Pdv Fabio
Les moteurs vrombissent et la foule est en délire. Puisque j'ai gagné la course à Portimao, nous sommes pratiquement ex aequo et il me suffit de finir deuxième ici, même si Marc est premier, pour conserver ma place de champion du monde avec seulement quelques points d'avances. Je ne me rendais pas compte de la pression qu'on pouvait ressentir pour cette fameuse dernière course, surtout quand tout s'y joue.
Je suis en pole position et Marc est à ma droite, avec Oliveira après lui. Je fais un signe de tête au Portugais puis tourne les yeux vers l'Espagnol. Il me regarde à son tour et je revois les mêmes yeux que lors de notre première course de la saison ensemble. Personne ne peut prévoir ce qu'il va se passer et j'embrasse ma chaîne en argent en priant pour ne pas avoir de problème technique. Il m'offre un clin d'oeil avant d'abaisser sa visière, comme il avait l'habitude de le faire et je me sens immédiatement mieux. Lorsque je me prépare à prendre mon départ, je fais le vide dans mon esprit. J'efface les yeux humides de Marc, ses mains dans les miennes, son regard avant de dire ce qu'il a dit à l'interview. Tout ça laisse place au tracé du circuit, très clair dans ma tête, et lorsque je réouvre les yeux, le départ est donné.
Dès le premier virage, Marc passe à l'intérieur et parvient à garder la corde, ainsi qu'Oliveira et Mir, à cause de mon très mauvais départ. J'essaie de rester calme et de ne pas me maudire pour l'instant. Il ne faut pas que je pense au championnat mais seulement à cette course, comme n'importe quelle autre course. L'objectif était la victoire, ou alors d'avoir la meilleure place possible. Je sors mieux que Mir dans les virages et il n'est pas bon en début de course, ce qui fait que je parviens à le doubler rapidement. Pour Oliveira c'est plus compliqué et au bout de trois tours je parviens à être vraiment collé dans sa roue arrière. Il a un rythme de course incroyable, mais moins élevé que le mien. Au bout de deux tours coincé derrière lui, je parviens enfin à trouver l'ouverture pour le doubler et pars loin devant. Je peux encore voir Marc, même s'il doit avoir trois secondes d'avance maintenant. Centième par centième, je pousse de toutes mes forces pour le rattraper mais il fait de même pour me semer. La course me semble moins longue que les autres parce que je ne pense à rien d'autre qu'à rester sur ma moto. À trois tours de la fin, je suis incapable de rester calme sous mon casque. Je sais que la distance que nous avons mis entre nous et les autres nous protège d'une quelconque attaque de dernière minute et je roule plus tranquillement, pour ne surtout pas faire d'erreur. Dans le dernier tour, je pleure et mes larmes m'empêchent de voir correctement la piste. Lorsque je vois Marc passer la ligne d'arrivée, je laisse ma tête retomber sur mon réservoir.
Je l'ai fais. Je suis champion du monde. Toute mon équipe est pendue à la grille et hurle comme jamais auparavant. Je m'arrête sur le bord de la piste et m'effondre pendant qu'ils tentent de faire passer le tee-shirt de champion du monde par-dessus ma combinaison. Avant que je ne redémarre, Oliveira vient me taper dans la main pour me féliciter, suivi de mon idole, Valentino Rossi. C'était exactement un de mes rêves lorsque j'étais gamin. J'étais sacré champion du monde et c'était Rossi qui me mettait une couronne sur la tête. À l'époque, j'apparentais ça à être roi du monde.
Arrivé dans le parc fermé, je ne vois plus rien autour de moi. Toutes les personnes de mon équipe m'entourent et sautent dans tous les sens. Je n'arrive pas à y croire jusqu'à ce que je croise le regard de Marc. Il n'a pas du tout l'air déçu. Au contraire, il semble... comblé. Pour que tout soit parfait, j'aimerais le prendre dans mes bras, l'embrasser, remettre ses cheveux en bataille dans un état correct et le féliciter pour sa victoire. Il fait le premier pas et s'avance vers moi pour me serrer la main. Nous nous regardons et il me félicite en me pointant du doigt avant de m'attirer à lui.
- Je suis tellement heureux pour toi.
Je crois que je m'attendais à tout sauf à ça. Je pensais qu'il serait peut-être déçu, ou même en colère. Mais rien de tout ça. Il me regarde avec des yeux emplis de tendresse et de gentillesse et j'ai l'impression de fondre sur place. Eric et les autres viennent interrompre ce moment en m'attrapant les jambes et en me soulevant au-dessus de leurs têtes. Devant les micros, je ne trouve pas mes mots et suis incapable d'exprimer toute la joie que je ressens. Je ne fais que pleurer sur le podium, jusqu'au moment où il faut balancer du champagne sur toute mon équipe en bas. Dans le box, les confettis volent partout et on ne s'entend même plus parler à cause des cris. Au bout d'un moment, Tom vient m'attraper par la manche pour m'emmener dans un coin plus discret.
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Rivals
FanfictionCe sport est sans pitié et ils se feront prendre à son jeu. Deux pilotes au plus haut niveau s'affrontent autant sur la piste que dans leur vie personnelle et les enjeux s'entremêlent. La limite entre les deux mondes qu'ils doivent concilier est trè...