Rivals

Les espions

Pdv Fabio

Nous finissons tous les deux à bout de souffle au bord de la piste après un peu moins d'une heure d'exercices en tous genres. Les mains sur les genoux, Marc se retourne et me regarde dans les yeux par-dessus son épaule. En se relevant il passe près de moi et s'arrête pour murmurer à mon oreille.

- On est espionné.

Son souffle dans mon cou me fait tellement frissonner que j'ai du mal à retenir un tremblement. Je pivote ma tête vers lui alors qu'il ne s'est pas dégagé de mon oreille et nos visages se retrouvent presque collés l'un à l'autre. Marc s'écarte d'un pas et semble rougir.

- Euh... là-bas : Viñales et ton pote, dit-il la tête basse.

Je suis totalement bloqué sur son visage. Je secoue discrètement ma tête pour reprendre mes esprits et regarde au loin.

Tom et Viñales nous regardent attentivement en se disant des phrases à tour de rôle. D'un coup je me sens oppressé et décide de me retourner vers Marquez pour reprendre des forces, mais je le vois partir en courant vers son box.
Je me sens un peu désemparé, laissé seul ici, et commence à angoisser sur la raison de son départ. Je sais que rien de ce qui se passe n'est normal et je me demande vraiment ce qu'il m'arrive. 

Je rentre au ralenti et passe derrière les deux espions. Tom m'appelle d'une voix joviale.

- Eh salut mon pote!

- Salut.

- Tu m'explique ce que tu faisais avec ton ennemi ?

Je grimace un peu en entendant le terme qu'il a choisi d'utiliser pour le désigner puis me rapproche de lui pour que personne d'autre n'entende. Je ne sais pas quoi lui répondre. Tellement de choses s'étaient passées depuis quelques jours que c'était beaucoup trop compliqué de trouver une seule raison et une explication simple. 
Je le regarde et lui offre pour unique réponse un faible haussement d'épaules. Il me connait et n'essaye pas de me questionner davantage.
Je lui lance un sourire de remerciement, avant de partir vers ma loge.

Après une sieste d'environ une heure, je pars manger à l'hospitality puis rentre m'allonger sur mon canapé pour m'entrainer sur la play mais sens une gêne au niveau de mon dos. Je passe ma main en dessous de façon à tirer assez fort pour dégager l'objet en question.
Une fois sorti, je reconnais directement la veste de Marc et mon cœur manque un battement.
Je me redresse et regarde attentivement le vêtement. Je reste là, assis avec le blouson sur les genoux sans vraiment comprendre ce que j'attends. Ou peut être que je ne veux pas me l'avouer.
D'un coup quelqu'un entre en trombe dans la pièce.

- Tom, tu pourrais frapper au moins!

- Non, je suis ici chez moi gros débile.

Je laissais échapper un rire entre mes dents.

- Pourquoi t'es chez toi, si je peux demander ? Dis-je avec le ton le plus sarcastique possible.

- Tous les pilotes son réunis pour faire un apéritif avant le gros week-end qui vous attend.

Je ne répond pas et hausse tout simplement les épaules .

- Donc... tu dois venir.

- Je sais pas trop. J'ai pas la tête à ça ce soir.

- C'est à cause de Marquez ?

Sa question me surprends et je cligne plusieurs fois des yeux en cherchant une bonne répartie. Mais je décide de lui mentir et au passage de me mentir à moi-même.

- Non, c'est qu'on a déjà fais soirée hier soir et que c'est un peu inhabituel, ça sort de mon programme. Pourquoi tu me demandes ça ? 

- Parce que je te vois de moins en moins et c'est souvent parce que tu es avec lui.

- On est en quelque sorte devenus amis...

Il se stoppe net et soude ses yeux aux miens.

- Attends quoi ? Tu es "en quelque sorte" devenu ami avec ton principal rival en course ? C'est exactement ce que je craignais... 

Une fois de plus je le regarde et me contente de hausser les épaules. Je sais pourquoi il semble si préoccupé et si je pouvais le rassurer je le ferais mais la vérité est que je ne parviens pas à me rassurer moi-même. 
Il lève les yeux au ciel en soufflant d'agacement, se mordille quelques secondes les lèvres et décide de reprendre.

- En tout cas il faut que tu viennes. Tout le monde est là, ça va faire bizarre si tu viens pas.

En y réfléchissant, il n'a pas totalement tort. Ce serait un signe de faiblesse de ne pas venir et ce serait comme si je tentais de m'éloigner volontairement du groupe alors que je me rapproche de Marquez. 
Machinalement je prend la veste en cuir et suis Tom jusqu'au lieu de divertissement.