𝐕𝐈𝐍𝐆𝐓-𝐐𝐔𝐀𝐓𝐑𝐄

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L'orage faisait violence sur Paris si bien que les murs en tremblaient. Souvent, la météo jouait sur le moral des gens et c'était le cas de Lila. Face à la double fenêtre du cabinet de sa psychologue, elle n'avait pas détourné les yeux une seule fois de la tempête qui avait assombri la capitale. Paradoxalement, le spectacle qui s'offrait à elle la rassurait et lui permettait de se concentrer. Comme si l'extérieur se mettait en accord avec son intérieur. Tout n'était que chaos et la lettre de Nabil n'avait fait qu'ajouter une couche de plus au brouillard. Le mois de mars s'était à moitié écoulé et les résultats des examens étaient tombés ; elle était favorable, le positif, enfin. Un mois pile aujourd'hui, un nouveau son de cloche qui faisait plus mal que les jours précédents. Deux semaines que la lettre de Nabil traînait négligemment sur le coin du bureau de sa chambre, incapable de la ranger ou de la jeter. Elle s'était promis de ne pas le contacter, de l'effacer au plus possible mais, au fin fond de la Corse, Nabil avait reçu un message de Lila auquel il n'avait jamais répondu. Il n'avait pas eu besoin de le faire, les mots de la femme qu'il aimait se suffisaient à eux-mêmes.

Lila :
Je n'ai alors rien su comprendre, j'aurais dû la juger sur les actes et non sur les mots. Elle m'embaumait et m'éclairait, je n'aurais jamais dû m'enfuir ! J'aurais dû deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. et le pire dans l'histoire, c'est qu'ils s'aimaient l'un l'autre, mais ils étaient trop jeunes pour savoir aimer. Alors, assaillit par le doute, il prit la fuite.

Depuis, la Corse n'était plus ce qu'elle était et Nabil était rentré les jours qui avaient suivis. Elle avait lu la lettre, il en était persuadé vu le message mais ce petit paragraphe scellait un peu plus le gouffre qui se créait entre eux. Lors d'une des premières soirées qu'ils avaient passés ensemble, Nabil était tombé sur un exemplaire du Petit Prince dans un coin de la chambre de Lila et ils en avaient discuter des heures. Ce passage, bien que légèrement remixé par Lila, en était tiré. Ainsi, il comprenait ; pour elle, il avait préféré fuir plutôt que de se battre. C'était ça, la dure réalité. La pluie avait toujours apaisé le cœur de Lila, elle était la seule à se réjouir de ce temps à la Colline lorsqu'elle y était encore, c'était pour elle une source d'inspiration et de calme. Pourtant, aujourd'hui, même la pluie ne parvenait pas à calmer ce qui la faisait souffrir au centre de sa poitrine. Sa vie était au point mort, tout n'était que violence et désolation. Difficile lorsqu'en peu de temps, on avait connu le bonheur profond. Pour une amoureuse de la littérature dramatique, c'était bien le comble d'en devenir une héroïne principale. De la fenêtre à ses doigts, puis à la table et au carnet, elle accroche son regard à celui du médecin.

– Lila, reprend cette dernière, si vous ne pouvez parler, et je ne vous en blâme pas, mon travail ne sera pas d'une grande aide. Je sais qu'un trouble de stress post-traumatique est d'une violence inouïe et, encore une fois, je ne peux vous forcer à parler mais il faut que vous sortiez de ce cercle qui vous en empêche depuis un mois, continue-t-elle. Arrêtez de vous punir pour quelque chose qui n'est, en rien, de votre faute. J'ai peur d'éveiller en vous quelque chose de très mauvais mais je pense que le sujet principal n'est lié qu'à une personne. Dites-lui pour vous permettre de guérir, comprenez que vous avez le droit de passer à autre chose.

Un hochement de tête négatif. Elle ne pouvait concevoir de revoir Nabil après le chaos qu'il leur avait forcé à vivre. Ça lui faisait mal d'avouer que la seule chose qui lui ferai aller mieux et qui la guérirai était celui qui l'avait rendu comme ça. Malgré tout ce qui c'était passé, Lila n'arrivait même pas à douter d'à quel point il pouvait l'aimer. Il avait tout détruit, c'était dur d'y retourner.

– Trop de pertes ont été listées depuis toutes ses années, Lila, termine-t-elle, ne laissez pas cette nouvelle vous perdre. Pas après tous ces efforts et toutes ces rencontres.

IL PLEURE DANS MON CŒUR | N.O.S. (PNL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant