IL PLEURE DANS MON CŒUR | N.O.S. (PNL)

𝐓𝐑𝐄𝐍𝐓𝐄-𝐓𝐑𝐎𝐈𝐒

Lila.

– Mais qu'est-ce que j'ai fait au Ciel pour avoir un fils pareil !

– Ça va ! Comme si j'avais fait exprès !

– Je t'ai fait avec deux bras et deux jambes, tu te lèves quand tu veux pour ramasser tes conneries.

Si les Andrieu marquaient tous à leur manière, Yanis était sûrement la personne la plus maladroite de la famille et pourtant Lucas en faisait partie. En parlant de mon meilleur pote, il fêtait son anniversaire aujourd'hui. Ce soir, on fêtait ses trente-ans. Lucas avait prévu de faire quelque chose chez lui ce soir, un petit truc calme avec tout le monde, histoire de marquer le coup, mais c'était sans compter sur les frères qui, bien-sûr, avaient prévu un anniversaire surprise. Les garçons étaient tous partis faire un five cette après-midi, j'avais donné l'excuse de la fatigue pour ne pas les accompagner et me rendre à son appartement pour tout préparer sans qu'il le sache, avec Sarah et Yanis. Leur match se termine à dix-huit heures trente mais Karim a eu l'idée de passer chez lui avec Lucas pour le retarder le plus possible et que tout le monde nous rejoigne.

– T'as même encore bu que tu fais déjà n'importe quoi, bougonne la mère.

– Oh, ça va, tu vas pas en parler jusqu'à demain non plus ?

– Tu crois que c'est parce que tu fais une tête et demi de plus que moi que je peux pas t'en mettre une, Yanis ? Ne fais pas d'enfants, me lâche-t-elle, ça t'évitera beaucoup de problèmes.

– Faut le dire à ton autre fils, ça, il sourit en attrapant une serpillière.

– Aussi têtu que son père, j'ai abandonné depuis des années.

Nour et Amal sont gardées par René chez Tarik et Jasmine, mon beau-père devait nous rejoindre chez son neveu mais les filles se sont endormies et, puisqu'un grand-père est toujours plus tendre qu'un père, surtout avec des filles, il n'a pas eu la force de les déplacer au risque de les réveiller. Si Nabil n'avait pas peur de s'en prendre une par son père, il lui dirai ce qu'il m'a dit tout à l'heure ; René Andrieu se relâche, il se fait vieux. En attendant, si j'ai hâte d'une chose, c'est de rencontrer Salomé, parce que Yanis s'est enfin décidé à nous la présenter. Puisque je suis la seule à être au courant de son existence, et même si Nabil et Samy se sont rendus compte qu'il n'était plus pareil depuis quelques mois, je suis postée en défenseure de la relation, histoire que le cadet ne se fasse pas trop tailler par ses grands frères.

– Et toi, tu as récupéré de toute ta fatigue d'août ?

Sarah et René étaient présents pour l'avant-dernière date de Tarik et Nabil, c'était la deuxième fois que je les voyais et je ne saurais même pas expliquer à quel point ils ont su me faire sentir que je n'étais pas seulement la petite-copine de leur fils. Trouver une famille n'est pas chose facile, encore plus que ça n'est pas censé se chercher puisqu'on nous l'attribue à la naissance, mais j'ai compris ce qu'est d'être acceptée quelque part. Si t'es pas de mon sang, pas sûr que je puisse t'aimer jusqu'à ma mort, cette phrase n'est qu'une vérité pure sortie de la bouche de Nabil.

– J'ai profité que Nabil soit très peu là à la maison pour me reposer, je n'ai même pas essayé de deviner le taux de fatigue des garçons.

– N'hésitez pas si vous voulez passer en Corse pour vous reposer loin d'ici, me sourit-elle.

– Maman, dis-le que tu veux qu'ils viennent, Yanis lui envoie un clin d'œil. T'es une génie toi, tu sais que si Lila est d'accord, Nabil suivra.

– Bien évidemment ! Je sais comment fonctionne le cerveau de ton frère, tu me prends pour qui ?