IL PLEURE DANS MON CŒUR | N.O.S. (PNL)

𝐒𝐄𝐏𝐓

Lila.

Sans aucune objectivité, Scarface est un des meilleurs films de l'histoire du cinéma. Un véritable chef-d'œuvre. Au-delà de toute la force du personnage et de l'histoire de Tony Montana, ce film a réussi à marquer plus d'une génération, dont la mienne, alors même que je suis née près de quinze ans après sa sortie. En cent soixante-dix minutes, on assistait à l'ascension complète d'un homme, le menant jusqu'à sa chute aussi foudroyante que la montée, totalement assoiffé de pouvoir dès lors qu'il le touche. Et, en plus de toucher à tout, comme le capitalisme d'une société perdue des années quatre-vingt, l'histoire d'Antonio est un parfait mélange entre drogues, mensonges, folie, trahison et ambition. Le tout à l'excessif. En bref, c'était l'un de mes films préférés, si ce n'est mon préféré, et l'avoir vu avec Nabil n'avait fait qu'amplifier mon attachement à ce film ainsi qu'à l'histoire de tous ses personnages. J'étais en train de débriefer avec Nabil, grand fan aussi. Le problème est qu'il tente de démonter le personnage d'Elvira et ça, ce n'est pas possible.

– Tu dis n'importe quoi ! Elle était là pour son argent et son pouvoir dès le début ! balance le brun.

– Elle a quand même quitter Frank pour Tony, elle est restée avec lui alors qu'ils ne pouvaient pas avoir de gosses ! Tu ne peux pas dire qu'elle ne l'aimait pas !

– C'est quand même une sacrée michetonneuse, elle s'est barrée !

– Elle est indispensable à l'histoire, c'est une icône du film. Tu peux parler du grand Tony alors qu'il kiffe sa sœur, c'est dégueulasse !

– Mais non ! Il la protège, c'est tout.

– Tu te mens à toi-même pour tenter de me convaincre, je souris, je ne changerais pas d'avis.

– Je commence à te cerner, je sais que je n'y arriverai jamais, c'est peine perdue. Mais tu vas être d'accord sur un point, Al Pacino est un des...

– Meilleurs acteurs de la planète ! Oh, carrément ! je m'écris et il explose de rire en me tendant son poing auquel je tape le mien.

Sur son visage, il garde ce sourire incroyable qu'il avait l'air d'avoir perdu depuis longtemps. Ce sourire qui pouvait illuminer toute une pièce, un sourire extraordinairement contagieux.

– Il va être une heure du matin, m'annonce-t-il en s'affalant sur les coussins.

– Tu dois rentrer ?

– Ce n'est pas comme si quelqu'un m'attendait, Lila, il me sourit encore.

– Je ne voulais pas être maladroite...

– T'inquiète pas. Tu veux que je parte ?

Il me regarde droit dans les yeux et cette question est posée au bon moment. J'ai adoré passer du temps avec lui, j'ai partagé une petite partie de ma vie, il faut que j'arrête de réfléchir.

– Je n'en sais trop rien, avouais-je, mais j'ai un canapé si t'as pas envie de rentrer au vu de l'heure. On est amis, maintenant.

– Paradoxal pour un mec qui ne croit pas en l'amitié fille-garçon.

Malheureusement pour lui, ma défense prend le dessus, il se redresse et tente d'accrocher mon regard, ce que j'évite.

– C'est tout ce que tu auras de moi, Andrieu. Si t'es venu avec autre chose en tête, fallait savoir que c'était mort d'avance, dis-je sèchement.

– Eh, pourquoi tu t'énerves toute seule ? il fronce les sourcils. Ce n'est pas ce que je voulais dire, t'avais réussi à me cerner, non ?

– C'est mieux que tu comprennes que ça n'arrivera jamais, sinon je préfère que tu partes. N'envisage pas plus que de l'amitié avec moi.