Chapitre XXXIV

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Léo Valdez :

- Octavio attends ! M'écriais-je, avant de m'élancer sur ses talons, bousculant au passage plusieurs demi-dieux stupéfaits. Seulement, à l'instant où je parviens enfin à m'extirper de la salle du conseil, il n'y plus personne... seul le vent glacial sifflant dans les allées désertes venant m'accueillir.

« La villa... il est sûrement là-bas », me dis-je intérieurement, tandis que, sans perdre la moindre seconde, je me mets à courir dans les dédales de Solaria, arpentant presque au hasard les ruelles du refuge.

« Si je retombe sur cet enfoiré d'Orion... » Pensais-je, « ... Je le jure sur L'Olympe, Non sur le Styx ! Je lui ferais regretter d'avoir osé s'en prendre à Octavio de la sorte... Parole de Léo Valdez ! ».

Je ne connais que trop bien l'enfer qu'a pu vivre Octavio ici à Solaria... Mais contrairement à moi par le passé, il ne sera pas seul, non, je compte bien être là pour lui... Hors de question que ce petit ange continue à souffrir.

- Oui, quoiqu'il arrive, je serais là pour toi, Octavio... Murmurais-je, la chance semblant finalement vouloir me sourire, tandis que je bifurque une énième fois, apercevant la villa du jeune demi-dieu, reconnaissable entre mille à son allure de petit chalet.

Poussant sur mes jambes, je sprinte alors comme un fou, quitte à m'en déchirer les poumons, courant comme si ma vie en dépendait, reliant la bâtisse en quelques secondes.

Entrant avec fracas, la villa n'est guère plus qu'un champ de bataille, de multiples restes d'objets et meubles jalonnant le sol. Soudainement, un bruit de verre brisé fuse dans les airs jusqu'à mes oreilles, suivi de près par une plainte de douleur étouffée provenant de l'étage.

Mon cerveau ne répondant plus, je monte alors les marches quatre par quatre, l'inquiétude et la peur coulant dans mes veines, le sang battant contre mes tempes. Me guidant dans le couloir au son d'un faible sanglot, j'arrive finalement devant une porte familière, légèrement entrouverte. Pénétrant dans la salle de bain, mon sang se glace aussitôt d'effroi. Octavio se trouve à genoux, la main droite en sang, tandis que son corps repose sur le carrelage maculé de pourpre, envahi de morceaux de verre venant lacérer sa chair, sans que le demi-dieu ne semble s'en soucier.

Faisant tout mon possible pour garder mon calme, je m'avance doucement, ne sachant que trop bien que le brusquer n'aiderait pas à améliorer la situation. Puis, d'une infinie lenteur, je m'accroupis sur le sol, prenant délicatement ses mains entre les miennes, le sang s'infiltrant déjà entre mes doigts.

- Viens, Octavio... Soufflais-je alors, d'une voix la plus posée et attendrie que possible.

Après avoir hoché la tête, le jeune demi-dieu se relève lentement, sans pour autant émettre le moindre son. Je passe alors aussitôt l'un de mes bras autour de ses hanches, Octavio semblant à bout de force comme à bout de nerf, tandis que je continue d'enserrer ses doigts ensanglantés dans ma main libre ; le guidant à travers l'étage, avant de le faire finalement s'assoir sur le lit deux places d'une chambre voisine.

- Ne bouge surtout pas, je reviens dans un instant petit ange. Murmurais-je, saisissant le menton d'Octavio du bout des doigts, et relevant son visage de sorte à pouvoir plonger mon regard dans ses iris caramel.

Ayant attendu qu'il acquiesce, je retourne alors aussi vite que possible dans la salle de bain, essayant, mais en vain, d'éviter de marcher sur des débris de verre. Puis, une fois les bras chargés de serviettes, linges mouillés, compresses et autres produits désinfectants, je m'empresse de rentrer dans la chambre, soulagé de voir Octavio toujours à la même place.

Seulement, mon soulagement est de courte durée, alors que pendant que je m'approche, Octavio n'esquisse pas le moindre geste, le demi-dieu ayant le visage baissé tandis que son regard éteint fixe le sol. La respiration toujours irrégulière et saccadée, Octavio semble d'ailleurs faire tous les efforts du monde pour étouffer un nouveau sanglot.

M'agenouillant à ses pieds, j'appose alors délicatement mes doigts sur sa main meurtrie, commençant à retirer, avec toute la précaution et tendresse possible, les morceaux de verre encore plantés dans sa peau magnifiquement bronzée.

- Je suis désolé

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- Je suis désolé... Lâche soudainement Octavio, d'une voix cassée à peine audible, tandis que je redresse aussitôt mon regard pour rencontrer ses iris ambrés me fixant, de fines larmes perlant le long de ses joues et trempant son visage angélique. Cela fait même pas deux jours qu'on se connait et je te cause déjà des ennuis... Continue alors le demi-dieu assis face à moi, laissant subitement s'échapper un maigre rire sonnant faux et me fendant le cœur. Au fond, c'est Orion qui avait raison ! Je suis vraiment un bon à rien...

- Je t'interdis de parler de cette enflure, il ne mérite même pas de respirer le même air que toi...

- Mais c'est la vérité pourtant ! S'époumone Octavio avant de soupirer. Je pensais qu'au moins Julio serait de mon côté, mais encore une fois, je me suis bien trompé...

- C'est parce que lui non plus ne réalise pas la chance qu'il a de t'avoir ici à Solaria.

- Au contraire. Murmure-t-il froidement. C'est parce qu'ils ont su voir ma vraie nature. C'est juste que pendant tout ce temps j'étais trop borné pour le reconnaitre...

Le demi-dieu a à peine le temps de finir sa phrase que je laisse aussitôt les bandages et autres produits désinfectants retomber au sol, mes mains venant s'emparer de son visage.

- Octavio... Regarde-moi. Ordonnais-je doucement, mon regard s'ancrant dans ses iris caramel encore humides. Nos chemins se sont peut-être croisés il y a deux jours seulement, mais si je suis sûr d'une chose, c'est que je n'ai pas besoin de te connaitre par cœur pour savoir que tu es quelqu'un d'exceptionnel...

- Tu n'es même pas objectif... Finit par souffler Octavio, ses lèvres s'étirant de manière presque imperceptible, laissant deviner les bribes d'un sourire naissant.

- Sans doute... Rigolais-je doucement.

- Mais alors pourquoi es-tu toujours là ?

- Peut-être parce que la personne que j'ai cherché toute ma vie... je l'ai enfin trouvé. Lâchais-je d'une traite, avant d'avancer mon visage vers celui d'Octavio, apposant délicatement mes lèvres sur les siennes si douces et légèrement humides.

Plusieurs secondes s'écoulent avant que je ne sente finalement Octavio répondre au baiser, ses lèvres se mouvant timidement contre les miennes. Sa bouche a un léger goût salé, du fait des quelques larmes perlant de son visage magnifique. Notre premier baiser est court, surement maladroit et hésitant, mais absolument parfait.

- Je t'emmène avec moi Octavio... Murmurais-je alors, une fois nos lèvres séparées, tandis que mes doigts caressent tendrement son visage, un léger sourire trônant entre ses joues enflammées. Et je te le promets. A partir de maintenant, tu ne seras plus jamais seul.

SUNFALL Tome 1 : La Chute de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant