Pression

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Pdv Marc

Pendant l'entraînement, je n'étais pas concentré et mes résultats étaient tout sauf satisfaisants. Mon entraîneur misait sur le coup de blouse après ma défaite de hier, mais je pense que je n'était tout simplement pas dans mon assiette. Après cette séance désastreuse, je décide de partir me promener dans la forêt loin de ce monde un peu trop oppressant pour moi aujourd'hui. En marchant, je sens un pas lent derrière moi . Après quelques minutes je suis persuadé que quelqu'un me suit. Je me retourne brusquement.

- boooouuh!!!!!!!!!!

Mon cœur loupe un battement et je fais un bond d'au moins un mètre en arrière, manquant de tomber à l'atterrissage. 

- Ce que tu peux être con Alex !

-Tu aurais vu ta tête, une vraie chochotte ! 

Il continue à rire tandis que je pars, mine de rien.

- Eh! Attend ! Attend-moi frangin!

Je continue à marcher en prétextant que je ne l'entend pas, mais une question me vient en tête. 

- Comment tu m'as trouvé ?

- Oh... euh rien de plus simple, je t'ai suivi, me dit-il avec un large sourire collé sur le visage.

- Et je peux savoir pourquoi ?

- Parce que je t'ai vu partir en pleine forêt, seul, avec toute la tristesse du monde sur tes épaules et que tu n'as pas été honnête au petit déj'. 

Je le scrute un instant puis décide de lui laisser sa chance et sourie pendant que je lui tourne le dos. Mon frère est la personne qui me connait le mieux sur cette terre et il sait souvent mieux que moi-même ce que j'ai dans la tête et comment faire pour m'en débarrasser si ce ne sont pas des bonnes choses. 

- Bon... viens par là ! Qu'est-ce que tu attends ?

Il se dirige vers moi, et nous voilà partis pour une longue balade dans les bois.
Au bout d'un certain moment, je sens une pression visuelle insoutenable sur moi.

-Quoi ?

-Rien, je me demandais juste si ça avait un rapport avec Fabio ?

-La défaite tu veux dire?

- Ouais...

Je le regarde longuement, avant de lui mettre une tape sur l'épaule.

- Tu sait petit frère, il y aura d'autres défaites. Et c'est pas pour ça que je vais laisser tomber.

Ouais je sais, t'es un battant.

On se met à rire sans pouvoir nous arrêter.

Mon frère était vraiment la personne la plus précieuse de mon entourage. Je m'entendais bien avec mes parents, avec Emilio, avec Alberto, mais avec Alex, nous n'avions pas vraiment besoin de nous parler pour nous comprendre, et ce depuis tout petits. 
Après cette balade réparatrice, je décide de revenir au circuit et de regarder les autres faire leur entraînement. Certains pilotes courent sur le circuit parce que ça aide notre cerveau à le cartographier et ça nous permet de vraiment sentir la piste, pour savoir où nous allons avoir le plus d'adhérence. Viñales s'élance depuis la ligne de départ pour faire un footing léger. Ensuite c'est au tour de Johan Mir, qui décide de partir en sprint. Le troisième se trouve être Fabio. Torse nu, il s'échauffe un peu avant de se lancer, Tom à ses côtés sur la trottinette avec un chronomètre à la main. Je scrute attentivement son tour, et comprend qu'il a fait un excellent temps lorsque Tom le félicite. 

Sans savoir pourquoi je me sens en colère de le voir si fier, comme si plus personne ne pouvait l'atteindre et qu'il était intouchable, quoi qu'il fasse. D'un coup je commence à marcher vers mon box, me met en tenue et pars à toute vitesse. Je demande à un gars de ma team de me chronométrer et il tente de me soutirer des informations car ce n'est pas mon habitude d'aller courir sur la piste avec les autres, mais rien n'a d'importance, je suis tellement en colère que je ne m'échauffe même pas avant de partir à toute allure. Je finis le tour sans m'en rendre compte et en commence un deuxième avec un rythme encore plus élevé. Au bout du troisième tour, je vois que les autres pilotes me jètent des regards interrogateurs mais je remarque surtout le regard que me lance Fabio et je ne peux plus continuer. Je reprend mes lunettes de soleil des mains de celui qui tenait le chronomètre et pars sans même prendre connaissance de mon temps. Je claque la porte de mon camion et m'écroule sur le lit. Je ne savais même pas pourquoi j'étais dans cet état, mais le simple fait d'avoir fait ces tours prouvait que j'avais peur de ce blond et pas seulement pour la compétition. Il me faisait me sentir faible pour je ne sais quelles raisons.

Après un coma d'une heure, je me réveille et pars prendre une douche et avant que je réussisse à m'habiller, quelqu'un frappe à la porte. Mon corps et mes cheveux sont encore trempés et croyant tomber sur mon frère, j'enfile simplement une serviette autour de ma taille.

- J'arrive dans une minute !

Je secoue ma tête pour essorer mes cheveux et mes boucles humides apparaissent instantanément, tombant sur mon front. Je pars ouvrir la porte et tombe sur Quartararo tout souriant sur mon palier. Je reste paralysé devant la porte et aucun mot ne sort de ma bouche. Au bout de plusieurs secondes de malaise, il se décide enfin à parler.

- Salut...tu veux bien qu'on parle ? 

Cette phrase me glace le sang de mes orteils jusqu'à mon front. Mais je fais comme si de rien n'était et essaye de rester de marbre.

- Euh oui, ok. Entre.

Il s'execute et une fois à l'intérieur, examine toute la pièce en évitant de me regarder.

- De quoi tu voulais me parler ?

- D'aujourd'hui...

-Mais encore...dis-je ironiquement, lui faisant bien comprendre qu'il est beaucoup trop énigmatique.

Cette situation n'a aucun sens. Je crois qu'à part mon frère, Pedrosa et Pol, aucun autre pilote n'était venu dans mon camion jusqu'à présent. De quoi il se mêle ? Peut-être était-ce le bon moment pour le déstabiliser, sans le laisser croire que c'est moi qui le suis. 

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