Ce que la morale interdit (T1 et T2)

Chapitre 21

Chapitre 21

****Radia****

Dans la voiture avec mon père assis devant, Abdoul conduisant, ma mère mon fils et moi assis derrière toutes mes pensées se tournent vers une citation que j'avais lu il y a peu. Elle disait : « Quand l'orgueil chevauche devant, Honte et dommage suivent de près. » Je ne connais pas le nom de l'auteur, je ne sais même as d'où cette phrase est originaire pourtant j'ai l'impression qu'elle soit faite sur mesure sur ce que je suis en train de traverser.

Peu importe ce que je dirai aujourd'hui, peu importe l'excuse que je peux donner avec le but de justifier l'injustifiable, d'essayer de défendre l'indéfendable, la seule chose que tout le monde retiendra est le fait que je sois tombée enceinte de l'homme que j'ai moi-même quitté et pour camoufler ceci, je décide de faire quelque chose encore pire que tomber enceinte hors-mariage, je fais croire tout le monde que je l'ai épousé. Le faux-mariage est bien pire que la grossesse. Je sais qu'aujourd'hui si ma mère m'en veut c'est bien plus pour ce mensonge que pour la grossesse.

Qu'est-ce qui s'est passé ?

Comment ai-je pu croire que je pouvais tout camoufler de façon aussi simple sans jamais me faire prendre ?

Comment ai-je pu penser qu'une idée venant d'Abdoul pouvait marcher ?

La plus grosse erreur n'est pas d'avoir couché avec lui, la plus grosse erreur c'est de l'avoir quitté.

La vie au sein de la polygamie avec Azizatou n'est pas aussi mauvaise que je l'imaginais. Mais bon, je savais bien que ça n'allait pas être mauvaise c'est juste que j'ai été bafoué dans mon orgueil. J'ai menacé Abdoul Aziz plus d'une fois et tout ce qu'il a fait c'est de me montrer qu'il en avait que faire de mes menaces. En fin de compte, je l'ai quitté simplement pour lui montrer que je pouvais le faire alors qu'en réalité la seule personne à qui j'ai menti dans cette histoire est bien moi-même. Je ne peux pas quitter Aziz. A part vivre la grosse erreur de ma vie, avoir essayé de le quitter m'aura rien apporté.

Je tuerai aujourd'hui pour avoir une machine à remonter le temps. J'aurais tant à changer. Dans la voiture, on dirait que quelqu'un est mort. Le silence était lourd, très lourd. Je sais que si personne ne parle c'est tout simplement parce qu'aucun de nous n'a quelque chose à dire.

Que dire quand tout ce qu'on ressent c'est une énorme déception ?

Je tourne la tête pour regarder ma mère. Mon fils est en train de dormir dans ses bras. Elle le dorlote, le berce. Je me pose cette question : aimera-t-elle l'enfant que je porte comme elle aime Ibrahima ou la considérera-t-elle tout simplement comme l'enfant de la honte ?

J'espère qu'elle l'aimera. Je sais qu'elle l'aimera. L'erreur je l'ai commise avec son père sans doute c'est lui qui m'a chauffé et ce faux-mariage était bien son idée, je voulais dire qu'aucun enfant n'a demandé à naître et je refuserai qu'on le regarde de travers pour les erreurs de ses parents.

Tout à coup, je pense à Mory. Purée, je l'ai quitté lâchement dès qu'Aziz m'a proposé ce faux mariage. Bien au-delà des soucis avec son ex-femme, je n'ai jamais été réellement prête à lui donner la chance qu'il méritait.

Peut-être qu'il m'aurait soutenu en sachant que j'étais enceinte... Je pense qu'il m'a montré plus d'une fois qu'il tenait à moi, mais à quel point ?

Il ne me méritait pas.

Penser à Mory m'amène sans détour à me demander si une seule fois j'étais prête à tourner la page Abdoul Aziz. Je me demande encore comment ai-je pu rester 6 mois en ayant une relation quelconque avec lui, notre fils étant la seule chose qui nous liait. Je suis retournée dans ses bras dès qu'il l'a voulu. Il a juste fallu qu'il voit Mory sortir de mon ancien immeuble qu'il fasse une scène de jalousie et me voilà qui couche avec lui sans penser que je pouvais prendre une grossesse en faisant ça. Aucune protection, aucune contraception...Comment cette grossesse a-t-elle pu me surprendre ? Je suis sûre d'être tombée enceinte ce soir-là. La deuxième fois n'aura servi que pour me pousser à entamer avec Mory une relation qui n'aurait jamais dû être.