Pdv Fabio
Mes yeux s'ouvrent douloureusement sous les rayons du soleil qui traversent la petite fenêtre de la chambre. Ma première vision est celle d'un Marc endormi, la tête enfouie dans son coussin. Je ne sais pas combien de temps je reste là, immobile, à l'observer dormir.
Avant je trouvais cette idée ridicule et aujourd'hui je suis sûr que je pourrais passer ma journée à le regarder, mémorisant chacun des grains de sa peau, chaque angle de son visage.
Je n'ai qu'à fermer les yeux pour sentir de nouveau ses lèvres sur ma peau, le bout de ses dents qui titille le point sensible sur ma clavicule, ses doigts qui se referment sur les miens. Toutes ces images reviennent par vagues et je n'ai qu'une envie : les revivre.
Le problème, c'est que nous vivons en décalé. Le week-end est le moment où nous travaillons le plus et le début de semaine, notre week-end. Ce n'est pourtant pas ce qui empêche trois grands coups de retentir sur la porte.
Je sursaute en même temps que Marc, ce qui fait qu'il n'a pas le temps de voir que je l'observais.- Hermano ! Qu'est-ce qui te prend de fermer à clé ? Viens m'ouvrir !
Alors qu'il s'apprête à répondre, je place rapidement ma main devant sa bouche.
- Si tu ne réponds rien il va croire que tu es parti courir.
Je ne sais pas si c'est le fait de m'entendre chuchoter pour la première fois ou la situation en général qui provoque cette réaction mais Marc ne peut pas se retenir de rire. Je n'arrête pas de lui faire signe de se calmer mais je vois bien les larmes dans ses yeux alors j'attrape le coussin sous sa tête pour étouffer les petits cris qui transpercent sa gorge.
Après une minute sans tambourinage à la porte, je me lève prudemment pour aller vérifier.
- C'est bon. Il est parti.
Il éclate de rire en se cachant sous la couette. Ce son est définitivement le plus magnifique et le plus sexy que je n'ai jamais entendu.
- Au moins cette semaine on aura plus à avoir peur que quelqu'un vienne nous déranger.
- A propos de ça...
Sa tête sort immédiatement de la couette et il me jette un regard paniqué.
- Tu ne veux plus y aller c'est ça ?
- Mais si idiot ! Je dois juste l'annoncer à mes parents que je devais aller voir à Nice et à Tom, à qui j'avais promis qu'on irait à Paris.
Tout à coup je me rend compte qu'ils vont forcément poser des questions, pour que je me justifie sur mon désistement. Il fallait forcément une raison, quelque chose qui explique que je parte ailleurs, seul. Je ne voulais pas leur mentir mais je ne pouvais pas non plus leur dire la vérité.
Me voyant réfléchir, Marc se lève avec son caleçon noir et s'avance vers moi tout sourire. À ce moment précis, je ne suis pas à un mensonge près.
***
- Tu plaisantes ? Un stage sportif et je ne suis pas au courant ?
Tom n'en revient pas et peine même à me croire et je me dis que ce n'est pas le meilleur mensonge que j'aurais pu trouver, mais c'est trop tard maintenant.
- Je pense surtout que je ne suis pas au courant d'autre chose...
- Quoi ? Mais de quoi tu parles ?
- Eh tu me prends pour un débile ou quoi ? T'es plus dans le coup en ce moment, j'vois bien que tu fais des résultats et tout mais dans la tête c'est plus pareil, t'es ailleurs et ça peut te coûter cher.
Je me sentais acculé et je ne savais pas quoi lui répondre. Serait-ce si grave si je lui disais la vérité là maintenant ? Je sais que Tom garderait le secret et ça me simplifierait grandement la vie.
- Si tu crois que j'ai pas compris que tu ne vas plus voir le psy tu te mets le doigt dans l'œil ! Alors je sais pas si c'est vraiment un stage sportif mais t'as intérêt à te reconcentrer mec.
- Je suis... euh... je suis désolé pour Paris, mais c'est une occasion en or ce stage et comme ça je prendrais trois jours de repos après et on ira !
- Ça va pas !? Profite de ta famille, moi aussi j'ai le droit à des vacances de toi ! finit-il par me dire en me tapant sur l'épaule en riant.
Je le remercie et je remonte dans ma loge pour prendre mes affaires. Au bout de dix minutes j'entends qu'on frappe à ma porte. Marc se tient là, regardant autour de lui nerveusement et piétinent sur place comme un petit enfant. J'aimais tellement le voir comme ça.
- Eh salut, je me disais, tu sais... je voyage en jet privé et Emilio ne le prends pas avec moi alors il me reste une place et... tu sais...
Je prends conscience de ce qu'il me demande lorsque je le vois se gratter nerveusement la nuque.
- Mais ça va pas ?! Et qu'est-ce que je vais dire à Tom ? Tu sais bien qu'on fait la route ensemble en voiture et...
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que les deux mains de Marc me pousse en arrière vers l'intérieur avant de se placer des deux côtés de mon visage.
- Oui je sais, mais est-ce que Tom peut te faire ça...
Il termine sa phrase avec sa bouche au creu de mon cou et je ne peux m'empêcher de rire sous l'effet de la surprise.
- ou ça...
Cette fois, sa main descend en-dessous de ma ceinture et sa bouche attaque directement la mienne. Je ne peux m'empêcher de pousser un gémissement lorsqu'il mord ma lèvre inférieure en souriant. D'un coup, il s'écarte, se passe une main dans les cheveux, regarde derrière lui puis croise les bras en me regardant fixement.
- C'est bon je..., dis-je avant de m'éclaircir la voix, c'est bon je viens.
Je cours jusqu'aux camions KTM et toc à la porte du camion où je sais que Mathilde se trouvera : celui de son père.
Heureusement c'est elle qui ouvre et je la supplie de forcer Tom à me jeter pour elle. Je lui demande également de ne pas poser de questions et même si elle trouve tout cela suspect, l'idée de faire le voyage en amoureux avec Tom ne lui déplait pas trop.
Dix minutes plus tard je suis dans l'avion de Marc avec mon masque, mes lunettes de soleil et ma casquette et je reçois un message de Tom qui me dit que je vais devoir voyager avec l'équipe.
- C'est réglé ? me demande Marc avec un sourire malicieux.
Je me lève et place mon masque sous mon menton pour déposer un simple baiser sur ses lèvres. Lorsque nous entendons le pilote gravir les marches nous nous écartons rapidement et Marc affiche son plus beau sourire en allant serrer la main de l'homme.
Cette relation secrète était aussi excitante qu'exigeante pour le moment mais je sentais au fond de moi qu'un jour, l'un de ces deux aspects prendrait le dessus sur l'autre.
VOUS LISEZ
Rivals
FanfictionCe sport est sans pitié et ils se feront prendre à son jeu. Deux pilotes au plus haut niveau s'affrontent autant sur la piste que dans leur vie personnelle et les enjeux s'entremêlent. La limite entre les deux mondes qu'ils doivent concilier est trè...