𝐓𝐑𝐎𝐈𝐒

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Lila.

Ça fait une heure que je suis assise sur une des vieilles chaises de la salle d'attente du Centre Hospitalier Sud Francilien. La jambe gauche qui bouge frénétiquement depuis un temps que j'ai arrêté de compter pendant que j'attends que quelqu'un daigne me donner quelconque information. Lorsque le SAMU est arrivé sur place, Nabil reprenait conscience mais avait beaucoup de mal à garder les yeux ouverts, après s'être évanoui lorsque j'étais au téléphone avec les urgences. Grâce à Dieu, il a rouvert les yeux. Dès qu'il est monté dans le camion, j'ai appelé son frère comme je lui avais promis ; sa voix s'est transformée quand il a entendu la mienne et m'a dit qu'il se mettait en route lorsque je lui ai annoncé simplement que Nabil était à l'hôpital, ne cherchant plus loin après que je lui ai décliné mon identité. Depuis que je lui ai envoyé l'adresse de l'hôpital, j'attends.

– Lila ? j'entends.

Instantanément, je redresse la tête et mon regard quitte enfin les ignobles carreaux du sol de l'hôpital. La salle est étrangement pleine mais un homme se tient debout, regardant un peu partout autour de lui. Tarik vient d'arriver. Sans attendre, j'attrape ma veste et me lève dans sa direction, il me voit de suite et la panique prend place sur son visage.

– Tarik ? demandais-je.

– T'attends depuis combien de temps ? Où est mon frère ?

– Une heure et quelques, j'attends toujours d'avoir des nouvelles. Il a repris connaissance avant d'arriver ici, ils l'ont envoyé en salle pour lavage d'estomac. C'est la seule chose dont je suis au courant.

– Bordel, il souffle bruyamment, tu peux m'expliquer ce qui s'est passé ? Je vais tout retourner là, pourquoi personne n'est derrière ce putain de comptoir de merde ?

– Écoute, t'es dans un hôpital... il faut que tu te calmes.

– T'es qui toi, d'abord ? C'est ton frère ou le mien qui a été embarqué par les urgences ?

– Par contre, que je t'explique : tu hausses le ton sur qui tu veux mais pas sur moi. On ne se connaît pas donc tu vas baisser la voix parce que tous les gens présents ici on des problèmes.

Une seconde fois, il soupire et tape sur le comptoir de l'accueil. Pour le coup, je suis d'accord avec lui, pourquoi personne n'est à sa place ? Il me regarde et me fait signe de le suivre. Il s'appuie sur le mur, la tête en l'air et ses lèvres se mettent à bouger lorsqu'il ferme les yeux, mais aucun son n'en sort.

– Moi aussi j'ai prié, balançai-je.

– Pour mon frère ?

– Crois-le ou pas mais j'ai été à sa place. T'es calmé, je peux t'expliquer ?

De son mètre quatre-vingt, il hausse un sourcil. Il ne s'attendait sûrement pas à ce que je lui parle comme ça. Il hoche la tête, un pli d'inquiétude barrant son front.

– En gros, commençais-je, je bosse dans un bar en plein Paris et...

– Ouais, ça je sais. Il m'a dit, je sais qui tu es. Viens-en aux faits. Je l'ai vu aujourd'hui, je ne savais que je ne devais pas le quitter et je l'ai fait quand même, putain, grogne-t-il en tapant l'arrière de sa tête contre le mur.

– Il t'a parlé de moi ?

Ce mec m'a intrigué au moment même où son regard a croisé le mien il y a une semaine. J'ai cru voir une partie de moi en lui, sûrement parce qu'il semble être déglingué de la même manière que moi ou parce que j'ai réussi à le cerner aussi vite. Il ne s'y attendait pas, je l'ai lu dans les traits de son visage.

– Ça te dérange si on parle de ça plus tard ?

– Merde, bien-sûr. Désolée. Il est arrivé au bar, j'ai voulu prendre sa commande mais j'ai tout de suite vu qu'il était bourré et défoncé.

IL PLEURE DANS MON CŒUR | N.O.S. (PNL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant