Chapitre 3

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Chapitre 3

****Ziza****

Ma mère m'a dit qu'elle voulait que je l'accompagne car elle devait marcher un peu. Je la connais assez pour savoir que c'est pour me parler sans risquer qu'une oreille baladeuse entende.   
Saliou nous accompagne. Il n'a pas eu trop le choix.

-Vous habitez dans une zone assez calme, commence-t-elle.
-C'est parce que c'est une nouvelle cité. Il y a plusieurs maisons en construction. Mais les femmes se sont quand même arrangées pour faire des rencontres (Tourou kogne).
-J'espère que tu n'en fais pas partie.
-Tu me connais assez pour savoir que ce n'est pas mon truc. Sans oublier que je n'ai pas le temps. Je passe mes journées à la fac, je ne peux pas consacrer mon dimanche soir à des inconnues. Ce sera une bonne raison pour qu'Aziz pète un câble.

Nous continuons à marcher et je remarque que Saliou traine les pieds. Je suis sûre que Saint-Louis doit lui manquer.

-Et ta belle-mère ?
-Je te demande pardon...
-Je ne sais pas, cela fait 3 jours que nous sommes j'ai comme l'impression que ta belle-mère ne veut rien à faire avec nous. Quand j'essaie de faire la conversation, j'ai des réponses à demi-mots. Peut-être que nous ne sommes pas les bienvenus. Aziz t'a dit quelque chose ?
-Non. Je ne voulais pas t'en parler mais je dois t'avouer que ma belle-mère ne me porte pas réellement dans son cœur. Je me disais que le fait tu restes n'était pas une bonne idée, j'avais peur qu'elle...
-Ne va pas trop vite, comment ça vous ne vous entendez pas bien ? Qu'est-ce qu'elle te reproche ?
-De ne pas être Radia et d'avoir pris sa place en quelques sortes.

Ma mère lâche un sourire assez nerveux en secouant la tête.

-En quoi, est-ce ta faute si Radia a décidé de partir ?
-Parfois je me demande si mon amour pour Aziz en vaut réellement la peine. Quand je me regarde devant le miroir je ne suis pas sûre d'être heureuse.

Ma mère se stoppe automatiquement m'obligeant à retourner sur mes pas.

-Il y a des bancs là-bas, allons-nous y mettre. On pourra parler plus calmement et je commence à être fatigué.

Je la suis. Saliou prend ma main. On traverse la rue avant d'y accéder. C'est comme un jardin avec des bancs publics. Il fait nuit, nous ne comptons que sur les lumières des lampadaires. 
Nous nous installons.
Je me demande si je n'ai pas lâché une bombe en voyant l'air sérieux de ma mère.
Dire que je ne m'inquiète pas serait un mensonge.
Saliou est en train de jouer avec le portable. Je pense qu'on est tranquille pour un moment.

-Dis-moi toute la vérité. Azizatou, je suis ta mère. Je pense te l'avoir déjà dit. J'aurais dû être davantage là pour toi et tes sœurs. Je n'ai pas choisi une vie loin de vous mais le choix me fut imposé.

Je peux voir une mine triste. Sa voix a même craquée quand elle disait cette phrase. Je sais qu'elle aurait qu'elle aurait voulu que les choses se passent autrement. En revanche, je ne suis pas d'accord avec ce qu'elle vient de dire.

-Je suis désolée de te le dire mais je pense qu'on a toujours le choix.
-J'aurais dû choisir de ne pas refaire ma vie après ton père ?
-Non mais refaire ta vie ne devait pas t'éloigner de 3 de tes enfants.
-Dans ta nouvelle famille, tu comprendras.
-C'est parce que je suis dans ma nouvelle famille que je ne comprends pas. Maman, malgré une situation tendue avec ma belle-mère, je ne t'ai pas demandé d'aller chez Tonton. Parce que tu es ma mère et si je ne peux pas me battre pour toi, pour qui le ferais-je ? De toute façon, qu'est-ce qu'on peut dire aujourd'hui qu'on a pas déjà dit ? Je pense être fière de ce que je suis devenue. Grand-mère a dû faire ce qu'il fallait. En outre, Leïla a encore besoin de sa mère. Maman, rattrape le coup avec elle. Va la chercher. Je connais Oumou, elle est forte. Si tata tente quelque chose contre elle, je pense que c'est de tata dont il va falloir s'en faire. Ceci n'est pas valable pour Leïla.
-Ton père sera d'accord.
-Il nous a bien laissés pendant des années. Une fille a plus besoin d'une mère que d'un père.
-Je vais en parler avec mon époux.
-D'accord. C'est déjà ça.
-Je vois qu'on a finalement changé de discussion. Azizatou qu'est-ce que tu me caches ?
-Rien.
-Tu vas pas me dire que tu as des problèmes avec ton mari après seulement 6 mois de mariage.
-Même quand on sortait ensemble, on avait des problèmes.
-Mais la situation a changé.
-Mais nous sommes restés les mêmes. Maman je savais que je n'étais pas prête pour le mariage. Vous avez quand même réussi à tout accélérer. Abdoul Aziz en premier et toi dès que tu as su que je sortais avec le mari de ta belle-fille, tu en as fait une arme de guerre. 
-Tu penses que j'étais plus vielle que toi quand je suis devenue la femme de ton père ?
-Maman, c'est pas la même chose.
-Explique moi la différence.
-Quand tu étais mariée à papa des cours à l'université ne t'attendaient pas.
-Si tu concevais la situation ainsi, tu aurais dû mieux faire de ne jamais te lancer dans une situation avec Aziz. Et non je n'ai pas fait de cette situation une guerre et voir que c'est que tu en as pensé me montre que tu as une faible estime de moi. Chose qui me blesse au plus haut point.
-Je ne l'ai pas dit pour te blesser, jamais je ne pourrais faire ou dire quelque chose avec cet objectif. Mais maman, j'avais peur de ta réaction si tu apprenais que je sortais ave  le mari de ta belle-fille mais la première chose que tu as dit quand tu as tout su, fut que je devienne sa seconde épouse. Je n'ai senti que le fait que tu veuilles transcender la rivalité que tu partageais déjà avec la mère de Radia sur nous.
-De toute façon, elle est partie. Je vois pas l'intérêt de parler de ça.
-J'aurais quand même préféré qu'elle reste.
-Tu ne serais pas folle parfois ?
-Non maman, j'ai toujours l'impression d'avoir brisé un foyer uni. Même si Abdoul fait de son mieux pour me montrer que leur décision de se séparer Radia et lui ne concerne qu'eux. Je reste convaincue que j'y suis pour quelque chose. C'est moi qu'Aziz a épousé et c'est bien pour ça que Radia est partie.
-Radia est partie de son plein gré. Elle n'est pas partie parce que tu l'as marabouté ou parce que tu l'as contrainte à partir. Si tu as envie de te prendre la tête pour ça, sois sûre que tu seras seule dans ce combat.
-C'est pas un combat.
-J'espère bien. Tant que tu m'assures que tout va bien avec ton époux et tout ce qu'il y a c'est juste des broutilles, ça me va.
-Tout va bien avec Aziz. On a eu du mal quand j'ai fait une fausse couche. Mais je t'en avais parlé. Là aujourd'hui à part mes cours et le fait qu'il déteste être à la maison avant, je pense que le reste on peut gérer.
-Comment tu gères les choses qu'il déteste ?

Ce que la morale interdit (T1 et T2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant