Ce que la morale interdit (T1 et T2)

Chapitre 22

Chapitre 22e

****Abdoul Aziz****

Je pense que les problèmes m'adorent. Peu importe ce que je fais pour les éviter, ils viennent toujours à moi d'une façon ou d'une autre. Pour Radia je n'ai que des mauvaises idées mais je dois avouer que ce faux mariage sur le coup me semblait être une bonne. Azizatou n'aurait jamais su que je l'ai trompé avec Radia et cette dernière aurait eu ce qu'elle veut à savoir mener à bien cette grossesse sans se préoccuper des "Qu'en dira-t-on".

La seule chose que je dois avouer et le fait que je n'ai pas vu venir la réaction est la réaction des parents de Radia en particulier celle de sa mère. Je savais que les vieilles savaient toujours quand une jeune fille était enceinte hors-mariage. Je me suis souvent demandé si elles n'avaient pas des lasers à la place des yeux. Ma mère n'ayant rien remarqué, je me suis dit trop vite que ça va aller et qu'on allait pas se faire prendre. C'était une bêtise de penser ça. On s'est tous les deux bien fait critiquer. Peut-être qu'on a mérité ces reproches. On aurait dû mieux faire les choses. Je suis prête à tout prendre sur moi. Je pense que ma responsabilité est plus engagée dans cette histoire de faux mariage. Je ne pouvais pas laisser Radia avorter et je pense qu'elle en était bien capable. Radia a toujours été très fière, trop fière. Je sais qu'elle préféra toujours commettre un péché à se dire que les autres sont en train de se moquer d'elle. Elle a toujours été une femme particulière et ça depuis que je l'ai connu, depuis que notre histoire a commencé. Je pense le lui avoir déjà dit en tant que femme et épouse, elle est exceptionnelle mais pour tout le reste il faudra revenir. Elle aime trop se prendre la tête sur des choses que moi je considère comme des détails.  

Azizatou, pas de nouvelles depuis hier. J'ai essayé de l'appeler mais sans résultat. Elle avait dit qu'elle allait rentrer aujourd'hui et que ce sera direction Claudel. J'ai envie d'aller la voir à Claudel pour lui parler mais je ne sais comment faire, je ne sais quoi lui dire. Dans ce cas de figure je sais qu'il n'y a aucune possibilité de trouver quelque chose à dire pour défendre ce que j'ai fait avec Radia. On s'est planté deux fois. Autrement dit, il va falloir qu'Azizatou me pardonne deux grosses bêtises. Sans oublier que je lui ai menti sans sourciller quand elle m'a demandé si Radia était enceinte avant. J'avais une ouverture, j'aurais dû lui dire la vérité. Maintenant que j'y repense, je sais que c'était ça la chose la plus judicieuse à faire. Mais comprenez qu'à ce moment-là, j'étais angoissé et j'ai tout simplement opté pour ce qui me semblait être la meilleure des choses à faire. Si je lui avais dit la vérité à ce moment-là, je sais que je l'aurais perdu. Elle serait partie. Qu'est-ce qui pourrais l'amener à accepter de me partager avec une autre en sachant que celle-ci n'est pas ma femme ni religieusement ni officiellement. Finalement si c'était à refaire, je ne changerai absolument rien. Je sais que j'ai plus de chance de tout régler maintenant avec elle, avec le départ de Radia.

Il faut que je lui parle. Ce n'est pas optionnel. Plus je laisserai passer du temps et plus le fait de rebondir sera compliqué.

A 167H, je décide d'appeler sa mère. Je prie pour qu'elle me fasse pas de reproche parce que là oui, j'en ai marre.

Le plus grand problème avec les Sénégalais. Quand c'est la place aux critiques, ils ne font que ça. Il n'y a personne qui essaie de se mettre à ta place, qui essaie de se dire que peut-être que si les rôles étaient inversés, il aurait agi exactement comme tu l'as fait.

J'appelle ma belle-mère en espérant qu'elle ne devienne pas une ex-belle-mère d'ici peu.

Elle tarde à décrocher mais heureusement elle le fait avant que l'appel ne coupe.

-Allo, dit-elle avant que ça ne coupe.

-Assalamou aleykoum.

-Wa aleykoum salam. Abdoul Aziz comment tu vas ?