Ce que la morale interdit (T1 et T2)

Chapitre 14

Chapitre 14

****Ziza****

La première nuit que j'ai passée sans Abdoul Aziz fut sans aucun doute la plus longue de ma vie. On se dit toujours prête pour une union polygame quand on s'engage à être la maîtresse d'un homme mais on ne sait ce qui nous attend. Oui je ne l'ai pas quitté quand j'ai su qu'il était marié. Certains me diront que si dans la mesure où je suis restée quelques jours sans lui mais je pense qu'au fond de moi je n'ai jamais quitté Abdoul Aziz, je n'ai jamais été prête à passer à autre chose. Pour moi, il ne s'agissait que d'une petite pause parce que je lui en voulais d'avoir « omis » de me dire qu'il était marié. Je mets des guillemets parce qu'on sait tous les deux que c'est faux, il n'y a pas eu omission, il a juste choisi de ne pas me révéler qu'il était pas marié et de se cacher sur l'excuse que je ne lui ai jamais posé la question. Qui pose ce genre de question ? C'est le genre de chose qu'on doit dire dès l'instant qu'on a envie d'entamer une relation. Mais bon, ça ne sert à rien de ressasser tout ça. J'étais tombée amoureuse et je me refusais de laisser tomber. Je ne sais même pas pourquoi je conjugue au passé. Il est devenu mon époux et je l'aime comme au premier jour.

Bref, tout ça pour dire que je savais que ça n'allait pas être facile mais j'étais loin de m'imaginer que ça allait être aussi dur.

Je n'aime pas Radia, ça c'est le moins qu'on puisse dire mais je dois apprendre à vivre avec elle. Comme dit notre cher époux je m'étais engagée pour être sa deuxième épouse et pas sa première. D'ailleurs même c'est elle qui était ma première « ndieuké » et surement l'homonyme de notre fille si Dieu nous en donnait une. En outre le fait qu'elle soit partie avait redistribué les cartes. La première gneuké de Radia et demi-sœur d'Abdoul Aziz était devenue la mienne. Maintenant que Radia est de retour, qu'est-ce qui va se passer ? Radia va-t-elle reprendre cette position ? Si Aziz me le propose la réponse sera niet, quand elle est partie parce qu'elle ne voulait pas de moi comme coépouse, elle a perdu ce privilège. J'ose espérer qu'Abdoul me respectera assez pour ne pas me l'imposer.

Je me lève du lit après m'être étirée pas mal de fois.

Je vais prendre une douche et bien m'habiller.

La polygamie craint mais niveau gestion de maison c'est super. Depuis que je suis dans cette maison, il n'y a pas un seul dimanche que j'ai passé loin de la cuisine. On s'est organisé de façon à quand on a Abdoul, c'est notre tour pour la cuisine. Donc c'est deux jours/deux jours. Une chance pour moi, j'ai mon week-end. Un week-end que je compte mettre au profit de la science en faisant des exos. Le second semestre a débuté et les profs n'ont pas de temps à perdre, ils nous accélèrent comme au premier. Par fois je me demande comment je fais pour tenir. En principe, je dois avoir mieux à faire que de me préoccuper de mon cher mari et de son ex/nouvelle femme.

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J'étais devant mon ordinateur en train de lire un article sur la théorie des cordes en me demandant pourquoi je m'impose ça quand j'entends plusieurs voix de femmes. On doit avoir de la visite. La curieuse que je suis décide de sortir pour aller voir.

Je reconnais Sokhna, Fatim et Roubeu. Je me fais pas d'idées si elles sont là c'est parce qu'elles ont su que Radia était de retour, elles ne sont certainement pas là pour mes beaux yeux et Abdoul est parti avec Diatou dans leur ancienne maison. Belle-mère faisait la sieste dans sa chambre tout à l'heure...

Je pense quand même que je dois m'imposer. Nos époux sont le ciment qui maintient cette bande et Radia est autant épouse d'Abdoul que moi. Si elles l'apprécient alors c'est mon droit aussi d'être apprécier en cette qualité.

Je vais les rejoindre dans le salon.

Quand j'entre comme une symphonie, elles arrêtent toutes de parler en même temps. Si j'étais parano, j'aurais dit qu'elles parlaient de moi. Mais je préfère de ne pas trop penser à ça.