Julio Aguilera :
La victoire était nôtre. L'armée olympienne prenait la fuite, à la suite de son commandant grièvement blessé de ma propre main. Nos ennemis pensaient sûrement pouvoir regagner gentiment la sureté de l'Olympe, mais il en était hors de question !
Nous nous étions alors tous lancés à leur poursuite, galvanisés par le souvenir des cris d'agonie des nôtres, dont les corps s'étendaient à perte de vue, gorgeant le champ de bataille de leur sang.
Tout sens d'honneur ou de gloire avait disparu. L'affrontement avait vu la mort de centaines des nôtres. Tous, étaient tombés au nom d'un idéal : un monde libre. Seulement, à cet instant, il n'était plus question de sacrifier pour de belles idées, la vengeance venant obscurcir nos cœurs d'une haine ne demandant qu'à se déchainer.
Les demi-dieux faisaient ployer leurs montures sous l'effort, quitte à leur faire rendre leur dernier souffle. Ils fondaient en hurlant sur les quelques dieux n'ayant pu s'extirper à temps de ce terrible bourbier. Aucuns quartiers n'étaient faits aux vaincus. Trop d'atrocités avaient déjà été commises pour permettre à la clémence de tailler son chemin au travers du sang et de la violence.
Dans cette scène apocalyptique, je n'étais pas en reste. Bien qu'épuisé, blessé, chaque muscle de mon corps m'étant douloureux, je me tenais à la tête des derniers des miens, menant la poursuite de l'armée vaincue.
-Pas de pitié ! S'était soudain écrié Léandro à mes côtés, lui et moi ne nous étant jamais séparés de toute la bataille.
Il brandissait droit devant lui son épée ensanglantée. Les ombres émanaient toujours de son corps tout entier, venant déchiqueter tout adversaire assez malheureux pour se trouver sur son passage. Du sang frais et séché venait se mêler à ses cheveux, les assombrissant avec le crépuscule. Des flammes semblaient danser dans ses yeux, reflet de la rage brulant en lui. En véritable cavalier infernal, Léandro faisait régner une terreur sans nom parmi les fuyards.
Au milieu de ce chaos, alors que mon épée venait se loger dans le torse d'une divinité secondaire, Apollon apparut soudain, à seulement quelques mètres devant moi. Le dieu semblait furieux, enragé, fou. Il banda son arc, puis, sans me laisser le temps de réaliser le danger, décocha.
La flèche dorée fusait dans les airs, à une vitesse telle qu'il m'était impossible d'éviter sa trajectoire.. J'avais fermé les yeux, appréhendant la douleur de la pointe acérée pénétrant mon corps pour y tracer un long sillon mortel.
L'impact ne vint jamais.
Ouvrant les yeux, mon cœur se stoppa net. C'était avec horreur que j'avais vu la flèche d'or s'enfoncer profondément dans le torse de mon petit ami, ce dernier s'étant jeté au dernier moment sur la trajectoire du projectile. Un cri de terreur me brula la gorge avant de venir déchirer l'air pesant. La douleur déchirant mon cœur me tétanisait, mes sens ne prêtant plus attention aux cris de rage des autres demi-dieux, menés par Gaston Gargalen, chargeant furieusement un Apollon prenant déjà la fuite.
-Ju... Julio ? Prononça fébrilement Léandro. Le jeune demi-dieux avait doucement retourné son visage émacié vers le mien, un long filet de sang passant déjà la barrière de ses lèvres, avant de s'effondrer.
L'adrénaline m'assaillant, je me jetai sur le sol froid afin de rattraper juste à temps le corps de mon petit ami. Passant un bras dans son dos afin de le maintenir contre moi, ma main disponible s'était immédiatement portée à la flèche plantée dans la poitrine de mon amour, s'élevant à un rythme toujours plus faible.
-Reste tranquille... tu... tu vas t'en sortir mi Angelito. Articulai-je avec peine. Mes doigts couverts de sang tremblaient, parcourant désespérément la blessure béante, la flèche en son centre, cherchant vainement à stopper l'hémorragie.
-Julio... Murmura alors Léandro, déposant ses mains de part et d'autre de mon visage, stoppant net tout mouvement. Laisse la. M'implora-t-il, les yeux baignés de larmes. Son corps tout entier était pris de violents soubresauts, la douleur lui étant insupportable. Je t'aime. Souffla-t-il.
-Non ! NON ! M'étranglai-je. Ces années de vie devant moi, c'était pour les passer avec toi... Je t'en prie... prends les...
-Julio, tu n'as donc toujours pas compris alors ? Me dit mon ange, un léger sourire fendant ses lèvres pourpres avant de se faner bien trop vite sous la souffrance. Je préfère encore un sommeil éternel plutôt qu'une vie sans mon rayon de Soleil. Continua-t-il. Tu dois me laisser partir... on va se retrouver, je te le promets.
-Hors de question que j'abandonne ! m'écriai-je. Mon sang bouillonnait dans mes veines, semblable à de l'or en fusion. Une lumière d'un éclat éblouissant venait parcourir mon corps tout entier, amassant une énergie incroyable au creux de mes mains. J'apposai alors délicatement mes doigts sur la peau froide de mon petit ami, nous encadrant d'une aura de brillance telle que je n'en avais encore jamais connu.
Mon corps faiblissait, mes forces m'abandonnaient. Léandro retrouvait la magnifique couleur ambrée de ses yeux et cheveux. Ses plaies et blessures se refermaient. J'allais y arriver. Mes mains tremblaient, tout mon corps tremblait. La vie me quittait... mais mon ange dans mes bras revenait.
J'allais te sauver mon amour. Mais tu retiras mes mains de ton cœur, brisant le lien. Tu m'embrassas une dernière fois, tes lèvres se mouvant contre les miennes désespérément, dansant éperdument notre ultime valse.
Puis, avant que la douce lumière ambrée de tes yeux ne s'éteigne à jamais, contre mes lèvres ces mots tu avais murmuré :
-Mon cœur est tien. A jamais.
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SUNFALL Tome 1 : La Chute de l'Olympe
FanfictionLes Dieux ont failli. La prétendue victoire finale sur la déesse mère n'était qu'un leurre. Gaia est de retour, plus puissante et dangereuse que jamais, dévorée par sa folie vengeresse. Nico di Angelo ne le sait que trop bien, seul il n'aura aucune...