Pdv Marc
Je ne pouvais pas oublier. Je ne pouvais pas faire comme si rien ne s'était passé. Encore une fois j'ai passé une sale nuit à cause de ce petit blond et cette fois-ci pour une bonne raison. Embrassé. Il m'avait embrassé bordel. Si ça venait à se savoir, j'étais bon pour être en couverture de la presse espagnole pendant une année entière !
Le vrai problème, au fond, c'est que j'ai aimé ça non ?Je fais taire cette foutue voix au fond de ma tête avant d'enfiler ma combinaison et mon casque. Lorsque je me retrouve dans le silence complet avec les bouchons d'oreilles je ferme les yeux et me concentre sur le seul bruit qui parvient à transpercer cette mousse : le vrombissement des moteurs.
Au moment où j'ouvre les yeux ces derniers voient immédiatement la moto de Quartararo qui passe devant mon box. Il ne tourne même pas la tête vers moi pour me lancer un petit regard de défi et je me dis que cela va me manquer. Je secoue la tête en essayant de chasser du mieux que je peux le souvenir de ses lèvres sur les miennes et je me lève pour enfourcher ma moto.Les Honda ne sont pas faites pour ce circuit normalement, ce sont les Ducati qui partent gagnantes. Mais je prends des trajectoires que personne n'ose prendre, ce qui me fait gagner du temps précieux. Personne d'autre que moi, mis à part Fabio. Lorsque je rentre au stand pour indiquer mon ressenti à ma team et faire d'éventuels réglages, je vois Fabio effectuer son tour sur mon écran. Je regarde attentivement les courbes qu'il prend et sa maîtrise m'impressionne. Parfois, la puissance semble le déborder et j'ai l'impression de le voir à travers les mouvements de la moto.
On me tape sur l'épaule pour que je reparte et je vois que Fabio a battu mon temps de quelques centièmes avant de renfiler mon casque. Cela m'impressionne autant que cela me met en rogne.Je repars de plus belle et force tellement sur la moto que je manque de tomber à plusieurs reprises. Ce n'est pas important, ce n'est pas pour rien qu'on me surnomme souvent le "funambule".
Lors de mon dernier tour, je parviens à me qualifier pour la pôle position devant Fabio, qui avait pourtant amélioré son temps.Lorsque j'enlève mon casque dans le box, tous mes cheveux restent collés à mon front tellement j'ai transpiré. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas autant fatigué pour une qualification.
Au final, j'avais probablement tort, cette relation entre Fabio et moi, même dans tout ce qu'elle a de plus flou et incompréhensible encore, m'aidait peut-être à être encore plus fort, à aller plus loin.
En le voyant passer devant mon stand en trottinette, je ne peux m'empêcher de me sentir coupable de lui enlever sa pôle. Je me ravise aussitôt : c'est le jeu.
S'il avait pu me battre il l'aurait fait.
Il l'aurait fait pas vrai ?Cette question me hantait et je ne parvenais pas à me mettre en condition pour la course. Est-ce que sa nature gentille et profondément altruiste l'avait poussé à me laisser gagner ? A ne pas aller au maximum de ses capacités pour me battre ? Ou avait-il peur des représailles, peur que je vienne le voir ?
Depuis quand je me pose autant de questions c'est dingue !Avant que ma tête n'implose je décide d'en avoir le cœur net.
Je me rend à son camion discrètement, en vérifiant que personne ne m'a vu et que plus aucune caméra ne traine dans le parc, puis toque à la porte. Il met quelques secondes pour venir. Lorsqu'il ouvre, torse nu, je remarque, immédiatement après la perfection de son corps, les cernes sous ses yeux. Il baisse rapidement ces derniers pour contempler le sol, gardant la main sur la poignée.- Je te dirais bien d'entrer mais Eric me surveille de près ces temps-ci et puis, je n'ai pas très envie de te voir ce soir. Demain c'est la course, prépares-toi bien.
En disant cela il commence à me refermer la porte au nez et j'arrive à placer mon pied à temps pour l'empêcher de le faire. Je savais qu'il était mal à l'aise par rapport au baiser et peut-être un peu en colère pour la pôle mais je devais en avoir le coeur net.
- Est-ce que tu m'a laissé gagner ?
La porte s'ouvre de nouveau lentement et je tombe nez à nez avec ses yeux plein de rage. C'était tellement rare de le voir ainsi que je manquais de faire un pas en arrière.
- S'il n'y a que ça qui t'obsèdes alors non, Marc, je ne t'ai pas laissé gagner. T'as fait ton meilleur temps dans les dernières secondes, qu'est ce que j'aurais pu y faire ?
Je me trouve immédiatement idiot de ne pas avoir réfléchi de cette manière et lorsque je croise les yeux épuisés de Fabio, je n'ai qu'une envie, le prendre dans mes bras. Je me retiens quelques instants en me rappelant que c'est totalement insensé puis il baisse de nouveau la tête en essayant de fermer la porte pour de bon.
- Si tu n'as plus rien à me dire je te conseilles de...
Je ne le laisse pas finir sa phrase et le pousse dans sa loge en même temps que je l'entoure de mes bras. Je le sers si fort que je pourrais l'étouffer mais cela me procure une telle sensation de bien-être que je ne parviens pas à desserrer mon étreinte. Je l'entends respirer dans mon cou et des frissons me parcourent l'échine lorsque mes doigts sentent les muscles de son dos se décontracter. Je ne pouvais pas supporter de faire du mal au gens. En moto, il y a les courses et ses faits et on y peut rien, on devient quelqu'un d'autre et on fait tout pour gagner. Dans la vie, je refuse de blesser qui que ce soit, du moins lorsque ce n'est pas intentionnel, et je n'allais sûrement pas commencer avec Fabio.
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Rivals
FanfictionCe sport est sans pitié et ils se feront prendre à son jeu. Deux pilotes au plus haut niveau s'affrontent autant sur la piste que dans leur vie personnelle et les enjeux s'entremêlent. La limite entre les deux mondes qu'ils doivent concilier est trè...