Chapitre 32

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Chapitre 32

****Abdoul Aziz****

Après avoir écouté ce que le père de Radia venait de dire, toutes mes pensées vont vers Ibra. Quand il a su que j'« épousais » Radia pour camoufler la grossesse, il m'avait dit la même chose. N'ayant jamais entendu ça nulle part, j'ai préféré ne pas y prêter attention. Il ne faut pas oublier le fait que ce n'est pas parce qu'Ibra le dit que c'est forcément vrai.

Il me semble que j'aurais dû m'abstenir et ne pas succomber à la tentation.

Si Dieu interdit à un homme et une femme de se retrouver seuls dans une chambre c'est bien pour une bonne raison, la raison étant que quand le péché est à portée de main et on ne peut y résister longtemps.

-C'est toi que j'écoute, finit par me dire le vieux après mon silence pesant.

-Je ne peux pas jurer ça.

-C'est bien ce que je pensais. Je suppose que tu n'étais pas au courant mais le mal est déjà fait. Les textes sont là, ma fille t'est maintenant interdite. Elle doit se trouver un autre mari, ça ne peut plus être toi.

Que dire après ça ?

On peut faire ce qu'on veut mais on ne peut aller à l'encontre de l'Islam. Si la religion ne peut nous laisser faire, on ne peut s'y adonner.

Certains me diront « quand tu as couché avec Radia alors qu'elle n'était plus ta femme, tu n'as pas pensé à la religion. » c'est vrai mais ce cas de figure est différent. On parle pas d'une partie de jambes en l'air qui ne dure qu'un court instant. Ici on parle de mariage invalide. C'est un luxe que j'oserai jamais me payer.

Et même si je voulais faire du forcing, le père de Radia sera contre et je sais que Radia ne sera jamais avec moi sans l'accord de son père.

Dans la voiture pour ramener mon ex-beau-père chez sa fille, c'est silence de mort. Le vieux sait que son annonce m'a complètement refroidi et actuellement je n'ai aucune envie de lui parler. Un plaisir de voir qu'il respecte cela.

Oui, j'ai pas honte de le dire, je suis triste. Je tiens énormément à Radia et je ne suis pas prêt à me dire qu'il faut que je renonce à elle et que j'enterre tout ce qu'on a partagé ensemble.

J'aime Radia, je n'ai jamais cessé de l'aimer. Oui je suis tombé amoureux d'Azizatou mais laissez-moi vous dire que si l'un empêchait l'autre, la polygamie ne serait pas autorisée.

Ce que je ressens pour l'une et l'autre est différent mais je sais que je les aime toutes les deux, peut-être pas avec la même intensité mais ça ce n'est pas important.

Ça peut être bizarre pour quelqu'un qui ne cautionne pas la polygamie, pour quelqu'un qui pense qu'il est impossible d'aimer deux personnes à la fois mais je sais ce que je ressens même si c'est inexplicable, je sais que c'est bien réel.

Et c'est le moment où je reviens sur le fait que j'aurais dû me battre après que Radia soit partie. J'aurais dû trouver les mots justes, les bons arguments pour la convaincre de rester. J'étais tellement énervé par le fait qu'elle m'ait demandé de choisir que la réaction la « plus mature » que j'aie eue a été de choisir Azizatou et de lui accorder son précieux divorce.

Je me rappelle quand on a couché ensemble dans son salon. Je suis sûr que ma fille a été conçue ce soir-là. La seule chose que je vais pas me pardonner après avoir signé les papiers du divorce est de n'avoir fait ce premier pas que 6 mois après. Je l'aurais fait dans les 4 mois de période d'attente, elle serait redevenue ma femme dans les règles et on ne serait jamais passé par cette étape merdique.

Ce que la morale interdit (T1 et T2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant