𝐕𝐈𝐍𝐆𝐓-𝐇𝐔𝐈𝐓

2.9K 108 6
                                    

– C'est la dernière fois que tu viens avec nous.

– Mais j'ai pas fait exprès !

– Tu t'es pété l'arcade en sautant dans la piscine, Mohamed, qui fait ça ?

Samedi, très tôt dans la matinée. Il était un peu plus de trois heures du matin quand Tarik a réveillé Lila pour qu'elle les conduise à l'hôpital. Elle était restée avec Jasmine à la villa pendant que tous les autres étaient partis en boîte et, en rentrant, quelques-uns avaient décidés de faire des bombes dans la piscine. Moha, carrément bourré, avait sauté un peu trop proche du bord. Et puisqu'ils avaient tous bu et qu'ils avaient vu la police en revenant de soirée, il fallait quelqu'un de sobre. Jasmine conduisait plus avec le ventre qu'avec les mains alors le SAM avait rapidement été choisi. Résultat, il était quatre heures trente et Lila était à moitié endormie sur sa chaise.

– Moha, tais-toi et arrête de chialer parce que t'as trois points de suture à faire. C'est pas les premiers et ça ne sera pas les derniers, elle souffle.

– C'est pas le problème, c'est que lui il veut plus que je vienne !

– Mais t'as cinq ans ou quoi ? demande Tarik. Je vais finir par demander à ce qu'on t'anesthésie, tu seras con pour quelque chose au moins.

– T'es pas en position de te plaindre. C'est moi qu'on a réveillé simplement parce que t'es pas capable de sauter dans l'eau comme tout le monde !

– J'aurai pu mettre une compresse et attendre, il marmonne en boudant.

– Il est débile, hein ? Tarik demande à Lila et elle explose de rire. Une compresse alors qu'on doit te recoudre l'arcade ?

– Je suis un guerrier, qu'est-ce qu'il y a ?

– Eh vraiment, elle a raison, ferme ta gueule, il soupire.

– J'ai pas dit ça comme ça mais fais comme il te dit, elle hausse les épaules.

Moins de cinq minutes plus tard, une infirmière passe pour le recoudre et il arrive quand même à la draguer alors même qu'elle a bien dix ans d'écart avec lui.

– Tu veux un café ? chuchote Lila à Tarik.

– C'est un grand garçon, je viens avec toi. Ça va faire redescendre l'alcool.

– Bonne idée avant de rejoindre Jasmine, elle ricane.

– Effectivement, il pouffe à son tour. D'ailleurs, tu buvais pas il y a deux mois, toi ?

– J'ai tout arrêté depuis... tu sais, elle grimace, j'essaie aussi d'arrêter de fumer. C'est mieux pour moi.

– Putain, je suis trop con, désolé.

– C'est pas un drame, elle appuie sur le bouton pour faire couler le café dans un petit gobelet en plastique blanc.

– Vous vous êtes bien trouvés avec Nabil à tout dédramatiser, il hausse les sourcils. T'as pas failli y rester ?

Failli. Tu viens de le dire.

– Mais ça va ici ? Genre tu te sens bien avec nous et avec Nabil ?

– Bien-sûr, elle sourit.

– Vraiment ?

– Vraiment. Si je dois être très honnête, j'ai jamais autant trouvé ma place qu'avec vous. Ça aussi, ça me fait vouloir passer à autre chose à ton frère.

– Si tu veux la vérité, t'es la femme de sa vie. Tu t'en rends pas compte parce que tu l'as pas vu comme moi je l'ai connu mais il est passé par des dingueries avant de te rencontrer. J'en avais mal au cœur de lui répéter qu'il fallait pas qu'il désespère d'aller mieux un jour. Je parle pas et je me confie à personne, même à la famille j'ai du mal, ça je sais que tu le sais mais presque tout le groupe s'est fait sa place et peu en avait des attitrés, tu captes ? Quelqu'un comme Lucas ou comme Karim, c'était logique qu'ils soient liés à nous mais c'est rare de sentir qu'entre nous, une place était vide, il fronce un peu les sourcils, même Jasmine n'a pas eu cette place-là.

IL PLEURE DANS MON CŒUR | N.O.S. (PNL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant