Chapitre 25
****Ziza****
Mon portable était avec Oumy quand je sortais et j'ai fait exprès de ne pas le lui demander. Si Radia appelle, Oumy lui dira que je n'ai pas mon téléphone avec moi.
Dans sa voiture, je commence :
-Tu sais que Radia va nous tuer, peut-être toi plus que moi. Ou plutôt moi plus que toi...
-Pourquoi nous tuerait-elle ? Je dois aller voir quelqu'un à l'UGB et toi tu en profites. Il est où le problème ?
-Tu sais que j'ai pas postulé pour cette université ?
-Oui je sais mais pas Radia, sourit-il. Et non, on va pas à l'université.
-Je m'en doutais un peu.
-Je t'avais promis une visite de Saint-Louis, c'est ce qu'on va faire.
-Je me demandais bien comment aller faire mais j'étais loin de m'imaginer que t'allais utiliser un tel prétexte.
-Je connais mon épouse, il faut lui donner quelque chose. Si elle avait des trucs à faire, je suis sûr qu'elle aurait proposé de nous accompagner.
-Je sais toujours pas pourquoi elle nous a invité. Je veux dire qu'on s'en serait bien passé.
-Tu penses que je sais comment pense mon épouse ? Et effectivement j'ai pas osé lui demander pourquoi n'ayant aucune envie d'entendre sa réponse.
-Peut-être elle dit vrai en disant regretter qu'on ne se soit pas connu avant. Si j'étais venu à votre mariage, je t'aurais vu et quand on s'est croisé à la maison culturelle j'aurais su qui tu étais.
-Oui sans doute. Je n'aurais non plus rien tenté sachant qui tu représentais. Mais bon, je crois au destin et je pense que le nôtre était qu'on soit ensemble malgré tout.
Il termine sa phrase en prenant ma main... Ce geste attendrissant me fait glousser.
Parfois je me sens ridicule mais je pense que c'est normal. Je suis encore une ado.
******
Malheureusement on avait que quelques heures, ce qui est synonyme qu'on pouvait pas tout faire. J'aurais préféré que ça soit une journée. Nous avons commencé par aller à Gandiol. Pour Abdoul, on pouvait ne pas faire pas mal mais ce serait indigne de venir à Saint-Louis sans voir l'embouchure. Je pense avoir rarement vu quelque chose d'aussi impressionnant. C'est indescriptible le fait qu'une eau touche une autre eau sans jamais se mélanger. En tant que scientifique, je connais les rapports particuliers entre les masses d'eau, les formes spécifiques d'érosion et de sédimentation. C'est différent de lire des livres et de le voir. Il avait raison, ça vaut vraiment le détour.
Nous sommes aussi à la réserve qui se trouve également à Gandiol.
Par la suite, nous sommes allées à la ville. Cette historique patrimoine de l'UNESCO, on a fait Nord, Sud et langue barbarie.
Franchement, je suis contente qu'il ait insisté. J'aurais regretté de ne pas être venue. Je regrette même de ne jamais être venue en vacances. Ça m'aurait changé de Dakar.
Sur le chemin du retour, il commençait à faire nuit. Je me rends compte qu'on a pris notre temps et je crains la réaction de Radia. Quant à Aziz, je le trouve anormalement calme.
Peut-être qu'il est inquiet dans son fort intérieur, en tout cas il le cache bien.
Une fois chez le père de Radia, ma mère est la première à parler :
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Ce que la morale interdit (T1 et T2)
Romance"La morale est comme les régimes : elle interdit tout ce qui est bon." FERNAND VANDÉREM