IL PLEURE DANS MON CŒUR | N.O.S. (PNL)

𝐒𝐄𝐈𝐙𝐄

Si l'amour devait être défini dans sa plus simple signification, Internet serait sûrement la source la plus intéressante. En quelques mots, il permet de cerner un des sujets les plus vastes de ce monde. Sentiment amoureux, affection entre des personnes, sentiments passionnés d'une personne pour une autre, goût très fort pour quelque chose : ces quelques lignes sont le grossier résumé de l'un des sentiments qui vaut le plus d'être vécu. En réalité, l'amour touche tout, tout et tout le monde ; liens affectifs, amicaux, familiaux, amoureux, entité psychique, non tangible. Absolument tout. S'il s'agissait ici d'être sincère dans sa démarche, la première chose qui viendrai à l'esprit de Nabil comme de Lila lorsqu'on leur parle d'amour est le sentiment qu'ils y attachent ; la peur. Une peur qui consume, une angoisse inexpliquée, un abandon réel de soi. Dans leur vision, l'amour est un don de soi à l'autre impliquant, d'une certaine façon, un abandon de soi-même. C'est incontrôlable, ça change, aide, détruit, transporte autant que ça transforme, fait rire aux larmes mais surtout, ça fait mal. Quelque chose d'extrêmement complexe s'il est mal utilisé, parce qu'il est douloureux de ne pas être aimé de la bonne façon. Lila et Nabil en avaient subi les conséquences. Leurs parents n'avaient su leur donner l'amour dont ils avaient besoin, la mère de Nabil comme les parents de Lila les avaient abandonné sans se retourner. Nabil avait commencé sa vie sans amour sain, il s'était fait brisé le cœur par une femme à qui il souhaitait pire. Cela posait alors une réelle question : lorsque nous ne sommes pas aimés de la bonne manière, peut-on aimer correctement quelqu'un ?

Cette question, c'était Idriss, le premier amour de la vie de Lila qui lui avait posé, dans une tentative de comprendre au mieux sa copine. Et, des années plus tard, elle n'avait toujours pas la réponse, se contentant de penser qui fallait aimer de la meilleure façon. Une sorte de pacte que l'on signait avec sa personne. Pourtant, aimer quelqu'un de la meilleure des façons était trop idéaliste, on aimait quelqu'un de la manière qu'elle le méritait de par sa personne, son histoire passée, son caractère, ses besoins. Il n'existait pas une unique façon d'aimer. Nabil et Lila étaient de ceux qui aimaient pour de petites choses, qui tombaient amoureux vite, fort, violemment, sans retour en arrière. Petite, la brune était une grande amoureuse de l'amour, romançant tout ce qui était possible de l'être. Depuis, elle a grandi. Et en grandissant, elle a arrêté d'idéaliser, comprenant que les fins heureuses n'existaient que dans l'imaginaire. Contes de fées et histoires de princesses se sont écroulés en un réveil et, en un clin d'œil, la petite fille de neuf ans en avait vingt-trois.

C'est en y pensant que ce matin, Lila s'était retrouvée au cimetière. Nabil avait passé les trois derniers jours à essayait de contacter la brune sans n'avoir aucune réponse, il avait lâché l'affaire. À deux doigts de rechuter cette semaine, à peine quelques minutes avant que le rappeur ne lui envoie un message, c'était par honte qu'elle l'avait totalement ignoré. À vrai dire, elle évitait même Clémence alors qu'elles habitaient ensemble. La seule chose positive c'était que les démarches pour reprendre les cours étaient faites, elles reprendraient dès le début du second semestre. C'était tout ça qui l'avait amené à prendre sa voiture et retrouver, à l'autre bout de Paris, la tombe d'Idriss. Comme dans un de ces films clichés, il faisait froid et toute la ville était couverte de brouillard. Capuche sur la tête, Lila était assise par terre, tête baissée sur son carnet. Pendant de longues minutes, elle ne fait qu'écrire sans même lever les yeux puis, lorsqu'elle a terminé, pose son carnet sur le côté et prend une grande inspiration, le regard sur les quelques lettres gravés qui lui broyaient le cœur.

Idriss Boumaïza
1997 – 2015

– Bonjour, qalbi, sourit-elle tristement, ça fait longtemps, je sais... J'ai encore combattu quelques démons ces derniers mois et j'ai pas eu le courage de venir pour les cinq ans, pardonne-moi.