Chapitre X

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Julio Aguilera :

Le monde change, je le sens. Nous, sang de l'Olympe, défenseurs de l'Amérique latine, avons tant combattu, tant sacrifié, pour ne jamais plus voir reparaitre les temps de peine... en vain.

Je m'appelle Julio Aguilera, dernier fils survivant d'Hélios, divinité du Soleil, commandant des Gardes d'Argent. Et au milieu de ce chaos, c'est à moi que revient la responsabilité de protéger les miens. Mais d'abord, il importe de rappeler notre histoire.

Il y a de cela 10 années, Yesenia Arteaga, fille d'Hypnos, dieu du monde des songes et des illusions, fit du Sud continent américain une terre d'accueil pour tous les demi-dieux recherchant la paix et la tranquillité. Pour se faire, elle déploya un vaste voile de brume afin de cacher ses jeunes protégés tant des monstres, que des dieux de l'Olympe. Rapidement, ce paradis, isolé du reste du monde, prospéra, et les rangs des demi-dieux grossirent. Conscients de la nécessité de s'organiser, afin de garantir la sécurité de leurs terres, les jeunes formèrent alors quatre grandes compagnies.

Les Gardes d'Argent, mon clan, fondèrent en premier le refuge de Solaria. Installée sur les hauteurs surplombant le Rio de la Plata, aux portes de Buenos Aires, notre base fut surnommée la Ciudad Maravillosa, la « cité merveilleuse ». Constituée d'un ensemble de villas splendides à flanc de collines et de falaises, face à l'Atlantique Sud, le refuge incarnait un véritable écrin de paradis. Vastes plaines herbeuses, rivières rafraichissantes, forêts luxuriantes, petites vallées escarpées, tout appelait à la sérénité chez nous. Notre architecture, quant à elle, mêlait à la perfection les styles gréco-romains, et celui des haciendas sud-américaines, l'ensemble du périmètre possédant pour seule entrée et sortie un massif portail doré. Pour défendre notre ville, nous autres Gardes d'Argent, avions établi une force armée de 400 cavaliers demi-dieux, montés sur pégases. Portant armures de plates argentées, longs manteaux pourpres, casques d'argent, épées courbes, lances incurvées, arcs et flèches, les cavaliers pégases de Solaria apparaissaient comme les champions de l'Amérique latine.

Les Cavaliers de la Lune, la deuxième compagnie, trouvèrent eux refuge dans leur place de Lunaria. Située dans l'arrière-pays de Puerto Deseado, dans une vallée cernée de rivières, de cascades, de bois, et de prairies, la base fut surnommé Las Puertas del Cielo, littéralement « les Portes du Ciel ». Le refuge se constituait alors d'un petit ensemble de bungalows, au centre desquels trônait une tour de marbre à ciel ouvert, dont la salle du conseil pouvait aussi faire office d'observatoire. Lunaria se voyait délimitée par une série de crêtes, dont seul un étroit col de montagne permettait l'accès. Dirigé par un ami d'enfance, Quino Dizino, les jeunes demi-dieux du refuge alignaient alors 600 cavaliers, montés sur de puissants chevaux pur-sang. Equipés d'armures plus légères de lanières de cuir blanches et argentées, de manteaux bleutés et de casques en forme de tête d'aigle, aux yeux brillants dus à des éclats d'étoiles, les défenseurs de Lunaria étaient de véritables archers nés, leurs longs arcs composites offrant une grande puissance de feu. Les Cavaliers comptaient ainsi parmi les meilleurs éclaireurs du Continent.

Les Crinières Ardentes formèrent la troisième compagnie. Leur refuge de Flammaria se situait lui dans les Terres de Feu, dans l'extrême Sud de l'Argentine. L'emplacement était surnommé la Tierra Calida, la « terre chaude », du fait des nombreuses sources d'eaux chaudes, offrant aux demi-dieux de véritables thermes naturels. Constitué d'un vaste ensemble de tentes réparties de part et d'autre d'une rivière, le camp possédait en son milieu, sur un ilot, un immense olivier accueillant les réunions sous son ombre protectrice. Flammaria était également connue pour ses magnifiques coucher et lever de Soleil, dont les reflets orangers ont donné leur nom aux Crinières Ardentes. Dirigé par l'amant du commandant de Lunaria, Gaston Gargalen, le refuge de Flammaria pouvait compter sur une force de quelques 600 cavaliers chevauchant de puissants étalons sauvages. Ces guerriers possédaient un équipement des plus impressionnants, allant d'une armure dorée semblable à des écailles, à de longs manteaux pourpres bordés de fils d'or. Bien qu'étant d'assez bons archers, leur particularité résidait dans le fait qu'ils étaient les seuls à pouvoir incarner une infanterie lourde de choc, leurs massifs boucliers et longues lances permettant des formations impénétrables. Cette compagnie était certainement la meilleure de toute en matière de combat.

Enfin, les Cavaliers du Vent, le quatrième clan, furent les véritables bâtisseurs de notre civilisation. Situé sur les hauteurs du Chili surplombant la capitale, Santiago de Chile, leur refuge d'Eolina était appelé la Ciudad de los Elyseanos, la « cité des Elyséens ». Eolina incarnait pour nous tous, demi-dieux de l'ensemble des quatre compagnies, une sorte d'Elysée terrestre. La base des Cavaliers du Vent faisait office d'unique capitale pour notre monde, de par les nombreux bâtiments de marbre, de temples, de thermes, ou de marchés. Au centre de la cité se trouvait la forteresse d'Eole. Imitation du phare d'Alexandrie, la citadelle accueillait en son sommet un conseil généralisé des quatre commandants de compagnies. Eolina portait donc une valeur immense pour notre peuple, et symbolisait notre unité. Pour sa défense, la cité pouvait compter sur les quelques 400 cavaliers pégases de la compagnie du Vent, commandé par Emilio Adriano. Contrairement à mon clan des Gardes d'Argent, les Cavaliers du Vent faisait une force de leurs aptitudes au combat de mêlée, utilisant leur maitrise des airs à leur avantage. Cette cavalerie était donc le principal atout d'Eolina, la citadelle d'Eole offrant un parfait observatoire et privant tout ennemi potentiel de l'effet de surprise.

Ainsi, fermement établies dans leurs refuges respectifs, nos compagnies prospérèrent. Seulement, avec la montée en puissance des clans, la rivalité s'est alors doucement installée entre eux. Les demi-dieux sont devenus méfiants les uns envers les autres, et de cette division de notre monde, ne pouvait que découler le malheur et la souffrance.

Pendant 8 années, nous avons prospéré, avant que le monde tel que nous le connaissions disparaisse...

SUNFALL Tome 1 : La Chute de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant