Jeux d'enfants

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Pdv Marc

Ce soir, j'ai décidé de lâcher prise et cela commençait par m'excuser envers Fabio. Cela faisait aussi partie de mon plan. Je m'avance et après quelques mots de réconciliation on se sert la main. Je regarde autour de moi, m'assoie sur une chaise autour de la table des pilotes, mais je ne me sens pas à mon aise. Je lance toujours des regards vers mon rival sans vraiment savoir pourquoi, j'ai comme, besoin de le savoir près de moi.... mais malgré tout je suis venu ici pour me changer les idées, alors j'empoigne la jolie fille en robe bleu en face de moi et commence à danser. Après quelques minutes de danse plutôt rapprochée qui ne m'ont apporté aucun réconfort, mais qui ont ambiancé la salle grâce à mon ridicule légendaire, je regarde instinctivement vers la chaise de Fabio. Cette dernière étant vide, je jète un regard circulaire partout dans le bar mais ne le vois nulle part. Je me retourne vers la fille un peu désolé et lui explique que j'ai besoin de prendre l'air. Je prends mon blouson en cuir au cas où, par miracle, j'aurais un frisson, mais en 28 ans d'existence ce n'est jamais arrivé une seule fois. Que la température soit de 5 degrés ou de 30, il était rare que je ressente une quelconque différence. Je pousse la porte du bar, regarde aux alentours mais je ne vois personne. Je commence à marcher et traverse la rue pour me retrouver dans un parc pour enfant. Je m'avance plus près car il me semble voir une silhouette sur le banc. Une fois plus à proximité et les éclairages de la rue aidant, je reconnais Fabio.

Eh qu'est-ce que tu fais là ?

Il relève sa tête brusquement et me regarde d'un air indescriptible. Je m'avance encore et me retrouve juste en face du banc sur lequel il est assis.

- Tu m'en veux plus hein ? lui dis-je avec un ton inquiet. 

- Non... non t'inquiètes c'est pardonné.

Il me sourie et m'invite à m'asseoir à ses côtés. Je prend place et un long et pesant silence s'installe. Au bout de quelques minutes, il se décide enfin à ouvrir la bouche.

- Tu t'amuse bien toi, à ce genre de fête ?

J'hésite un instant avant de répondre, essayant inconsciemment de deviner la réponse qu'il voudrait entendre. 

- Oui. Pourquoi, pas toi? Trop concentré pour lâcher prise?

- Ouais, ça doit être ça.

Un léger rire sort de sa bouche avant qu'il se lève d'un bond et se place debout en face de moi.

- Tu sais là ou je m'amusais le plus ?

Je secoue la tête de droite à gauche même si je sais que c'est une question rhétorique et prend conscience que je sourie comme un idiot. 

- Dans les structures de jeux.

Il court vers celle en plein milieu du parc, qui ressemble à un bateau de pirate. Il commence à grimper jusqu'au dernière étage avec une agilité déconcertante et une fois arrivé en haut, se penche par-dessus la balustrade.

- Tu te décides à venir ou pas ?

Il m'avait demandé ça avec un tel sourire, que je ne pouvais pas refuser. Je m'élance à sa poursuite, un peu septique sur ce qui est train de se passer. Une fois arrivé en haut avec lui je m'avance et me rend compte que ce machin est super haut. Il me regarde longuement d'un air moqueur.

- Quoi... le roi Marquez a peur de la hauteur ? 

Il se met à rire tellement fort que je ne peux m'empêcher de mettre ma main sur sa bouche par peur de déranger les alentours. Peut-être bien que c'est par peur que des gens viennent nous déranger. Son rire s'arrête immédiatement et il se met à me fixer avec des yeux indéchiffrables. Je me perds un instant dans ses prunelles brunes, ma main toujours sur sa bouche, puis me recule, prenant subitement conscience de la situation. 

- Je te déconseille de te moquer de moi Quartararo.

Pour lui prouver mon courage je m'avance juste à côté de lui sur la balustrade.

- T'es sûr que tout va bien ? T'es tout pâle. 

Il rit encore, alors je lui donne un coup  dans les côtes avec mon coude. Un petit cri de douleur s'échappe de sa bouche. Après quelques secondes à regarder l'horizon, je le sens grelotter à côté de moi. Je me retourne pour confirmer mon impression, et le découvre frigorifié.

- T'as froid?

- Non... c'est bon, dit- il entre deux frissons.

- C'est bon, joue pas les durs à cuir avec moi.

Je prends mon blouson que j'avais disposé à cheval sur la balustrade et lui donne.

- Non garde-le, tu dois en avoir plus besoin que moi.

- Je te dis de le prendre. T'inquiètes pas pour moi je n'ai jamais froid.

- Et c'est moi qui joue les durs à cuir?

Il relève un de ses sourcils avec un petit sourire en coin puis me prend malgré tout le blouson des mains. Il l'enfile très rapidement et place ses mains à l'intérieur des poches.

- Merci.

C'était la première fois depuis une semaine que je me sentais si bien, plus rien n'avait d'importance.

*****

Trop fatigué pour rester debout contre la balustrade, nous nous appuyons en tailleur sur un mur à côté du toboggan.
D'un coup Fabio commence à parler.

- Ça t'arrive jamais de te sentir seul dans ce milieu ?

Surpris par sa question, je mets quelques secondes avant de répondre.

- Pas vraiment. C'est plutôt comme si... il me manquait constamment quelque chose. Et ce manque il n'y a que la moto qui le comble.

- Je vois ce que tu veux dire. Comme si ce n'était jamais suffisant.

- Ouais exactement. D'ailleurs... je devrais pas t'en parler mais mon entraîneur m'a collé un psy aux basques et puisque je sais que tu en a un aussi je me dis que tu peux peut-être... me donner des conseils ?

Il me regarde dans les yeux et sur le moment, j'ai peur qu'il se moque de moi. Je ne sais pas vraiment pourquoi je lui ai dis, d'autant plus que je voulais que personne soit au courant, mais c'était comme si je sentais que je pouvais lui faire confiance. 

- Faut voir. Comment ça se passe ?

- Je crois que je ne l'écoute pas parce qu'il me fait prendre conscience de choses qui me font douter de moi. Alors je préfère exquiver les séances au maximum.

- Je comprends... moi je devais apprendre à canaliser ma rage mais aussi toutes sortes d'émotions qui me débordaient. C'est pas si facile que cela de parler mais si j'ai un conseil à te donner c'est celui-ci : parle lui sans filtre, sans concession, sans peur. De toute manière, il n'a pas le droit de dire ce qui se passe durant vos séances. 

- Ouais, dis-je soudain abattu, plus facile à dire qu'à faire hein !

Il rigole et se passe la main dans les cheveux comme à son habitude.
Nous discutons pendant environ une heure sans voir le temps s'écouler à toute vitesse. 

************

Dans un moment de silence je regarde mon téléphone et vois 00h50. Je retourne l'écran pour que Fabio le voit à son tour. Ses yeux s'agrandissent d'un coup et je peux voir qu'il se met à paniquer.

- Il faut y aller!! Dépêche toi!!

Il m'attrape la main et se relève brusquement.

- Assieds-toi, on va descendre par le toboggan.

Étant totalement paniqué à mon tour, je m'exécute. Il se place à cheval derrière moi et sans me lâcher la main, place les siennes autour de ma taille. On s'élance et on atterrit beaucoup trop rapidement au sol, nous retrouvant à moitié l'un sur l'autre, nos deux visages à quelques centimètres l'un de l'autre. Après avoir ri un peu, je reste plongé dans ses magnifiques yeux marrons. Sans que je ne m'en rende compte, il est déjà revenu sur ses deux pieds, la main tendue vers moi pour m'aider à me relever. Nous courons vers sa voiture car Alex a dû partir avec la sienne sans moi. Je prends place sur le siège passager pendant que Fabio démarre et part à toute allure.

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