En terres conquises

609 24 0
                                    

Pdv Fabio 

- Allez ! C'est les Etats-Unis bro ! On peut pas rater une occasion pareille, surtout quand le prochain GP est dans deux semaines ! 

Je secoue la tête pour marquer ma désapprobation mais je sais au fond de moi que la seule réponse que Tom acceptera est un "oui". 

- Pourquoi tu n'y vas pas avec Mathilde, tout simplement ? C'est la fin de saison tu le sais mieux que personne je dois rester concentré ! 

- Roh ça va, fais pas genre. C'était presque couru d'avance que Marquez gagne ici, c'est pas comme si c'était une vraie défaite. 

Peu m'importait, les points il les avait pris. Nous avions rarement vu une bataille aussi serrée pour la place de champion du monde. Marc s'était vraiment refait une santé pendant la coupure estivale. Aujourd'hui il avait réussi à me doubler trois fois avant de finalement s'échapper seul en me laissant trois secondes derrière lui. Il avait été incroyable. Pas une seule alerte, pas une seule faute, une seule hésitation. Aujourd'hui il m'avait serré la main comme autrefois, en me regardant dans les yeux avec son sourire ravageur et en me félicitant. Toutefois, ses yeux étaient constamment teintés d'une certaine tristesse. 

Nous nous sommes jeté du champagne à la figure en riant et nous avons posé côte à côte, comme pour pratiquement chacun des GP disputés depuis l'affaire avec Mir. Je n'avais pas reporté l'incident et il avait fait de même pour la raclée que lui avait mis Marc. Lorsque je l'avais aperçu trois jours plus tard je m'étais demandé comment il pouvait encore marcher. Sa mâchoire avait été cassée et il boitait un peu avec un bras toujours plaqué sur ses côtes. Résultat : il avait fini treizième au GP d'Aragon. À présent je m'en tenais éloigné autant que possible et je ne ressentais plus aucune empathie ni pitié à son égard. Mais voilà, il faut faire bonne figure devant les caméras, devant les fans. Il faut du conflit, mais juste ce qu'il faut pour entretenir les ragots et l'intérêt du public. Il faut de l'amitié, de la complicité entre pilotes et même de la «bromance», mais il ne faut surtout pas qu'on sache que c'est bien plus que ça. Plus je réfléchissais à tout cela, plus je sentais monter une sorte de rage en moi. J'avais parfois envie de hurler devant les caméras, juste pour que quelque chose de vrai puisse enfin sortir de ma bouche.

- Et puis c'est avec toi que je veux y aller. Avec Mathilde on... on prend un peu d'air.

Je reviens tout de suite à l'instant présent. Tom était toujours assez transparent pour que je sache lorsqu'il me cachait quelque chose et cela faisait maintenant une semaine qu'il était plus enclin à faire des conneries qu'à l'accoutumée. C'est bien ce que je craignais, elle le fait souffrir... Je lui donne une tape dans le dos et finis par capituler, ce qui le fait sauter de joie.Une heure plus tard nous arrivons dans le club dont Tony Arbolino nous a parlé et il y a une queue interminable devant l'entrée. Je soupire, déjà épuisé par l'idée de devoir me mélanger à tous ces gens, mais Tom attrape mes deux épaules et me traine jusqu'aux pieds du videur. Il se penche vers l'oreille du petit homme trapu et celui-ci nous ouvre le cordon sans rien demander de plus. 

- Mais qu'est-ce que tu lui as dis ? Je veux bien être un peu connu mais quand même... 

- Disons que Tony a de bons amis, enfin ses parents en ont. Enfin peu importe, maintenant on s'éclate ! 

Trente minutes plus tard, je termine ma quatrième bière, affalé dans le canapé du coin VIP, pendant que Tom se déhanche sur la piste de danse, collé à une blonde immense. Il ne m'en faut pas plus pour commencer à être suffisamment soûl mais je décide de ne pas m'arrêter en si bon chemin, déterminé à tout oublier. Lorsque je me lève pour aller me chercher quelque chose de plus fort, je percute un homme assez grand, qui, je ne le vois qu'après, tient la main d'un autre homme. Je m'excuse et il fait de même, m'offrant un grand sourire au passage. Je ne sais pas exactement pourquoi mais je ressens un léger pincement au coeur lorsque je les vois partir bras-dessus, bras-dessous. Je reste là, immobile, à la merci de la foule dansante qui finit par m'engloutir pour me faire entrer dans le cercle. La musique tambourine dans mes tympans et je tente de bouger au même rythme que les corps qui se frottent au mien. Au bout d'un moment et au bout de plusieurs filles déçues, deux mains puissantes viennent se loger sur mes hanches. Je réagis immédiatement et tombe nez-à-nez avec ce qui me semble être un top-model. Sa peau est tellement lisse que je me demande un instant s'il est réel. Sa carnation est tellement similaire à celle de... 

RivalsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant