Le rencard

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Pdv Marc

Pour être prêt à accueillir Fabio à 20h j'ai dû couper court aux réjouissances avec ma team en prétextant vouloir être en forme pour l'interview de demain.
Je ne sais pas pourquoi Emilio en avait accepté une aussi tôt dans la saison, surtout après toute la campagne de com qu'on avait lancé pendant l'inter-saison. Je supposais que toutes les questions allaient tourner autour de mon retour, de ma condition physique et de... Fabio. Tout à coup je me met à angoisser de devoir répondre à des questions le concernant. Personne ne remarquerait que je ne suis plus si objectif que cela à son sujet... 

Je me douche rapidement et décide de laisser mes cheveux sécher naturellement pendant que je prépare à manger. Je me dis qu'utiliser ma seule chemise blanche prévue pour l'interview est risqué alors je me contente d'enfiler un jean taille haute avec un tee-shirt blanc glissé à l'intérieur.
À 19h50 tout est prêt et ce sont les dix minutes les plus longues de ma vie qui défilent. À 20h je me dis qu'il ne va peut-être pas venir finalement.
Ce n'est pas parce que tu lui as fais un câlin qu'il va vouloir passer sa soirée avec toi, le mec qui lui a arraché la victoire aujourd'hui !

Au moment où je commence à désespérer, Fabio toque à la porte et je me précipite pour lui ouvrir. La première chose que je vois est son immense sourire innocent. Il porte un pantalon un peu serré avec un tee-shirt long et beaucoup trop large pour lui. Je m'écarte pour le laisser entrer. Pourquoi suis-je si nerveux alors que lui paraît si détendu ?
Il avait toujours l'air gêné ou embarrassé et c'est ce qui me faisait rire chez lui mais ce soir il avait l'air totalement confiant, comme si cette situation était des plus banales.

- Tu veux boire quoi ? J'ai du vin si tu veux...

- Ouais un verre de vin carrément. On l'a bien mérité, même si toi tu devrais plutôt être au champagne ! Et puis maintenant on a deux semaines avant le prochain GP.

Il y avait vraiment quelque chose d'étrange chez lui ce soir. Il se tenait à l'autre bout de la pièce, scrutant attentivement chaque détail de décoration, même s'il n'y en avait pas beaucoup, et me lançant des regards amicaux de temps à autre, comme pouvait le faire un ami au final... Qu'est-ce que je veux de plus ?
Je lui serre un verre et prends une bière pour moi.

Lorsque je traverse la pièce pour lui apporter son verre je me sens encore plus mal, comme si cette proximité avec lui m'otait toute capacité à respirer normalement. Cependant, je préfère avoir le souffle coupé que l'observer de si loin. En me prenant le verre des mains il effleure mon index et mon pouce, produisant un frisson sur tout mon bras. Les yeux baissés vers le verre il voit la chaire de poule sur ma peau nue et je remarque qu'il tressaille légèrement avant de s'éloigner à nouveau pour aller regarder une photo.

- Qui est la fille avec ton frère et toi sur la photo ? me demande-t-il d'une voix détachée.

Il pose la question avec une certaine désinvolture mais j'arrive à percevoir sa gêne derrière les apparences qu'il se donne.
Je décide de tenter le tout pour le tout pour briser ce mur qu'il s'applique à ériger entre nous. Je m'avance discrètement avant de me placer juste derrière lui.
Je colle presque mon torse à son dos et passe mon bras par-dessus son épaule pour désigner la fille avec le bout de ma bière.

- Elle, c'est mon ex-copine. Cette photo a été prise quand on était ensemble et, j'ajoute en approchant un peu plus ma bouche de son oreille, j'ai gardé la photo parce que nous sommes toujours amis.

J'ai l'impression qu'il est complètement pétrifié et qu'il n'ose plus bouger à cause de notre proximité alors je retire mon bras en me reculant un peu. Lorsqu'il se retourne vers moi, son expression est complètement neutre de nouveau.

- D'accord c'est cool et... qu'est-ce quon mange de bon ce soir ? Parce que je te préviens je suis un fin gourmet.

Il dit tout cela sur le même ton désinvolte et cela me ferait rire si ça ne m'agaçait pas autant. Il s'approche des plaques de cuissons, tenant son verre dans une main et attrapant la cuillère de l'autre pour goûter ce que je suis en train de faire cuire.
Mes yeux ne peuvent se détacher de ses lèvres lorsqu'il retire ostensiblement la cuillère de sa bouche. Il passe sa langue sur sa lèvre inférieure et je dois me mordre l'intérieur de la joue pour ne pas laisser tomber ma mâchoire.

Je ne sais absolument pas ce qui se passe mais la tension est insoutenable et ce jeu commence à m'épuiser. Je pose ma bière et me dirige vers lui déterminé. Je le plaque contre le mur en face de la kitchenette en l'empoignant par le col.

- À quoi tu joues ?

Il ne détache pas son regard du mien en me répondant :

- Je pourrais te demander la même chose.

Mes yeux font quelques aller-retours entre les siens et ses lèvres avant que je décide de céder à l'idée obsédante dans mon esprit. Je déplace mes mains de son col vers ses joues et écrase mes lèvres contre les siennes. Dans un bruit de fond j'entends le son d'un verre qui se brise mais cela ne me détourne absolument pas de la sensation que je ressens au creux de mon ventre. Je sens qu'il place ses mains sur mes hanches et qu'il accentue le baiser. À partir de ce moment, tout se passe comme dans un rêve dont on revivrait les moments grâce à des souvenirs un peu flous.

Nous reculons vers le canapé pendant que j'en profite pour retirer le tee-shirt du blond. Alors que je prends un instant pour l'observer, il passe sa main droite dans mes boucles. Je ne peux m'empêcher de fermer les yeux à ce contact et nos lèvres se retrouvent pendant qu'il tente de retirer mon tee-shirt à son tour. Lorsque nos deux torses sont enfin réunis, j'arrive à être assez conscient pour me dire que je n'ai jamais ressenti ça, avec personne. Mon cœur manque un battement à chaque fois que ses mains se posent quelque part sur mon corps et j'ai des frissons de la tête aux pieds.
Qu'est-ce qui est en train de se passer ?
Ma bouche descend automatiquement jusqu'à son cou, puis jusqu'à sa clavicule et tandis que je me rend ivre de l'odeur de sa peau, Fabio se contracte et se recule en rigolant.

- Désolé, je suis sensible à cet endroit-là.

Sa voix est un peu rauque et cela me rend dingue. Je sens ses mains tenter de retirer la ceinture de mon jean et au moment où je manque de perdre le contrôle pour de bon, je vois la casserole derrière nous s'enflammer et je suis obligé de repousser Fabio pour aller l'éteindre.
Lorsque je reprend ma respiration après avoir transféré la casserole dans l'évier, je me retourne vers le blond, littéralement mort de rire sur le canapé.

- Il n'y a rien de drôle !

Tout en disant cela, je me laisse envahir par son fou rire communicatif.

- Je n'avais pas très faim de toute manière, dit-il en se relevant et en enfilant son tee-shirt.

Le voir se rhabiller me fait paniquer et je me dirige vers lui pour le retenir.

- Dis...euh, ça te dit de euh... même s'il n'y a rien à manger... de euh...

- Tu me proposes de rester... pour la nuit ?

Je me gratte l'arrière du crâne, attendant une réponse négative de sa part. Puis je le vois sourire face à mon inquiétude et plus rien n'a d'importance. Tous les doutes que j'avais semblent se transférer dans ses yeux lorsqu'il avance sa main vers ma joue, comme s'il avait encore peur que je le repousse. Même si je l'avais voulu, quelque chose en moi faisait que j'en étais incapable.  Son pouce va de ma bouche vers mon oreille et il accentue cette pression lorsqu'il se penche vers moi pour déposer un simple baiser sur mes lèvres.

- Je suppose que ça veut dire oui, dis-je avec un grand sourire aux lèvres, les yeux toujours fermés.

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