Chapitre XIV

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Julio Aguilera :

-Le refuge de Lunaria est tombé ! S'écria un messager en faisant irruption dans la salle du conseil d'Eolina.

Une semaine déjà s'était écoulée depuis la destruction du refuge de Solaria et notre fuite. Tous les commandants de compagnies avaient répondu à l'appel, et s'étaient rendus avec leurs demi-dieux en armes au refuge des Cavaliers du Vent.

Les derniers Gardes d'Argent sous mon commandement, les Crinières Ardentes de Gaston Gargalen et les Cavaliers du Vent d'Emilio Adriano.

Tous avaient répondu présents, oui tous, à l'exception des Cavaliers de la Lune. Depuis l'annonce, par un jeune demi-dieu rescapé, d'un raid ennemi à proximité de leur refuge, les Cavaliers de la Lune, tout comme leur commandant blessé Quino Dizino, n'avaient plus donné signe de vie.

Les explications suivant l'annonce plongèrent la vaste salle dans le silence, mettant fin aux interminables débats qui faisaient rage entre les demi-dieux depuis des jours durant. Une poignée, quelques dizaines au plus, de Cavaliers de la Lune avaient réchappé au massacre de leur refuge, et étaient parvenus, après un éprouvant périple à travers les montagnes, à gravir les hauteurs jusqu'à Eolina. Selon les derniers mots prononcés par Quino, avant de sombrer dans l'inconscience, exténué et terriblement blessé, les siens, d'aures et déjà éprouvés par de précédents combats, auraient subi un véritable raz de marée de destructions. Une armée, vaste au-delà de l'imaginable, aurait jailli des cieux en s'abattant sur le refuge de Lunaria, ne laissant que mort et désolation dans son sillage.

L'Olympe est venu », ce sont les derniers mots que Quino Dizino a prononcé, avant de sombrer dans un coma dont il n'est toujours pas sorti. Avais-je alors rappelé à l'audience des chefs et officiers de compagnies me faisant face. Nous sommes au bord du précipice mes amis. Continuai-je face au silence régnant en maitre sur les lieux, seulement accompagné par le souffle du vent, taillant son chemin entre les colonnades de la forteresse d'Eolina. Solaria n'est plus, et si Lunaria est bel et bien tombée, alors, nous serons sûrement les prochains sur la route de l'armée olympienne...

-La forteresse d'Eolina n'a jamais failli, notre maitrise des vents rend l'accès à notre refuge quasi impossible et très risqué pour une aussi grande armée, je suis d'avis d'établir de solides positions défensives ici même ! Proposa le commandant des Cavaliers du Vent, Emilio Adriano, accompagné des acquiescements d'approbation de ses officiers.

-Ce n'est pas la stratégie d'un guerrier, mais celle d'un lâche ! Intervint soudainement avec colère Gaston Gargalen, commandant des Crinières Ardentes. Vous, Cavaliers de la Lune, vous êtes cachés dans votre haute tour depuis des années, et alors même que la guerre vient maintenant frapper à votre propre porte, et que des innocents se font massacrer, vous restez les bras croisés ? Cette attitude est indigne des demi-dieux que vous prétendez être !

-Je suis désolé mais figure toi, Gaston, que tous ici ne sont pas prêt à mourir... surtout pour les beaux yeux de ton cher Quino ! Répliqua immédiatement Emilio, la voix pleine de sarcasme et d'arrogance.

-Espèce d'enfoiré ! S'était immédiatement écrié le commandant des Crinières Ardentes, en se jetant avec rage en direction du fils d'Eole, ayant osé tourner en ridicule le sort subi par son petit ami de Lunaria. JE T'INTERDIS de l'insulter alors qu'il s'est battu et qu'il a failli y passer pendant que TOI tu te prélassais et ne pensais qu'à ton petit confort, bien à l'abri dans les airs ! TU M'ENTENDS ?! Quino vaut 100 fois plus que toi Bastardo !

Les deux demi-dieux en seraient certainement venus à se battre si plusieurs de mes propres officiers n'étaient pas intervenus, sur mes ordres, pour les séparer.

-Ça suffit ! Finis-je par intervenir exaspéré. Nous entretuer maintenant ne fera que faciliter la tâche à l'Olympe !

-De la part de celui qui a lamentablement échoué à protéger son refuge, c'est bien ironique ! Au final Julio, tu ne vaux pas mieux que Quino ! S'était exclamé aussitôt Emilio.

-Dans ton intérêt, je te conseille de te la fermer Adriano. Répondis immédiatement Léandro, ce dernier se tenant à mes côtés, faisant, d'aures et déjà, jaillir des ombres de ses poings fermés par la rage. Car sache que commandant ou non, j'en ai rien à faire, je t'enverrai aux Enfers sans la moindre hésitation !

-Tu dépasse les bornes Parejo ! Je vais t'apprendre à garder ta place face à tes supérieurs ! Soldats, emparez-vous de lui ! Avait soudainement ordonné le maitre d'Eolina aux siens, ces derniers s'exécutant aussitôt.

-GARDES D'ARGENT ! SABRES AU CLAIR ! M'écriai-je alors tout en dégainant ma propre épée aux côtés de Léandro, mes demi-dieux brandissant d'aures et déjà leurs armes afin de protéger l'un des leurs.

A cet instant, alors nous étions tous sur le point de faire de la salle du conseil un véritable champ de bataille, un éclat lumineux vint soudain séparer les deux camps se faisant face.

De cette vive lumière dorée surgit l'ombre d'une figure féminine. Apparaissant sous nos yeux, il s'agissait d'Aphrodite en personne, vêtue d'une robe d'un blanc immaculé, richement brodée de fils d'or, ses cheveux, de la couleur des épis de blé, venant encadrer un visage arborant deux yeux d'un bleu magnifique. S'avançant devant nous, la déesse de l'Amour et de la Beauté n'avait, une fois la surprise retombée, fait qu'accentuer encore davantage la tension de la salle du conseil.

-Il n'y a nul besoin de brandir vos armes chers enfants. Avait doucement déclaré dans un sourire la déesse, face à nos épées aux manches fermement empoignés.

-Les dieux ne sont pas les bienvenus ici. Déclarai-je froidement en m'avançant au-devant de la déesse, ma lame toujours redressée.

-Il s'agit justement de la raison de ma venue, fils d'Hélios. Je suis venue vous apporter mon aide. Avait alors annoncé la déesse, en inclinant légèrement la tête, face à l'air circonspect de l'ensemble de l'audience.

Il n'avait pas fallu longtemps pour que la salle ne s'ébranle en une cacophonie de « Pourquoi une déesse nous aiderait-elle contre l'Olympe ?! », « C'est surement un piège ! », « Nous devrions la faire prisonnière et nous en servir comme monnaie d'échange ! ». Pour ma part, j'avais assez rapidement vu clair dans les pensées de la déesse.

-Vous avez un différent à régler... Je me trompe ? Finis-je par penser à voix haute, attirant de nouveau l'attention des demi-dieux m'entourant, ces derniers scrutant la réaction d'Aphrodite. La déesse avait d'aures et déjà perdu son rictus, les traits de son visage commençant à se crisper.

-En effet... Concéda mon interlocutrice. Je suis prête à vous dire tout ce que vous voulez savoir, mais en échange, je vous demande d'éradiquer cette armée envoyée par l'Olympe.

-Que savez-vous au juste ? Était alors intervenu un Gaston Gargalen impatient d'en découdre et de venger son petit ami.

Aphrodite, en gage de sa bonne foi, avait alors cédé et nous avait fait un rapport de la situation, détaillé à un point tel que jamais nos éclaireurs n'auraient pu imaginer. La déesse nous rapporta qu'Hermès était à l'origine de nos malheurs, ce dernier ayant découvert notre monde en contournant l'attention du voile protecteur de Yesenia. Zeus, ayant appris pour notre existence et ne pouvant se permettre que la nouvelle se propage avait alors détruit l'œuvre de Yesenia, puis fait pleuvoir les flammes de la guerre sur Solaria. Selon les informations de la déesse, la destruction de notre refuge n'avait donc été finalement qu'une diversion permettant l'offensive réelle de l'armée d'invasion sur Lunaria.

-Etes-vous sûre qu'ils marchent sur Eolina ? Avais-je alors demandé, mon esprit préoccupé par la situation, encore plus critique que je ne le craignais.

-Certaine. Avoua-t-elle d'un ton grave. Ils savent qu'Eolina est votre plus grande base et votre dernier refuge intact. Ils approchent, soyez en assurés, et ils viendront vous chercher pour vous exterminer jusqu'au dernier.

-A moins que ce soit nous qui viennent à eux.

SUNFALL Tome 1 : La Chute de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant