Pdv FabioDeux jours et demi. Voilà le temps qu'on a pu passer sans se parler. Voilà le temps que j'ai réussi à tenir. Je remerciais le ciel pour avoir mis la conférence pourtant habituelle sur notre chemin. Aurais-je tenu un jour de plus ? Par fierté ?
Cette situation était insoutenable. Je sentais qu'un mur s'érigeait entre nous et je ne pouvais rien faire pour l'arrêter de grandir. Je ne sais pas vraiment pour quelle raison mais je sentais qu'il fallait que nous nous parlions avant la conférence, pour notre propre bien.
- Bon j'espère que t'es prêt. Je t'ai préparé une gourde de Monster et tes lunettes de soleils, me dit Tom en pointant du doigt le plan de travail. Bon courage.
Il s'éloigne sans rien ajouter et sans même venir me taper dans la main.
- Eh !
Il s'arrête avant de passer la porte et se retourne vers moi rapidement, le regard fermé.
- Quoi tu veux me parler maintenant ?
Avec ce qu'il se passait en ce moment entre Marc et moi, je n'avais vraiment pas besoin d'une première dispute avec mon meilleur ami. Je me lève et m'avance vers lui.
- Tu sais bien que c'est pas contre toi... J'ai simplement besoin de m'isoler pour me concentrer et je vais toujours voir le psy régulièrement si ça peut te rassurer. J'ai besoin de toi mais c'est juste qu'en ce moment, j'ai besoin d'un peu plus de sérieux et d'un peu moins de...fun.
Je dis cette dernière phrase avec un sourire timide mais cela ne contribue en rien à dérider le sien. Il baisse les yeux vers les sol, semblant réfléchir au sort qu'il me réserve. Mon corps est entièrement tendu jusqu'à ce qu'il lève de nouveau son visage vers moi, avec un grand sourire.
- Je serais toujours là pour toi fréro, tu le sais, et j'espère qu'un jour tu me dira la vérité.
Il me tend la main et nous effectuons notre check habituel avant qu'il passe la porte pour de bon. Je soupire de soulagement et vais m'écrouler sur le canapé. Dois-je envoyer un message à Marc pour que nous nous retrouvions avant la conférence ? Et s'il avait vraiment eu envie de couper les ponts jusque là, est-ce que je ne serais pas trop collant ? Marc est quelqu'un d'indépendant, qui n'a pas besoin des autres pour avancer, pour vivre sa vie, et il n'a sûrement pas besoin de moi. En réalité, si j'étais honnête envers moi-même, je savais que je n'avais pas besoin de lui non plus. Je le voulais près de moi, ce qui était entièrement différent. Finalement, qu'est-ce qui pourrait mal se passer ? Ce n'est qu'une presse conférence.
***
Evidemment, il arrive légèrement en retard mais ce n'est pas une mauvaise chose puisque cela force tout le monde à le regarder, mon regard vers lui n'étant qu'un parmi les autres. Il s'assoie sur la dernière chaise disponible, à l'opposé de la mienne, Mir nous séparant. Il me regarde un instant après s'être assis et mime un mot avec ses lèvres que je ne parviens pas à déchiffrer. Je me détourne troublé et mal préparé pour la première question qui me tombe dessus. Pendant que la femme se lève pour parler je décide de prendre une gorgée de Monster pour me rafraîchir un peu, la température de mon corps grimpant en flèche depuis l'entrée du retardataire.
- Bonjour à tous. Pour commencer, une question pour vous Fabio. Comment vous sentez-vous physiquement à l'heure d'aujourd'hui et vous sentez-vous prêt à vous faire le champion du monde avant cette pause estivale ?
Sans pouvoir me retenir, je m'étouffe et recrache la moitié de ma gorgée par terre. Quel genre de journaliste utilisait cette expression ? Après la surprise emplie d'une légère inquiétude, un rire général s'était installé dans la salle et je ne pu m'empêcher de vérifier si Marc riait aussi. Evidemment, il affichait un sourire amusé, comme tous les autres, mais il était également rouge écarlate, ce qui me donna envie de dire quelque chose de stupide.
- Vous savez pour le moment, je me le fais en beauté.
Cette fois-ci c'est Marc qui manque de s'étouffer. Quelques instants plus tard, la journaliste comprend ce que j'ai voulu dire et reprend sa question.
- Oui effectivement, le champion du monde en titre, Mir, ne vous inquiète pas plus que cela en ce moment mais je parlais de votre véritable rival actuel : Marc Marquez.
Je fais semblant de ne comprendre que maintenant et je vois au regard noir de Marc qu'il est temps que je me reprenne.
- Je ne vois pas l'avenir comme vous le savez mais bien sûr on a envie de gagner ici et les Honda ne sont pas particulièrement à leur aise sur ce circuit donc je pense que c'est une bonne opportunité de prendre une petite avance au championnat avant cette pause et la reprise sur un circuit qui nous est moins favorable.
Je me demandais parfois pourquoi les journalistes posaient certaines questions alors qu'ils n'avaient pas vraiment besoin de nous pour connaitre les réponses. Le reste de la conférence se déroule sans encombre jusqu'à ce que que la question des réseaux sociaux arrive pour la clôturer.
- Alors... une question concernant une affaire en cours entre Joan Mir et Fabio. Nous avons vu sur vos stories respectives que les hostilités avaient cessé et nous savons également de source sûre que vous avez voyagé jusqu'ici chacun de votre côté, alors la question est : êtes-vous proches au point de voyager ensemble à présent ?
Je me retourne immédiatement vers Mir qui me regarde avec incompréhension. Certains pilotes derrière nous rigolent et Miller fait la blague en mimant l'outrage qu'il ressent au vu de cette trahison, la bouche grande ouverte et le poing refermé sur son coeur comme s'il venait d'y enfoncer un poignard. Lorsque le silence se réinstalle je décide de prendre la parole pour couper court à tout cela.
- Oui effectivement, je n'ai pas voyagé avec Tom mais avec quelques membres de mon équipe. Nous sommes de nouveaux bon copains avec Joan et c'est tant mieux mais non, nous ne voyageons pas ensemble.
- Ce que je voulais dire, reprend le journaliste un peu trop zélé, c'est que nous savons que vous n'avez pas voyagé avec des membres de votre équipe non plus alors les internautes aimeraient savoir : comment vous êtes-vous rendu jusqu'ici ?
A ce moment précis, je revoyais Marc, endormi devant le hublot de l'avion, plus beau que jamais. Il avait insisté pour que nous soyons face à face et non côte à côte, à cause de l'hôtesse et du steward qui venaient de temps en temps nous demander si nous n'avions besoin de rien. Je comprenais mais lorsqu'il m'avait proposé de voyager avec lui, je m'étais imaginé ma tête sur son épaule et mes doigts enlacés dans les siens durant tout le vol. Je n'avais pu que l'observer de loin avant de m'endormir à mon tour.
- Je pense que cela relève de la vie privée non ? Je pense aussi que nous arrivons à la fin de cette conférence.
La voix de Marc me ramène immédiatement à moi et je ne peux m'empêcher de lui jeter un regard complètement ahuri pendant qu'il se lève pour quitter la pièce. Les autres le suivent presque immédiatement et les journalistes ne tardent pas à les rejoindre vers la sortie. J'ai du mal à comprendre ce qui vient de se passer et je reste seul sur ma chaise. Qu'est-ce que j'aurais fini par répondre s'il n'était pas intervenu ? La vibration de mon téléphone au creux de ma poche vient interrompre ma réflexion et je vois c'est Marc qui vient de m'envoyer un message : "Retrouve-moi dans ma loge dans cinq minutes".
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Rivals
FanfictionCe sport est sans pitié et ils se feront prendre à son jeu. Deux pilotes au plus haut niveau s'affrontent autant sur la piste que dans leur vie personnelle et les enjeux s'entremêlent. La limite entre les deux mondes qu'ils doivent concilier est trè...