Chapitre XV

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Julio Aguilera :

L'aube approchait. Les premiers rayons du Soleil venaient déjà franchir la ligne d'horizon pour se refléter sur nos armures d'argent, dotant nos rangs d'un éclat éblouissant. Les demi-dieux ne tenaient plus en place, les montures étaient nerveuses, les cavaliers... silencieux.

Tous ne savaient que trop bien les enjeux et les risques d'un tel instant, pourtant, tous étaient réunis, côte à côte, parés pour le combat.

Aujourd'hui, nous nous tenions en un lieu nommé les Portes de la Lune. Aujourd'hui, nous étions le dernier obstacle entre Eolina et l'armée olympienne, le rempart protégeant notre monde de sa destruction pure et simple . Aujourd'hui, nous allions combattre, et nous savions tous très bien que la terre sous nos pieds serait certainement baignée de notre sang avant de l'être par la lumière du Soleil à son zénith.

Mon regard parcourait le champ de bataille faisant face à notre armée. De vastes étendues herbeuses s'étalaient à perte de vue, encadrées par des lignes de crêtes aux sommets acérés. Surplombant la vallée, les ruines blanchâtres d'une ancienne tour de guet se maintenaient en un équilibre précaire, des débris de marbre menaçant de chuter à tout instant.

Je sentais la main de Léandro pressée dans la mienne, nos doigts étroitement liés.

-On va s'en sortir. Ensemble ? M'avait alors demandé mon petit ami, montant son pégase aux côtés du mien.

Ne perdant pas la moindre seconde, j'abaissai mon visage vers le sien, unissant nos lèvres. Je l'embrassai amoureusement, langoureusement, désespérément. Je pressai son corps contre le mien éperdument, cherchant à lui montrer à quel point il comptait pour moi, à quel point il était mon monde. Nous séparant par manque d'air, je venais placer mes mains des deux côtés de son visage, parcourant ses joues de caresses d'une tendresse infinie, ancrant mon regard dans ses magnifiques iris caramel.

-Ensemble, mi Angelito.

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Soudain, le sol gronda, puis des tambours tonnèrent au loin. Des montagnes du Nord, émergèrent alors Arès et son char tiré par quatre chiens de guerre, à la tête d'une armée olympienne dont l'ombre venait obscurcir la plaine de son immensité monstrueuse.

Nous tous, demi-dieux, serrâmes les rangs, dégainant nos épées à l'unisson, refusant de nous rendre, préférant tous livrer un ultime combat...

On n'aurait su faire bataille plus injuste. Nous étions en sous nombre, quelques centaines de demi-dieux contre une infinité d'ennemis. Nous affrontions une armée commandée par des dieux bénéficiant de l'immortalité, mais combattre à forces égales n'importait plus.

C'était maintenant, ou jamais.

-Mes amis ! M'étais-je écrié, passant en revue, à toute allure, l'ensemble des quatre compagnies se tenant à mes côtés. Vous êtes les plus grands cavaliers que le monde n'a jamais porté ! Aujourd'hui, pour vos maisons, vous vous battez ! Pour vos amis, vous vous battez ! Pour vos vies, vous vous battez ! Chevauchez ! Chevauchez ! Chevauchez jusqu'aux Champs Elysées ! Pour la liberté de l'humanité ! CHARGEZ !

Les vents avaient aussitôt emporté mes paroles dans les airs, comme une promesse faite à l'univers. Nos sentiments, nos espoirs, nos vies... nous laissions tout derrière nous alors que nous prenions notre envol. Nous étions les ailes de la liberté, derniers défenseurs d'un monde oublié. Aujourd'hui, nous dévouions nos cœurs au mépris de toute douleur, nous sacrifiions nos âmes en pâture aux Enfers et à leurs flammes.

Nous nous étions élancés furieusement, le vacarme des trompettes couvrant nos cris de rage. Les pégases argentés de nos bannières pourpres fendaient les airs à vive allure, parcourant des cieux obscurcis par de sombres nuages d'orages. Les montures tombaient, entrainant leurs cavaliers dans leur chute. Les spectres de nos camarades perdus nous hantaient déjà. Leurs visages défilaient sous nos yeux, sachant que nous les aurions presque, sinon tous, rejoint avant le crépuscule.

Avec Léandro nous chevauchions, les souvenirs de nos vies passées ensemble nous assaillaient. Tout comme les espoirs de nos amis tombés, nous savions notre futur à deux condamné. Mais lui comme moi étions sereins, certains que ce n'était pas pour nous la fin. Car non, nos sentiments ne seraient jamais les victimes du destin. Oui, c'était notre amour, qui tracerait notre chemin...

SUNFALL Tome 1 : La Chute de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant