Trahison

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Pdv Marc

Je ne ressens plus rien pour lui. C'est vrai que j'ai eu un moment d'égarement mais franchement, moi ? Avec un mec ? Un autre pilote et qui plus est mon principal rival ?
Ça n'avait aucun sens de toute manière.

Évidement, lorsque je me retrouve collé contre lui, avec son bras autour de ma taille, mon cerveau oublie très vite toutes ces belles considérations raisonnables et sensées.
Les gars balancent quelques blagues autour de nous mais je n'entends rien, le regard fixé au loin, je suis déchiré entre profiter du moment et arrêter d'en faire toute une histoire en l'emmenant dans ma loge après la séance ou continuer à me torturer de la sorte.
Et si lui ne veut plus être avec moi ?
Et si quelqu'un s'en rendait compte ?
Et si ...

La petite voix dans ma tête s'arrête lorsque je le vois sourire à Tom d'un air un peu... comment dire... désolé ou déçu. Je n'arrive pas à savoir ce qu'ils arrivent à se dire par ce contact visuel mais je ne peux m'empêcher de me demander s'il n'a pas tout dit à Tom.

Je tente le tout pour le tout en souriant à Fabio lorsque tout le monde se sépare et en lui faisant un signe discret.
Pourquoi accepterait-il de parler avec moi alors que la course est demain ?

Environ dix minutes plus tard, il me rejoint dans ma loge et en le voyant entrer, tous les souvenirs de notre soirée ensemble me reviennent en bloc. Il se dandine un peu gêné près de la porte et je ne peux m'empêcher de lui sauter dessus dès qu'il la ferme.

Je le plaque contre les rideaux fermés et l'embrasse comme la première fois. Je suis soulagé qu'il réponde à mes baisers. Mon coeur s'emballe une nouvelle fois, comme s'il allait exploser et j'ai du mal à reprendre mon souffle. Lorsque je commence à passer ma main sous son tee-shirt, il s'écarte brusquement.

- Mais qu'est ce que tu fous ? Tu me fais ça un jour avant la course en plus ? Mais c'est quoi ton délire en fait, tu veux me déstabiliser c'est ça ?

Je m'empresse de me remettre de mes émotions et tente de ne rien laisser paraître. 

- Non. J'en avais envie c'est tout.

Il semble choqué un instant puis se met à rire. Je sens que son rire est en réalité plein d'ironie et je me sens coupable plus que jamais auparavant.

- Je ne suis pas un objet et si tu n'arrives pas à dire à ton psy que tu m'aimes bien ou pire, à te l'avouer toi-même, c'est pas mon problème. En tout cas moi non plus je ne vais pas gâcher mes chances au championnat avec toi. Alors demain ce sera sans pitié.

Quand je le regarde, je le reconnais à peine. Ses yeux sont emplis de rage et de larmes et je ne veux pourtant qu'une seule chose : qu'il aille bien. Mon coeur s'emballe à nouveau mais pour une tout autre raison cette fois-ci. 
Je le regarde se diriger vers la porte quand je prends soudain conscience de ce qu'il vient de me dire.

- Attends, dis-je en lui attrapant le bras au passage, comment tu sais que je suis allé voir le psy?

- C'est Tom qui me l'a dit.

- Et pourquoi Tom t'aurais dit à toi qu'il m'a vu sortir de chez le psy ?

Je lis la réponse dans ses yeux et je le lâche immédiatement.

- Mais putain, il n'y avait qu'une seule règle ! N'en parler à personne ! Sérieux Fabio !

Il s'approche de moi sans se dégonfler et place son doigt de manière menaçante sur ma poitrine.

- Écoute moi bien, si toi tu veux tout garder pour toi c'est ton problème mais moi j'avoue que j'avais besoin d'en parler à quelqu'un. De toute façon, il voyait que quelque chose n'allait pas... je lui fais confiance, il ne dira jamais rien et...

Je ne peux en entendre davantage et écarte violemment sa main de moi avant de l'imiter.

- Il ne s'est jamais rien passé et il ne se passera plus jamais rien entre nous. C'est clair ? Tu n'es qu'un faible qui ne peut même pas garder un seul secret pour lui, quand j'y pense je me demande vraiment ce que je t'ai trouvé.

Je voulais le blesser avec ces mots et je croyais avoir réussi. Je le regarde avec tout le mépris que j'ai en réserve, même si cela semble vraiment aller contre ma nature, et finis par détourner les yeux, incapable de supporter la souffrance sur son visage. Fabio se passe une main dans les cheveux avant de relever les yeux vers moi, cette fois-ci remplis de tendresse. Tout à coup, il traverse la pièce, vient poser sa main sur ma joue et prend mon autre main pour la placer sur la sienne. Ce geste est si doux et inattendu que je ne réagis pas tout de suite.

- Tu ne penses pas ce que tu dis Marc. Ce serait pas plus simple pour nous si... on essayait juste d'être ensemble ?

Le mouvement de son pouce sur ma joue à le don de m'hypnotiser complètement et lorsque je croise ses yeux marrons, je sais au fond de moi qu'être avec lui est tout ce dont j'ai envie en ce moment. Je ferme les yeux un instant et tous les enjeux qui entourent cette relation me reviennent en pleine figure. Je revois les photos prisent durant notre entrainement, j'imagine Tom en train de le dire à tout le monde dans le paddock, j'imagine Fabio à terre et moi, incapable de continuer à rouler correctement. Je retire ma main brusquement et fais quelques pas pour reprendre le contrôle de moi-même.

- Je ne suis pas gay et je ne t'aime pas d'accord. Alors tu peux me lâcher maintenant. On se retrouve sur la piste demain.

Il reste planté là comme s'il n'avait pas compris ce que je venais de lui dire. Ne pouvant même plus le regarder en face je me contente de lui dire de dégager de ma loge.
Comme je le redoutais, il s'arrête à mon niveau lorsqu'il se dirige vers la porte et me glisse à l'oreille : "T'es vraiment un connard".

Combien de fois avais-je entendu ces mots de la part de camarades de classe ou de rivaux en course ? Je n'osais même plus compter... mais cette fois-ci, mon cœur reçu un tel coup que je crus m'effondrer contre la porte.
J'étais tellement en colère contre lui et contre moi-même. Je fais connerie sur connerie et cela ne me vaut que des mauvais résultats aux qualifs et des nuits blanches.

Mais comment avait-il pu tout dire à Tom ? A cause de lui je vivrai dans l'angoisse qu'il finisse par le dire à un autre pilote. On est si proches les uns des autres que ça me paraît impossible de cacher un tel secret, mais ne pas être avec Fabio d'une manière ou d'une autre me semble tout aussi impossible pour l'instant.

Le soir, je prends un petit somnifère pour pouvoir fermer l'œil et avant de m'endormir je me fais au moins 5 tours parfaits du circuit de Portimao. Cependant, lorsque je commence à ne plus avoir le contrôle sur mon cerveau, Fabio s'impose à mes pensées et je ne vois plus que lui. Je le vois torse nu, avec une sorte de chemise hawaïenne ouverte et dans le vent. Il est sur une plage et s'approche de moi avec son immense sourire que j'aime tant.
Il me prend la main et cela me provoque tellement de picotements qu'il me semble que tout ça est réel.

- Viens, les autres nous attendent.

Il m'embrasse tendrement au moment où je sombre complètement dans le sommeil. Il me manque plus cette nuit-là que durant toutes les autres nuits auparavant. 

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