Chapitre XII

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Julio Aguilera :

-Et maintenant ? n'avais cessé de me demander Marco Romero, fils d'Arès, troisième demi-dieu dans l'échelon de commandement de la compagnie.

Effectivement, la même question me tiraillait l'esprit en cet instant, alors que mes doigts parcouraient la chevelure de mon petit ami. Son corps exténué recouvert d'un simple duvet reposait sur le sol froid, sa tête appuyée sur mes genoux.

Nous nous en étions sortis, certes, mais il s'en était fallu de peu, de très peu. J'avais parcouru le refuge de Solaria en catastrophe, Léandro toujours inconscient dans mes bras, et nous avions réellement connu l'Enfer cette nuit-là...

Mon sang martelait contre mes tempes au simple souvenir des horreurs que nous avions traversé ensemble. Les cieux s'abattant sur nous, des colonnades s'effondrant sur les pauvres malheureux tentant de fuir leurs habitations, les pégases jaillissant de leurs écuries en feu, hennissant furieusement de peur et de douleur, les chutes de débris incandescents faisant pleuvoir la mort au hasard sur des demi-dieux impuissants, ne souhaitant nul autre que de sauver leur peau.

Baissant à nouveau mon regard vers le jeune demi-dieu reposant contre moi, une larme avait alors passé la barrière de mes paupières, traçant lentement un sillon le long de ma joue, avant de finir sa course sur le visage serein de mon amour. La simple idée de le perdre m'avait terrifié et avait poussé mon corps toujours plus loin, toujours plus vite, dans l'espoir d'éloigner mon petit ami de ce carnage.

Nous avions trouvé refuge sur les collines surplombant la vallée, avec autant de rescapés que possible. Nous étions vivants. Seulement, nombreux furent ceux à ne pas avoir eu cette chance...

En effet, nos recherches, débutées une fois le calme revenu, avaient fait état de 52 morts et plus du double de blessés. Ces pertes étaient déchirantes, car chaque demi-dieu tombé était pour nous un proche, un ami, un être cher. Notre refuge, autrefois un véritable petit coin de paradis sur Terre, n'était lui plus qu'un amas de ruines encore fumantes. Avec nos maisons, étaient également parties en fumées nos provisions, nos vivres, nous avions perdus nos équipements. Nous étions sans toit, presque sans armes ni montures, et notre monde se trouvait au bord du précipice. Il ne nous restait plus rien, hormis...

-La guerre. Avais-je finis par articuler en guise de réponse à mon officier, prenant la main de Léandro dans le mienne, ce dernier liant instinctivement ses doigts aux miens.

-Tes ordres. Avait alors immédiatement répliqué mon ami.

-Marco, sonne le ralliement, je veux que tous sans exceptions se tiennent prêts pour le départ dans une heure. Assure toi que chaque demi-dieu encore valide chevauche avec un blessé. Prends des rescapés avec toi, allez fouiller les décombres et récupérer autant de vivres et d'armes que possible. Lui avais-je alors déclaré.

Ce dernier ayant hoché la tête et commencé à s'exécuter, je l'avais alors retenu par le bras afin de lui donner mes ultimes instructions.

-Une dernière chose. Envoie une poignée de cavaliers filer aux quatre vents, qu'ils atteignent les trois autres refuges aussi vite que faire se peut. Qu'ils fassent appel à la réunion des clans en mon nom. Les dieux sont certainement derrière tout ça... et si j'ai raison, alors il est grand temps de voir si les paroles des commandants de compagnies valent quelque chose.

-Avec grand plaisir. Répondit le demi-dieu me faisant face, un sourire vengeur venant aussitôt étirer son visage.

-Ils paieront pour ce qu'ils ont fait à notre petit coin de paradis mi Angelito, je te le promets. Avais-je alors déclaré à mon petit ami toujours endormi dans mes bras, ce dernier collant inconsciemment encore davantage son corps au mien.

C'était à cet instant, alors que mes doigts parcouraient toujours ses doux cheveux couleur caramel, que Léandro avait alors doucement relevé la tête, ouvrant péniblement ses yeux et ancrant ses iris ambrés dans les miens.

-Comment te sens-tu mi Angelito ? Lui avais-je alors aussitôt demandé.

-J'ai déjà connu pire mi Sol... Me répondit-il en se frottant les yeux, avant de se redresser pour venir caler sa tête contre mon torse, à la recherche d'une position plus confortable.

-Il va bientôt falloir partir, tu te sens de chevaucher ? L'avais-je interrogé, encore inquiet pour son état.

-Tu sais vu comment tu m'as chevauché la nuit dernière, je ne suis pas sûr d'être prêt pour un deuxième round. M'avait-il alors répondu de la façon la plus nonchalante possible.

Léandro avait ensuite lâché un rire cristallin contre mon torse face à mon visage enflammé au simple souvenir de nos ébats de la veille. Réagissant finalement en lui ébouriffant les cheveux, et déposant mes lèvres sur son front, mon petit ami s'était alors emparé de mes mains pour les déposer sur ses hanches, afin de profiter des quelques instants de repos restants dans une douce étreinte.

Mon ange rendormi dans mes bras, je réalisais une fois de plus la chance que j'avais d'avoir Léandro comme petit ami. Pour un fils des Enfers, il était doté d'un sacré sens de la répartie qui m'avait toujours plu chez lui. Chaque moment à ses côtés, intime comme anodin, m'était infiniment précieux. Il était mon tout, un ange tombé du ciel comme envoyé par la destinée. Il était mon monde, mi Angelito était ma raison de vivre. Il m'était impossible de m'éloigner de lui, son cœur me criant de n'appartenir qu'à lui...

SUNFALL Tome 1 : La Chute de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant