Ce que la morale interdit (T1 et T2)

Chapitre 16

Chapitre 16

*****Abdoul Aziz*****

C'est une fois que les mots sont sortis que je me suis rendu compte que j'y suis allé un peu trop fort.
Radia déglutit avant de se ressaisir et de dire :

-Comment peux-tu oser me regarder dans les yeux pour me dire que tu aimes une autre ?
-Je ne voulais pas dire ça...
-Putain !!! Souffle-t-elle avant de s'asseoir sur le lit. Je pourrais la voir « rire jaune ». Vous savez quand la personne sourit alors qu'elle est aux portes de l'ébullition. Je regrette encore plus d'avoir dit ce que je venais de dire.
-Radia, je...
-Tu quoi ? Après tout ce que j'ai fait pour toi. Aziz, tout ce que j'ai sacrifié. Abdoul Aziz, j'ai fait de toi le centre de mon univers. Je fais passer ton bonheur avant le mien. Peu importe ce que je dois faire je pense d'abord à toi. Et c'est comme ça que tu me remercies ?

Je mets un genou sur le sol pour m'accroupir en face d'elle.
Peu importe ce qui se passe, Radia ne mérite certainement pas ce que je suis en train de faire.
Je prends sa main qu'elle retire automatiquement.

-Je suis désolé, je ne voulais pas dire ça. C'est le genre de conversation que j'aurai préféré éviter.
-Bien sûr. Ce serait tellement plus simple pour toi.
-S'il te plait mon amour...
-Non, ne m'appelle pas mon amour. Tu viens de me dire que tu aimais quelqu'un d'autre. J'ai juste l'impression qu'on vient de me planter un pieu dans le cœur.
-Je ne voulais pas dire ça. Et crois-moi malgré ce que je ressens pour Azizatou, je n'ai jamais cessé de t'aimer. Radia, je t'ai toujours respecté. Je ne sais pas ce que vous vous êtes dites hier mais je sais que si vous avez parlé de ça, elle t'aura confirmé que je n'ai jamais parlé de toi. Pas une seule fois. Je ne voulais pas lui mentir et tu ne mériterais pas que je lui mente à propos de ce qu'on vit juste comme tu viens de dire pour sauver ma peau.
-Tu penses que ce que tu es en train de dire va m'aider à me sentir mieux, dit-elle avec dédain.
-Non, mais c'est la vérité et je pense que tu mérites de savoir. Je regrette de t'avoir menti mais sur le coup, je pensais que c'était ce qu'il fallait faire. Tu sais, j'ai fait d'innombrables efforts pour que jamais tu ne sentes que je vivais une histoire. Et si je l'ai fait c'est parce que je me sentais mal de te faire ça. Tu ne mérites certainement pas ça et comme tu viens de dire je ne mérite certainement pas tout ce que tu fais pour moi. Cette histoire m'aura appris que tu dois savoir la vérité. Elle est dure sans doute mais tu as dit que je ne devais pas te mentir.
-Donc c'est pour ça que tu voulais avoir ta maison à toi ? Pour pouvoir prendre une deuxième épouse ?
-C'est juste une coïncidence.
-Tu penses que je vais te croire ?
-C'est la vérité. Je ne te remercierai jamais assez pour l'aide que tu m'apportes et...
-Apportais. Conjugue au passé. Dou daga barilé bay dokhane, boul kharati dara ci mane (Puisqu'on dirait que tu as assez d'argent pour avoir une maîtresse, ne compte plus sur mon salaire)

Après ces mots, elle s'est levée, m'a contournée et est allée à la salle de bain.
Je me lève à mon tour pour enfin pouvoir m'asseoir sur le lit.
Celle-là, je m'y attendais mais je m'y suis pas vraiment préparé.
Sans les entrées d'argent de Radia ça risque d'être compliqué.
J'ai déjà débloqué le dernier prêt, une partie de l'argent est donné à l'entrepreneur et selon ce dernier on pourra aménager d'ici moins d'un mois.
L'autre partie devait servir à acheter ce qu'il faut pour toute maison vide.
J'avoue que je comptais sur Radia pour cette partie, je doute que ça soit suffisant.
Le pire est que je pouvais mettre de l'argent à côté pour la maison car c'est elle qui cotisait la part qui m'incombait dans les charges de la maison familiale.
Il semblerait que le mois d'avril va être très long.
Finalement le fait de laisser de l'espace à Azizatou n'est pas une mauvaise chose. Je dois faire des économies.
Je vois déjà Radia me demandait de l'argent dont elle a pas besoin juste pour me faire chier.
Encore une fois je me rends compte que j'ai raté une occasion de me taire.
J'aurais dû faire profil bas jusqu'à ce qu'on aménage dans notre nouvelle maison.
Je retourne à mes copies.
Pendant que je lisais une dissertation complètement hors-sujet hésitant entre le 4 et le 5. Radia vient à moi avec juste une serviette au tour de la taille.