Deux heures vingt-sept, en plein milieu de la capitale. La tête posée entre ses bras sur le comptoir du bar, Nabil était à moitié dans les vapes. Son sang n'était plus qu'un mélange parfaitement homogène de liquides alcoolisés en tout genre et de drogues. Tant bien que mal, il tente de relever la tête et un verre vide claque sur le bois du bar juste à côté de son oreille, le faisant violemment sursauter. En se redressant, toute sa boîte crânienne tourne brutalement et l'oblige à fermer les yeux pendant de longues secondes pour faire disparaître les petits points blancs.
– Je ne suis pas assez costaud pour te mettre dehors à la fermeture. Évite de t'endormir ici, s'il te plaît.
Une jeune femme se tient devant lui, derrière le comptoir, habillée d'une chemise brodée du nom de l'endroit dans lequel il se trouve. Une petite brune aux yeux bruns aux reflets clairs, presque caramels, un regard si perçant qu'il se retrouve à devoir cligner plusieurs fois des yeux. Aucune émotion sur le visage mais un petit sourire plane sur le coin de ses lèvres.
– T'inquiètes pas pour moi, je gère. Tu peux m'en remettre un autre ? questionne le bouclé.
Le sourire de la barmaid s'étire un peu plus et elle secoue la tête de droite à gauche, pointant du doigt un petite pancarte dans son dos, au-dessus de l'étagère où se trouve tous les verres.
NOUS NOUS RÉSERVONS LE DROIT DE
NE PAS SERVIR CERTAINS CLIENTS.En fronçant les sourcils, il repose ses yeux sur la belle brune dont il ne connaissait pas le nom.
– Et je peux savoir pourquoi ? demande le jeune homme.
– On peut refuser de servir des clients déjà ivres, elle hausse les épaules en essuyant un verre.
– Je ne suis pas ivre.
– Les yeux vitreux, une fatigue manifeste et probablement un manque de réflexe.
Ni une, ni deux, elle roule son torchon en boule et l'envoie au brun. En bonne observatrice, elle savait qu'il ne le rattraperait pas, trop alcoolisé.
– Fallait me prévenir, grogne le brun.
– C'est tout l'inverse de ce que je cherchais à faire : tester tes réflexes, dit-elle avec les yeux rieurs, faisant sourire Nabil s'en qu'il s'en rende compte.
– Donc, c'est moi qui paye mais j'ai pas le droit prendre une autre verre ?
– C'est pas contre toi mais j'ai déjà ramassé beaucoup trop de gens, ici. Sachant qu'en plus, t'as pas l'air d'avoir que de l'alcool dans le sang. Je suis barmaid, pas videur. Cannabis ? demande-t-elle.
– Hein ? dit-il sans comprendre.
– Tes yeux. Cannabis ? répète-t-elle.
– Comment tu sais ça ?
– Parce que je sais que c'est toujours plus facile de rester dedans que de s'en sortir, balance-t-elle en posant le verre plein de glaçons sur un plateau.
Sans le regarder, la brune tire sur la poche de sa chemise, au niveau de sa poitrine, et découvre un joint de cannabis qu'elle replace correctement la seconde suivante. Elle fait signe à un collègue qui attrape le plateau et disparaît dans la salle pour servir un client.
– Ça permet d'oublier, de survivre face à certains trucs, lâche-t-il, la bouche pâteuse.
Elle acquiesce en un hochement de tête léger. Lorsqu'elle lui tourne le dos pour vaquer de nouveau à ses occupations, Nabil l'interpelle.
– Attends, crie-t-il légèrement, si tu veux pas me servir, tu peux au moins me donner ton prénom ?
– Ça, c'est moi qui me réserve le droit de ne pas le faire.
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IL PLEURE DANS MON CŒUR | N.O.S. (PNL)
Fanfic" Perdre son premier amour, c'est comme si le monde s'écroulait. C'est avoir l'impression que le cœur est condamné à une souffrance éternelle, que la blessure ne guérira jamais. C'est enchaîner les longues nuits sans sommeil, les longs jours sans so...