𝐓𝐑𝐄𝐍𝐓𝐄-𝐂𝐈𝐍𝐐

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Je n'ai jamais cru à la force de la présence d'une personne dans ma vie à tel point que je ne sache plus rien faire sans elle. Je n'ai jamais cru que l'amour pouvait être assez fort pour sauver. Je n'ai jamais cru à une Lila sur Terre pour vivre à mes côtés. Et j'ai tout eu d'un coup. Avant, le sommeil était une torture, la nuit renfermait mes pires secrets et mes plus grosses douleurs, je priais pour dormir d'une traite par peur de ne pas réussir à me rendormir et devoir réfléchir. Aujourd'hui, je prie pour que le sommeil de celle que j'aime soit apaisé un jour, comme elle a réussi à m'offrir la paix. Même si mes yeux peinent à s'ouvrir, je sais où est placée Lila et mes mains trouvent ses hanches. J'entends sa respiration se couper et elle sort rapidement les jambes du lit. Je laisse mon dos tomber sur le lit et écoute chaque petit son se faisant entendre dans l'appartement comme si je ne connaissais pas sa routine post-cauchemar par cœur. Passer dans la salle de bains, se mouiller visage, se rattacher les cheveux, reprendre un souffle correct, aller à la cuisine, boire un grand verre d'eau, revenir sans un mot. Lorsque sa petite tête apparaît de nouveau dans la chambre, je me redresse légèrement en croisant son regard et elle soupire en fonçant sur moi. Ses petits bras entourent mon dos et ses mains se plaquent sur mes omoplates. J'attrape ses cuisses pour les remonter au niveau de mes hanches et nous fait retomber sur le matelas.

– Cale ta respiration sur la mienne, mon cœur, je murmure.

Je la sens hocher la tête et remonter son nez dans mon cou, sur le creux où bat mon pouls. Après de longues minutes, je sens le poids de son corps devenir plus lourd, signe qu'elle se détend enfin. Je me permets alors de rouler sur le côté et retrouver son visage face au mien. Un tout petit sourire fend ses lèvres et elle s'appuie un peu plus sur mon épaule.

– Tu veux qu'on en parle ? demandais-je et elle hoche la tête négativement. J'étais dedans ? je comprends rapidement.

– C'est encore trop réel dans ma tête, elle répond en ravalant un sanglot.

Je récupère sa main et pose ses petits doigts sur ma poitrine, sur mon cœur qui tambourine. Elle ferme les yeux et me prend dans ses bras si fort que j'explose de rire sans le vouloir. Dans ces moments-là, elle a besoin de comprendre que je suis là, faire exploser la bulle que le cauchemar a créé, celle où il croit pouvoir lui montrer une toute autre réalité.

– Je n'arriverai pas à dormir, me dit-elle.

– Il est même pas quatre heures, j'indique, tu vas être crevée demain.

– J'ai pas envie de dormir, Nabil, elle souffle, je vais bosser sur mon dossier de stage.

– Tu veux de l'aide ?

– Rendors-toi, refuse-t-elle.

– Habille-toi, je lâche en me redressant.

– Pourquoi faire ?

– C'est ton jour de congé, demain ? Alors on bouge, lève-toi.

Les sourcils froncés, elle s'exécute quand même en enfilant son jogging et un de mes pulls. Nous sommes début décembre, c'est bientôt son anniversaire et ça fait surtout une année qu'on se côtoie elle et moi, ce qui n'est pas rien pour nous deux et, aux six ans du décès d'Idriss, elle n'a pas fui, elle m'a annoncé vouloir se rendre sur sa tombe et plusieurs heures plus tard, elle est rentrée sans un mot. Elle ne m'en a pas parlé mais elle est revenue. Elle a dormi avec moi. Elle m'a souri. C'est là que j'ai eu mon déclic, elle qui l'a eu après le rendez-vous psychologue auquel j'ai assisté, moi il me fallait plus. Il me fallait ça.

– Où est-ce qu'on va ? questionne-t-elle.

– Créer un nouveau souvenir.

Son front se détend, elle sourit en hoche la tête. Main dans la main, elle est contre moi dans l'ascenseur et m'embrasse quand je lui pose la capuche de mon pull sur la tête. Je n'ai jamais autant aimé le silence que depuis Lila ; j'ai appris l'apaisement, la confiance, l'amour sans mots, celui qui soigne les maux. C'est donc en silence que je conduis, sa main sur ma nuque, à la racine de mes cheveux.

IL PLEURE DANS MON CŒUR | N.O.S. (PNL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant