𝐓𝐑𝐄𝐍𝐓𝐄-𝐄𝐓-𝐔𝐍

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Lila.

Des cris, quelques grossièretés et un Tarik plus que stressé qui tente de garder son calme. D'un coup, plus rien. Ou presque. Je croise le regard fatigué de Lucas et on devine ; la césarienne a été déclenchée. La poche des eaux de Jasmine s'est craquée peu de temps après qu'ils soient rentrés chez eux, toutes ses affaires étaient prêtes et ils ont filés à la maternité. Elle venait d'entrer dans sa trente-deuxième semaine : la naissance a de l'avance mais ça reste normal pour des jumelles. Cette femme est une véritable guerrière. Nabil n'a pas lâché mes doigts depuis notre arrivée, Naya s'est endormie sur les genoux de Karim et la jambe de Clémence va sûrement la lâcher tant elle gigote depuis tout à l'heure. Sous le coup de l'angoisse, personne ne parle et je n'ai jamais ressenti autant de stress que dans cette salle d'attente. Cette nuit accueillait les premiers bébés de la famille Andrieu, et c'était la plus belle chose qui soit.

Il est presque cinq heures du matin quand Tarik se décide à pointer le bout de son nez, les larmes aux yeux : il était trop risqué que sa femme accouche par voie basse, les filles n'étaient pas positionnées correctement mais tout s'est bien passé. Il s'essuie les yeux avec la manche de sa blouse d'hôpital et nous explique que ces trois petites femmes vont bien, Jasmine a été recousu et les médecins sont en train de vérifier que tout va bien. Tarik est papa. Karim hurle en lui sautant dessus et Lucas explose de rire en prenant Nabil dans les bras. Moins d'une demi-heure plus tard, on apprend que Jasmine passera deux jours à l'hôpital mais veut absolument nous voir malgré la fatigue. Nour et Amal Andrieu sont nées, respectivement, le quatre juin à 04h09 et 04h13 du matin dans le même hôpital où sont nés les frères. Nabil, parrain d'Amal, a pleuré dès l'instant où il a pu prendre la petite dans les bras, et ne parlons pas de Karim, celui de Nour, qui était dans le même état. Voir Nabil avec la fille de Tarik me réchauffe tellement le cœur que j'en ai les larmes aux yeux, il est fait pour être père et sera le meilleur pour nos enfants.

– Le bonheur te rend beau, je chuchote et il caresse la petite main d'Amal.

– Tu ne te rends pas compte du taux de bonheur que j'ai dans le corps, répond-il.

– Un jour, ça sera notre tour, Nabil. Promis.

– J'en doute pas, mon amour, il chuchote à son tour. T'es fatiguée ?

– Tant que tu veux rester, on reste.

– On rentre, on reviendra en fin de journée.

Yanis repart avec nous et il est décidé qu'il dorme à l'appartement. Nabil s'est prit un tel shoot d'adrénaline qu'il ne retrouvera pas le sommeil. Mon brun aide son frère à déplier le canapé et je récupère mon pyjama pour l'enfiler sans attendre. Je suis morte de fatigue mais je lutte jusqu'à ce que Nabil revienne et m'endors à la seconde où je sens ses bras s'enrouler autour de mon ventre. Il est presque quatorze heures quand j'ouvre de nouveau les yeux, Nabil n'est plus avec moi mais je le retrouve sur la console avec Yanis.

– J'ai presque cru que t'étais morte.

– C'est surtout que vous préférez les nuits blanches, je lui pousse l'épaule. Tu perds, microbe ?

– Arrête de m'appeler comme ça ! C'est moi qui suis en train de gagner.

– Je te laisse gagner, surtout, gronde Nabil.

– C'est pas beau d'être mauvais joueur, je ricane en lui embrassant son épaule nue.

– Mais Lila putain ! Tu me déconcentres, là !

– Eh, les Andrieu ? Allez vous faire foutre !

Je quitte le salon pour rejoindre le balcon de la cuisine et m'allume une cigarette. Au loin, j'entends Nabil crier sur Yanis et que la cause de cette dispute n'est autre qu'un hors-jeu. Dans la minute qui suit, de gros bras m'entourent le bas du ventre.

IL PLEURE DANS MON CŒUR | N.O.S. (PNL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant