Pdv MarcEntre ma loge, la sienne, les coins secrets que nous avions trouvé au gré des occasions, ces trois jour avant le début du GP d'Aragon avait été comme une parenthèse rêvée.
Parfois nous parlions pendant des heures, parfois nous nous contentions de nous embrasser. Nous jouions à des jeux stupides à la fin desquels je perdais continuellement mes vêtements. Il m'était difficile de concevoir une relation plus parfaite avec un autre être humain. Il faut dire qu'à part mon frère, je n'avais jamais eu l'occasion d'avoir un réel meilleur ami. Cependant, j'étais très heureux d'avoir les avantages en nature que possédait ma relation avec Fabio.
Évidemment, le retour à la réalité se matérialisait par le début du week-end mais surtout par la conférence de presse du jeudi. Heureusement, ils ne nous plaçaient jamais à côté l'un de l'autre et nous avions convenu de ne pas nous regarder à outrance, ni de répondre à des questions trop personnelles.
- Mais, si je me souviens bien, tu as dit que nous étions "très bon copains". Cela signifie qu'on va devoir se serrer la main et s'adresser la parole comme des "copains".
- T'as qu'à faire comme avec Miller, avais-je répondu en évitant son ton volontairement séducteur et provoquant.
- Ah oui, avait-il répondu avec une moue exagérément déçue, mais je ne comprends pas, tu veux que j'agisse avec Miller comme j'agis avec toi ou...
Je chasse ces souvenirs peu chastes de mon esprit avant d'aller me mettre en place sur ma chaise devant toute la presse. Je me situe au centre, sur la ligne du bas, et évidemment, ils décident de placer Fabio à côté de moi. Nous nous regardons légèrement paniqués pendant quelques secondes puis il détourne le regard en s'asseyant.
Les autres pilotes rentrent et Miller s'assoie à côté de Fabio. Zarco, Olivera et Bagnaia prennent place à l'arrière et les questions commencent.
Fabio semble laisser son regard dans le vide sans trop d'efforts tandis que je peine à ne pas laisser le mien dériver vers lui. Si j'avais dû parier, j'aurais misé sur la situation inverse. Il répondait aux questions sur son état de santé avec calme, le visage constamment marqué de ce petit sourire. Là aussi, les rôles étaient inversés. Dès qu'il détournait le regard de la foule de journalistes, c'était pour regarder les autres pilotes parler, et surtout Miller à sa gauche. Ces deux-là s'entendent très bien et c'est normal, qui ne s'entendrait pas avec Jack...
On me demande si je suis prêt à combattre de nouveau avec autant d'agressivité avec d'autres pilotes et avec Fabio. Cette question me fait prendre conscience que les gens pensent vraiment que j'ai provoqué cet accident et ils n'ont pas vraiment tord... Je réponds un peu à côté, en disant que les faits de course sont ce qu'ils sont, qu'il faut savoir juger et prendre des décisions très vite, dans des moments de stress intense, au risque d'oublier parfois la sécurité et la raison. Grace à ma vision périphérique je peux voir Fabio acquiescer et cela me donne confiance en ce que je viens d'affirmer. J'étais passer maitre dans l'art de noyer le poisson avec les années.
- Une question pour Fabio maintenant. Après votre chute, des rumeurs ont laissé entendre que Marquez était prêt à se déclarer forfait en raison de votre état inquiétant. Si c'est bien vrai, comment prenez-vous cet excès de zèle ?
Il semble désarçonné un instant par la question et finit par se tourner vers moi. Il me regarde réellement dans les yeux pour la première fois depuis le début de l'interview et c'est pour éclater de rire.
- Non. Non, non, je veux dire, ce n'est absolument pas vrai. Je ne sais pas qui a fait courir ces rumeurs mais un pilote qui se bat pour le championnat ne déclarerait jamais forfait, même pour un ami, alors imaginez pour son principal rival !
Il finit sa phrase en riant et ce rire contamine la salle. La journaliste se rassoie un peu gênée, déçue de ne pas avoir obtenu de scoop. Je me force à rire aussi et un autre question suit pour Zarco. Du coin de l'œil, je vois Fabio concentré sur ce que dit son compatriote et je me demande si mentir à toujours été aussi facile pour lui. Il semble pourtant toujours un peu gêné devant les caméras mais à cet instant, rien ne semblait le déranger.
La conférence prend fin après ce qui m'a semblé une éternité. Je sors en même temps que les autres pilotes et au moment où je m'arrête pour serrer la main de Miller, Fabio passe rapidement à côté de moi en frôlant de sa main la mienne. Il tape presque immédiatement après sur l'épaule de Jack en passant et part sans se retourner.
Ce petit geste me redonne instantanément le sourire, sans que je puisse le contrôler. Je sais que je suis le plus âgé mais parfois, Fabio semble tellement mâture. Il n'a jamais eu de vraie relation amoureuse, avec personne, et pourtant il sait exactement comment agir pour me rassurer, comment me parler quand je m'emporte. Finalement, peut-être qu'il n'est pas doué pour être en couple mais plutôt qu'il est doué pour être avec moi...
J'ai beau savoir que le lendemain est le premier jour du week-end, le soir dans mon lit, je ne peux m'empêcher d'attendre qu'il vienne frapper à ma porte. Évidement, il ne viendra pas et demain je n'y penserai plus.
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Rivals
FanfictionCe sport est sans pitié et ils se feront prendre à son jeu. Deux pilotes au plus haut niveau s'affrontent autant sur la piste que dans leur vie personnelle et les enjeux s'entremêlent. La limite entre les deux mondes qu'ils doivent concilier est trè...