SUNFALL Tome 1 : La Chute de l'Olympe

Chapitre XXXVII

Nico Di Angelo :

Aucune trace, aucun signe, pas le moindre indice... rien.

Cela fait déjà des heures que nous ratissons tout l'Atlantique Sud en différents groupes pour couvrir plus de terrain... mais pour l'instant nous sommes restés bredouilles, et je suppose que nos compagnons n'ont pas été plus chanceux, n'ayant toujours reçu aucune nouvelle d'eux.

Après le départ en catastrophe de Léo et Octavio, Solaria s'était vu forcer la main, et Julio avait ainsi réussi à convaincre plusieurs des siens de se porter volontaires pour cette quête.

Au total, 20 demi-dieux avaient répondu à l'appel, répartis en quatre escouade. La première sous le commandement de Carina, la deuxième dirigée par Gaston, la troisième aux ordres d'un demi-dieu m'étant inconnu et prénommé Marco, et enfin, Will et moi faisions partie de la quatrième escouade, celle de Julio.

La répartie des équipes ne fut d'ailleurs pas de tout repos, Julio souhaitant au début placer Will au sein de la première escouade de Carina... ce qui n'avait pas du tout été du goût du fils d'Apollon. S'en était suivi une joute verbale plutôt mémorable... Comprenez bien que c'était la première fois que je voyais Will dans un état pareil ! J'ai bien cru que les deux allaient se sauter à la gorge à tout instant !

Mais finalement, j'ai réussi à calmer le jeu... et à convaincre Julio d'intégrer Will à son escouade, doutant fort de toute façon que le fils d'Apollon aie accepté une autre solution. Enfin « apaiser les tensions » est sûrement exagéré, la prise tendue et ferme sur mes hanches, de mon petit ami derrière moi, semblant assez claire.

« Si l'on m'avait dit un jour qu'un fils d'Apollon et que l'infirmier du camp pouvait être terrifiant, j'aurai sûrement bien ri ! » Pensais-je. « Mais après avoir vu Will Solace possessif, je ne donne pas cher de la peau du pauvre demi-dieu qui aurait la mauvaise idée de poser ses yeux sur moi... ».

- Tout va bien Deathboy ? Demande soudainement Will en passant sa tête par-dessus mon épaule, me laissant échapper un couinement de surprise.

- Oui, t'en fais pas Will... Répondis-je, le fils d'Apollon ne semblant guère convaincu et me fixant d'un air circonspect avant de m'étreindre davantage, tandis que Julio vole à proximité de nous. Dépêchons-nous plutôt de retrouver Léo et son petit ami. Ajoutais-je, réajustant ma prise sur les rênes de mon pégase Thémis.

- Petit ami ? On parle bien de ce fameux Octavio ? M'interrompt immédiatement Will, incrédule.

- Oh je t'en prie... tu aurais vraiment dû les voir dans la salle du conseil, ça sautait aux yeux !

- Eh bien, j'ignorais que les couples te passionnaient tellement ! S'exclame alors le fils d'Apollon, comme s'il venait de faire la plus grande découverte de sa vie. Qui sait finalement depuis combien de temps tu fantasmais sur moi en imaginant à quel point je serais le petit ami idéal !

- Ennui idéal dans ton cas... Marmonnais-je dans ma barbe inexistante, le visage certainement en feu.

- Moi aussi je t'aime ! Réplique Will, tout souriant et les yeux pétillants, tandis qu'il me colle un baiser sur ma joue aux coins de mes lèvres, avant de parsemer mon cou d'une multitude de bisous.

- Wi... Will... Re... Regarde ! Articulais-je avec peine, me retenant à la fois de rire et de soupirer d'aise, la sensation n'étant pas franchement désagréable.

- Terre en vue ! En avant ! S'exclame subitement Julio, interrompant le fils d'Apollon dans ses gestes, tandis que les pégases fendent les cieux pour venir se poser sur les rivages d'une ile. Déployez-vous et veillez sur les alentours ! A la moindre découverte, venez m'en faire part immédiatement !

- Compris ! Répliquent aussitôt les demi-dieux de l'escouade, sautant à nouveau en scelle avant de s'élancer dans les airs, leur trajectoire passant au-dessus de nos têtes avant de s'enfoncer vers l'intérieur des terres.

- Tu penses vraiment qu'ils sont passé par là ? Me demande Will, se positionnant à mes côtés, tenant toujours les rênes de Thémis, le pégase semblant l'apprécier.

- C'est obligé. Affirmais-je. C'est la première terre que nous rencontrons à des centaines de kilomètres à la ronde...

« Allez creuses-toi les méninges Nico » me martèle ma conscience. « Si j'étais un fils d'Héphaïstos totalement inconscient, où est-ce que je pourrais bien me poser... » Me demandais-je intérieurement, scrutant les alentours, en quête du moindre indice... avant que, tout à coup, le vent balayant la plage déserte ne vienne porter à mon visage une désagréable odeur de brûlé.

- Mais bien-sûr... Lâchais-je dans un murmure à peine audible. « Pour trouver Léo, il suffit de trouver des flammes... ».

A cette seule pensée, je me mets subitement à courir, laissant en plan un Will semblant perdu et désarçonné par mon geste soudain, m'interpelant déjà et m'exhortant de l'attendre.

Ignorant les appels de mon petit ami, je m'élance alors sur un petit sentier entre les hautes herbes, se transformant bien vite en mince corridor dans un défilé rocheux, les flots s'abattant sur les remparts de pierre en contrebas. Longeant maintenant le vide, et malgré les bourrasques abruptes de vent menaçant de me faire tomber dans les eaux tourmentées à tout instant, je débouche finalement sur une modeste surface aplanie, à même la falaise, d'une largeur d'une petite dizaine de mètres tout au plus.

- Non mais ça va pas ?! Tu veux ma mort ou quoi ?! S'époumone Will, venant tout juste de me rattraper, la respiration irrégulière. Non mais courir le long d'un précipice avec des rochers acérés en contrebas, tu n'as pas trouvé mieux ?! Tu sais... si tu tiens tellement à retourner à l'infirmerie, pas besoin de te blesser mortellement, je peux juste te faire un mot personnel du médecin !

- Ils étaient là... Murmurais-je, coupant Will dans son élan.

« De telles empruntes ne peuvent qu'appartenir à Festus... » Pensais-je, remarquant les traces d'un corps massif sur le sol. « Mais quelque chose ne va pas... » Me corrige aussitôt ma conscience, alors que j'observe les parois immaculées barrées de longs sillons de roches noircies. « Léo n'est peut-être pas un exemple de prudence, mais il connait les risques de dévoiler sa position pour un demi-dieu... Il n'aurait jamais utiliser sa pyrokinésie et ses flammes... à moins qu'il n'y ait été contraint... ».

- Oh non... Soufflais-je, m'agenouillant sur le sol rocailleux pour ramasser quelque chose.

- Qu'est-ce que c'est ? Me demande aussitôt Will, ayant senti la gravité et l'inquiétude dans ma voix.

- Du tissu déchiré... un morceau de toge violette...