9. la pièce

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La pièce était longue d'une quinzaine de mètres et haute de deux étages. Des tapis persans avec une teinte à dominante rouge couvraient le sol. Ce qui rassura quelque peu Dio qui se prit de passion pour les motifs complexes et répétitifs.

Les murs, en pierre apparentes et jointes à la chaux alternaient avec de larges lattes de bois. On avait savamment arrangé la décoration : des tapis persans couvraient certains endroits des murs jusqu'au sol. Un autre pan de mur portait un grand miroir aux montants de bois sculptés.

Ailleurs, çà et là, de vieilles peintures, Tio en connaissait quelques-unes. Il les avait retrouvées et vendues. Des paysages un peu passés d'un certain Turner. Il y avait aussi des photographies, et divers objets accrochés sur les murs.

Les poutres en T inversé, et le toit ouvragé de belle manière donnait l'impression d'un navire renversé. On voyait clairement que toute cette pièce avait une hauteur de deux étages, en incluant la mezzanine au fond de la salle, accessible par un escalier en bois, mais plongée dans l'obscurité. Il ne semblait pas y avoir de fenêtre dans ce lieu. On voyait des ouvertures obstruées, comme pour la plupart des maisons en cette saison, entre les poutres.

Ces poutres en T inversées qui tout à la fois soutenaient la charpente du toit et tenaient les murs principaux, portaient des collections d'objets anciens. Des cordes de chanvre, nombreuses, accrochées à des appliques aux murs, étaient reliées chacune à une poulie et tenait en hauteur divers objets bizarres. L'une de ces cordes, sur laquelle s'enroulait un fil électrique, soutenait un grand luminaire qui descendait de manière à éclairer l'essentiel de la pièce.

Le lieu sentait le feu de bois et la cire d'abeille qu'on met sur les parquets et les vieux meubles. Sous la mezzanine Tio vit Le Renifleur, assis derrière son bureau, une grande table en bois brut, couverte de papiers et de bibelots, et un chandelier dont les bougies brûlaient doucement en faisant des halos.

Il y avait sur le mur derrière lui une collection d'épées et de sabres de différentes cultures et de différentes époques, et même, accrochés les uns en dessous des autres, des pistolets plutôt modernes, comme en portait Shakti à la cuisse. Il était assis sur un grand fauteuil un peu Louis XV, matelassé et tapissé au moyen de tapis persan également.

Dans un coin, Un poêle à bois design de l'ancien monde étouffait les crépitements du bois brulant. Les lueurs du feu dansaient à travers la vitre fumée. Deux lampes tempêtes accrochées au plafond de la mezzanine au-dessus d'eux apportaient une lumière douce.

Non loin, posé une sur chaise, un énorme chat avec de longs poils bruns, paille et blancs, dormait en boule, profitant de la douce chaleur. Un magnifique maine coon. Le même type de chat était allongé sur des papiers sur la table, à écouter la discussion du Renifleur, avec la femme elfe qui était assise en face de lui, sur un beau fauteuil en bois de même facture.

Voir le Renifleur procurait à Tio toujours le même sentiment de douceur sévère, et pas, comme on s'y attendrait de la part d'un marchand, d'hypocrisie mêlée d'affabilités ou d'intérêt faussement sincère.

C'était un bel homme de grande taille, à la peau très noire, très sombre, avec des yeux quasiment en amande. Il avait de larges épaules et pourtant il était vraiment très fin et très sec. Tout comme son visage très dur. Il était chauve et impeccablement rasé. Il portait un grand manteau serré noir, une sorte de caban, rehaussé de fourrure qui couvrait l'arrière de son cou et ses épaules. Sous son manteau déboutonné, un pull à col roulé, noir également. Il portait de grandes chaussures de marche fourrées pour l'hiver et un pantalon en lin très épais et en laine. A sa double ceinture en cuir des attaches de toutes sortes tenaient une corne de brume, un grand coutelas, un pistolet attaché à la ceinture. Toujours prêt à passer à l'action.

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