Chapitre XIII

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Julio Aguilera :

Des heures, des heures déjà que nous avions quitté les ruines encore fumantes de Solaria. Nous survolions les paysages du Sud continent américain, aussi vite que les vents pouvaient nous porter. Nous foncions vers l'Ouest, accompagnant inlassablement le Soleil dans sa course vers la ligne d'horizon.

Quelques centaines de demi-dieux rescapés, épuisés, blessés ou traumatisés pour la plupart, montant à plusieurs des pégases en piteux état, voilà ce qu'il restait des Gardes d'Argent, mon clan. Mais j'avais la ferme intention de sauver les derniers des miens.

Notre destination ? Le refuge d'Eolina, base des Cavaliers du Vent. Aux dernières nouvelles, il s'agissait, à l'exception de Flammaria, du dernier refuge intouché par le cataclysme. Et puis, je voyais en cette forteresse une base de repli idéale pour tous les demi-dieux réfugiés suite aux précédentes attaques. Enfin, si mes messagers avaient réussi à atteindre leurs destinations, et que les commandants avaient répondu à mon appel, alors le point de ralliement des compagnies aurait été la capitale des Cavaliers du Vent. Ainsi, tout comme nous, le destin de notre monde convergeait sur Eolina.

Telles étaient mes pensées, alors que la cordière des Andes se présentait devant nous, les sombres sommets rocheux embrassant les derniers rayons orangés de l'astre déclinant.

Mon ange se tenait derrière moi, son torse collé à mon dos, ses mains enserrant ma taille afin de garder l'équilibre. Le Soleil couchant venait frapper son beau visage de ses ultimes éclats, offrant à sa chevelure de sublimes reflets blonds vénitiens et dotant ses yeux d'un regard ardent.

Sentant mon corps se tendre dans son étreinte, Léandro avait fini par se redresser, posant sa tête sur mon épaule, au creux de mon cou.

-Que se passe-t-il mi Sol ? Me demanda-t-il, l'air inquiet.

-Je... Je suis désolé mi Angelito... tout est de ma faute. Soufflai-je à voix basse.

-Ne dis pas n'importe...

- Mais regarde où nous en sommes arrivés ! L'avais-je alors coupé furieusement. Cela faisait déjà des jours, non des semaines, que les signes se multipliaient, j'aurai pu éviter ce désastre ! C'était mon devoir de vous protéger, j'ai failli à ma mission, et à cause de moi nous avons perdu des dizaines des nôtres, nos maisons, nos vies ! Tu parles d'un commandant...

-Mais...

-NON ! Continuai-je, l'interrompant à nouveau. Et puis même pour toi ! J'ai failli te perdre la nuit dernière, dans l'obscurité, mes forces solaires étaient hors d'usage. Sans le Soleil, le fils d'Hélios que je suis n'est plus rien, voilà tout. Je suis désolé Léandro, tu as un petit ami calamiteux, qui sans la lumière et ses pouvoirs, n'est même pas fichu de protéger celui qu'il aime...

-JULIO ARIS ISMAEL AGUILERA ! S'écria Léandro, les ombres émanant de son corps venant effleurer le mien de leur froideur familière. As-tu la moindre idée de ce que tu viens de dire ?! Tu ne vois pas que ça me tue de te voir douter en permanence de toi, de NOUS ?! Mais bon sang, tu es toute ma vie Julio ! Je ne vis plus que dans l'espoir de te voir me serrer dans tes bras jusqu'à la fin de nos jours. Tu es mi Sol, la lumière qui vient réchauffer mon cœur et qui guide mes pas encore et toujours vers toi. Je veux pouvoir toujours sentir ta voix résonner comme une douce mélodie à mes oreilles, ton souffle chaud effleurer mon visage, tes lèvres sur les miennes, ton corps contre le mien, c'est le but de ma vie. Je t'aime Julio...

Les secondes filèrent suite à sa déclaration. Ma main s'avança, caressant sa joue fébrilement afin d'arrêter la course d'une larme solitaire. Mes doigts parcouraient doucement sa nuque, attirant son visage au mien. Nos souffles se mêlaient, nos respirations s'accordant à la perfection. Nos iris s'étaient croisés une dernière fois avant que nos lèvres ne s'unissent enfin.

Nos langues dansant un balais maitrisé, nos cages thoraciques frappant l'une contre l'autre à un rythme effréné, nous revivions notre premier baiser. Une douce chaleur venait tordre délicieusement mon ventre alors que je sentais mon ange sourire contre mes lèvres. Mes peurs, mes doutes, tout s'était envolé, je ne m'étais jamais autant senti vivant.

Un ultime rayon de Soleil vint entourer notre éteinte de sa douce chaleur. Les horreurs de la guerre, notre avenir plus qu'incertain, plus rien ne comptait pour moi, rien, hormis le visage angélique du demi-dieu entre mes mains.

-Je t'aime mi Angelito... Lui avais-je finalement murmuré, nos fronts collés, tous deux encore haletants, en quête d'air après notre langoureux baiser.

SUNFALL Tome 1 : La Chute de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant