Chapitre VI

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Nico Di Angelo :

-C'est tout bonnement impossible ! S'exclame une fois de plus Chiron.

Ce mot, couplé à son lot de ''insensé !'', ''ridicule !'', commence à sérieusement m'agacer.

En effet, à peine revenu à mes esprits, je m'étais élancé à toute allure en dehors de l'infirmerie. Will, auquel je n'avais même pas pris le temps d'expliquer la situation, se trouvait sur mes talons, me hurlant de stopper ma course folle. J'avais traversé à toute allure le camp Sang-mêlé, encore ensommeillé, le Soleil dépassant doucement de la ligne d'horizon. L'air frais apporté par la rosée du matin me faisait un bien fou, mes poumons puisaient autant d'oxygène que possible, me permettant de pousser encore plus sur mes jambes endolories. Dans un dernier effort, j'avais alors ouvert avec fracas les portes du bâtiment central, m'engouffrant dans ce dernier, Will toujours à ma suite. J'avais la ferme intention de parler à Chiron de ma vision et de mon dernier rêve, dans l'espoir d'avertir la colonie du retour de Gaia. J'étais certain qu'il accorderait, ne serait-ce qu'un peu de valeur, à mes propos. Eh bien, je me suis trompé. A peine avais-je exposé mes craintes dans son bureau que Chiron avait tourné en dérision ma théorie. J'ai été sacrément naïf, me dis-je intérieurement, alors que je subis, une fois de plus, les questions détournées de ce borné de centaure, cherchant assurément à faire passer ma vision ou encore mon dernier rêve pour des hallucinations ou de la folie.

-Je sais ce que j'ai vu et entendu Chiron. Le coupais-je avec fermeté.

-Ah vraiment ? Réplique-t-il sarcastiquement. J'ai entendu parler de ta dernière mésaventure vois-tu.

Je tourne immédiatement mon regard vers Will, ce dernier passant nerveusement une main dans ses cheveux dorés, la gêne et la culpabilité marquant son visage de tâches pourpres.

-Tu es à bout de force et de nerfs Di Angelo. Continue Chiron. Il est donc tout à fait probable que tes blessures et ta fatigue accumulées te fasse divaguer de temps en temps. Suggère-t-il.

-Je pense être le mieux placé pour savoir comment je vais, et d'ailleurs si j'étais ''à bout de force et de nerfs'' je le saurais. Ajoutais-je lançant un regard lourd de reproches à Solace. De plus, pour information, je ne divague pas. Gaia n'a pas été vaincue, elle est toujours là et vous regretterez bien assez tôt de m'avoir ignoré ! Terminais-je furieusement.

Exaspéré par le soupire las de mon interlocuteur, je m'empresse de quitter la pièce, ces insinuations m'étant devenues insupportables.

Une fois sorti, mon corps marque une pause, la vue du Soleil levant qui se reflète sur l'Atlantique m'éblouissant. Le vent frais venant de l'océan vient caresser mon visage, faisant virevolter mes cheveux d'ébène en désordre. La froideur de l'air me permet de faire descendre toute la tension accumulée, mon sang bouillonnant encore de rage dans mes veines.

Seulement, ce moment de répit s'avère être de courte durée, quelqu'un sortant du bâtiment central en ma direction.

-Nico... Tente-t-il, ne faisant en réalité qu'accentuer ma rage, cette dernière menaçant d'exploser à tout instant.

-La ferme Solace.

-Ce n'est pas ce que tu crois...

-Ah bon ? Mais pourtant tout semblait parfaitement clair pour moi ! Visiblement tu ne t'es clairement pas dérangé pour tout déballer à Chiron ! Fulminais-je.

-Ecoute...

-Non c'est TOI qui va m'écouter c'est clair ? On va commencer par une question simple. Tiens, par exemple, depuis QUAND tu t'amuses à faire des rapports sur moi ?!

-Je n'ai jamais transmis des informations sur toi à qui que ce soit, il faut me croire !

-En l'occurrence il va falloir m'aider. Répliquais-je le plus sarcastiquement possible. Parce que dans ce cas comment expliques-tu que cet abruti de centaure soit au courant pour... ah oui c'est vrai, ma ''dernière mésaventure'' ?!

-Ce n'est qu'un immense malentendu.

J'hausse un sourcil interrogateur, pensant avoir certainement mal, voire même très mal, entendu. Finalement, estimant que le jeu a assez duré, je décide de relâcher toute la pression que je m'efforçais de contenir jusqu'alors, ma haine jaillissant furieusement.

-Un malentendu ? UN MALENTENDU ?! Ta seule explication est un PUTAIN DE MALTENTENDU !?

-C'est la vérité ! Chiron est passé à l'infirmerie dans la matinée d'hier et lorsqu'il t'a vu, il m'a demandé la raison de ta présence au centre de soins...

-Et c'est à cet instant que tu lui as dit à quel point j'étais dans un si piteux état je suppose ?

-Non c'est faux, je l'ai simplement prévenu du fait que tu étais particulièrement fatigué ces derniers temps... c'est tout.

Je lâche immédiatement un rire nerveux.

-C'est tout ? C'est TOUT ?! Mais c'était déjà bien assez ! Ne comprends-tu donc pas qu'à cause de toi, je suis passé pour un vrai fou à lier ?! Comment était-il possible que Chiron puisse me croire au sujet de Gaia après la réputation que tu lui avais fait de moi ?!

-Je suis désolé Nico, je n'avais pas vu les choses sous cet angle...

-Désolé... ça tu peux l'être c'est certain ! Terminais-je en lui tournant le dos et commençant à partir.

-Où vas-tu ? Demande-t-il d'une voix inquiète.

-Quelque part où je pourrais trouver les réponses à mes questions, et accessoirement un endroit où tu ne te trouveras pas !

Sans attendre sa réponse, j'appelle les ombres à s'amasser à mes côtés, les laissant m'entourer de leur froideur familière. Puis, balayant mes doutes, je m'avance dans l'obscurité, plus déterminé que jamais.

-Il est temps d'avoir des réponses Nico.

SUNFALL Tome 1 : La Chute de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant