𝐃𝐄𝐔𝐗

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– Bouge-toi, c'est quoi ton putain de problème ?

Tarik, l'aîné Andrieu, n'avait pas vu son petit frère depuis des jours. Nabil était enfermé depuis trois jours sans avoir mis un pied en dehors des murs de son appartement. Après avoir attendu beaucoup plus longtemps que d'habitude sans aucune nouvelle de lui, Tarik s'est décidé à attraper le double des clés du bouclé et était, à présent, devant la porte de chambre de son petit frère puisqu'il l'avait fermé de l'intérieur. Il s'était dépêché de fermer la porte de sa chambre en entendant Tarik arriver, voulant éviter une confrontation qu'il n'aurait pas la force d'assumer. Aussi, il avait déserté le studio depuis deux bonnes semaines. Elle avait réussi à le mettre plus bas que Terre, laissant Nabil mourir à petit feu.

– Nabil, rugit Tarik, je jure sur tout ce qu'on a de plus cher que si t'ouvre pas dans la minute, je défonce la porte. Et tu sais que j'en suis capable.

– Rentre chez toi. Je veux voir personne.

La voix de Nabil est loin d'être celle qu'il a d'habitude, Tarik l'avait remarqué dès le premier mot sorti de sa bouche. Il n'avait que rarement vu son frère dans un état comme celui-là, et ça durait depuis maintenant plus d'un mois. Ça lui faisait peur, les sentiments d'angoisse de voir l'un tomber sans l'autre se transformait en colère noire tant ils s'aimaient à la mort. Alors, la seule chose que Tarik trouve à faire bouger le plus jeune est de le piquer dans le vif, attendant qu'il soit assez énervé pour ouvrir la porte.

– Je pensais pas que t'étais aussi faible pour laisser une meuf te briser comme ça, lâcha-t-il un peu fort.

– Franchement Tarik, ferme bien ta gueule, entendit-il d'une voix étouffée.

À moitié allongé dans son lit, Nabil ne comptait plus combien de verres et de joints il s'était enfilé depuis que ses yeux s'étaient ouverts sur le plafond blanc.

– Profite de ne pas être en face-à-face pour parler mal. En attendant, t'es qu'une pédale à chialer pour cette fille. T'as cru que tu finirais ta vie avec ?

– Putain, rentres chez toi. Continue à me blesser, j'en ai rien à foutre. Tu peux pas faire pire.

– Devant Dieu, Nabil, tu vas ouvrir. Moha te cherche depuis deux jours, il a besoin de toi et toi, t'as besoin de nous. Maintenant, tu bouges ton cul et tu ouvres ou j'explose ta porte.

Moha était de la famille et, au-delà du Que La Famille, les frères Andrieu étaient très proches de lui sans partager un quelconque lien de sang. Mais Nabil avait créé un lien encore plus particulier avec Mohamed alors même que neuf ans les séparaient. Un tilt résonna dans la tête de Nabil ; sa famille était la chose la plus importante qu'il possédait et, malgré toute la douleur qu'il ressentait, il ne pouvait se résigner à s'enfermer en arrêtant de voir les siens.

– Nabil, souffla Tarik, tu sais que je ne pensais pas ce que je viens de dire.

Tarik avait mal de voir son frère dans cet état. Tous deux pensaient que ce qui les unissait n'existait nulle part autre sur Terre. Ils étaient connectés, comme des jumeaux ; si un des deux vivait quelque chose, l'autre le sentait même à l'autre bout du monde. Nabil marmonne dans sa barbe et demande à Tarik de l'attendre au salon. Il souffle et s'y prend à deux fois pour se lever correctement avant de réussir à tenir sur ses pieds. Il ouvre rideaux et fenêtre en grand puis vide, d'une traite, le reste de la bouteille d'eau qui traînait au pied du lit. Dans la salle de bain, il file sous la douche et, en moins de deux, il passe un jogging et un sweat à capuche. Nabil n'avait jamais aimé comme il avait aimé cette fille, il avait toujours eu plus de mal à cacher ses sentiments, comparé à son grand frère.

Depuis petit, il avait plus de facilité à être affaibli par les gens qui l'entourait. Tarik avait vécu des choses qui l'avait forgé, priant tous les soirs que son frère ne connaisse jamais ça. Ce besoin de s'accrocher aussi fort à quelqu'un dès lors qu'il entrait dans sa vie était sûrement dû à l'abandon de leur mère lorsqu'ils étaient petits. Encore une fois, l'aîné Andrieu était un peu plus fort sur ce sujet. Pourtant, les deux n'en avaient plus rien à faire, cette femme était devenue une véritable étrangère. Heureusement, Dieu avait mis sur le chemin de leur père une femme qui considérait les deux frères comme ses propres enfants. Sarah, leur belle-mère et la mère de Yanis, le dernier fils de la famille Andrieu.

IL PLEURE DANS MON CŒUR | N.O.S. (PNL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant