IL PLEURE DANS MON CŒUR | N.O.S. (PNL)

𝐕𝐈𝐍𝐆𝐓-𝐓𝐑𝐎𝐈𝐒

– Un internement en vue ?

– Sauf si c'est vous qui en faites la demande, nous aimerions éviter. Après de nombreux tests effectués, elle s'en remettra sans lourdes séquelles, explique le médecin. Il y a, cependant, le besoin d'un suivi et d'une aide psychologique. Généralement, l'héroïne est utilisée pour l'apaisement qu'elle provoque lors de la prise, par exemple, pour oublier une souffrance. Cette drogue est très puissante et, comme vous le savez, cette surdose a provoqué un ralentissement extrêmement violent de son rythme cardiaque. Votre aide a été primordiale dans la survie de votre amie, Madame Giaccomo, mais il est indispensable de faire attention au sommeil et aux repas de Lila. Au vu du grammage injecté, le manque peut arriver dès le retour à la maison, plus encore s'il ne s'agit pas de la première prise.

Depuis ce discours à l'hôpital dont Clémence connaissait déjà plus de la moitié, il s'était passé deux semaines. Lila était restée sous surveillance pendant cinq jours et n'avait pas dit un seul mot, se contentant de hocher la tête ou de hausser les épaules. Pas une seule fois, Clémence avait eu une réponse lorsqu'elle lui adressait la parole mais ne lâchait rien et l'aidait pour tout. Pourtant, et c'est ce qui faisait sourire Clémence, Lila se battait tous les jours, essayait de dormir au moins trois ou quatre heures par nuit et manger, au minimum, deux repas par jour même s'ils étaient minuscules. C'était une guerrière et la blonde n'en avait jamais douté. Comme si elle avait perdu l'usage de la parole, Lila faisait en sorte d'être toujours occupée pour que son cerveau arrête de cogiter sans cesse. Pour ça, ses cours de psychologie avaient été son meilleur allié, elle avait réussi à passer ses premiers examens sans même savoir où elle avait puisé quelconque motivation. Nabil était partout et ça la rendait malade. Malade de ne pas réussir à passer au-dessus de tout l'amour qu'elle lui porte, malade de voir qu'elle ne pouvait pas l'oublier, malade de lui. Elle aurait voulu qu'il lui parle, qu'il lui dise ce qui n'allait pas, qu'elle puisse l'aider, peu importe, mais elle n'avait pas reconnu celui qu'elle aimait lorsqu'il avait utilisé ses traumatismes pour lui faire du mal. Et malgré tout ça, Nabil était là, partout où elle posait les yeux, elle savait qu'il ne partirait pas de sitôt. Elle avait mal au cœur et c'était la seule chose, depuis ce soir-là, qui lui faisait se sentir encore vivante. M'enfin, tout ceci ne l'a rendrait que plus forte encore.

– Lila ? la brune relève la tête vers Clémence. J'ai... Lucas doit passer, est-ce que ça te dérange ? Sinon je lui dis de m'attendre en bas et on ira chez lui. Je peux comprendre que tu... enfin, tu vois.

Lila hoche la tête négativement. Aucun problème. Lucas était une personne extraordinaire à qui elle s'était attachée malgré elle. D'ailleurs, il lui avait envoyé un message qui l'avait beaucoup touché mais auquel elle n'avait pas su répondre. Si Clémence était heureuse à ses côtés, jamais Lila ne serait un obstacle.

– Dans tes rêves. Tu me casses les couilles, Nabil.

– S'il te plaît, Lucas.

– Assume tes conneries, merde ! s'écrit Lucas. Si c'est la femme de ta vie, t'y vas toi-même.

– J'aimerais bien mais je ne peux pas l'approcher, tu le sais.

Lucas soupire et claque de nouveau la porte de son appartement pour se mettre face à Nabil. Depuis une bonne semaine, Nabil était dans l'incapacité de rester dans son appartement, il était venu squatter chez Lucas.

– Je ne comprendrais jamais comment tu arrives toujours à te mettre dans des conneries aussi monumentales, et volontairement en plus, commence-t-il. Je ne t'avais jamais vu aussi heureux que ces derniers mois, j'avais retrouvé mon frère en bonne santé et souriant. T'as eu peur de quoi ?

– Moi, il murmure, j'ai fait n'importe quoi. Je ne peux pas vivre sans elle maintenant que je sais ce que ça fait d'être avec elle, j'ai...

– Tu m'énerves, tu le sais ça ? il le coupe. Bouge-toi, on y va.