de fumée noire.

- Oui j'ai regardé du balcon de la ville basse, sur la place non loin du rempart du port.

- J'ai remarqué que mon sommeil est moins profond et que des visions me viennent la nuit. Toi aussi ?

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