This Body Guard

12

PDV KAIDEN
   Bordel. Je peux pas croire que je sois assez con pour l'avoir laissée dormir dans le même lit que moi.

   Je me retourne, et j'ai alors la parfaite vue sur son dos. Malgré son tempérament de gorille, Avery a l'air d'une petite chose fragile. Particulièrement quand elle dort. Est-ce qu'elle dort d'abord ?

   Je soupire et me mets sur le dos pour fixer le plafond. À quel moment est-ce que je me suis rendu compte que j'avais à faire à une fille aussi... Dérangée ?

   Je ne sais pas si c'était quand elle s'est mise en larmes lors du Action ou Vérité, quand je l'ai entend hurler dans sa baignoire, ou quand elle allait laisser sa vie aux flammes pour une autre personne.

Ouais. Elle est tarée.

  Elle a l'air désespérée. Hier surtout. Toujours à mendier l'affection pour une raison qui m'échappe. Elle était prête à aller dans ce feu pour sa pseudo amie. Je ne sais même pas pourquoi je l'en ai réellement empêché. Mon boulot c'est de la surveiller.

Pas de la tenir en vie.

PDV Avery
    Je me retourne et sursaute presque en voyant que Kaiden a les yeux grands ouverts à fixer le toit.

- Tu dors pas ? Je demande doucement.

- J'en ai l'air ?

   Je roule des yeux. Il est nul.

- Kaiden ?

- Ouais. Il répond sans me regarder.

- Pourquoi tu m'as dit ça ?

- De quoi tu parles ?

   Je soupire et ferme les yeux, essayant de calmer les pulsations rapides de mon cœur:

- Pourquoi... Tu as dit que les gens me riaient au nez ?

   Il pouffe un rire sec.

- T'es bête ou quoi ? Les gens en ont que pour ton fric.

- Toi aussi, non ?

   Je rouvre les yeux pour le voir basculer sur le côté afin de se retrouver face à moi. Un sourire prend place sur ses lèvres lorsqu'il répond:

- Exactement.

Mon cœur se serre.

- Tu sais... Ça ne me dérange pas.

- De ?

- Que les gens profitent de moi. Qu'ils n'en aient que pour mon argent. En fait je m'en suis toujours un peu douté.

- Et ça, ça te dérange pas ?

- Je veux juste sentir qu'ils m'apprécient. Même si c'est faux. Je préfère ça que de me les mettre à dos.

- T'es vraiment conne. Rit-il. Tu peux pas juste t'en foutre ? Qu'on t'aime ou pas, qu'est-ce que ça change ?

- Ça m'assure la sécurité. Je réponds simplement. Je me sens bien comme ça.

- Tellement bien que tu te mutiles ?

   Ses paroles sont tranchantes, trop vraies pour que je les supporte.

- Comment... Comment tu...?

- Tout était lié. Il répond comme s'il avait déjà compris ma question. Tu crains de mettre tes bras à nus. Et ce soir-là dans la salle de bains, j'ai vu tes bras.

- Pourquoi n'avoir rien dit ?

- Qu'est-ce que tu voulais que je te dise ? Il soupire. De toute manière, j'ai pas mon mot à dire. Je suis qu'un garde du corps.

   Il se retourne dos à moi et je sens mon cœur battre la chamade alors que je vois son dos magnifiquement bien dessinés. Quelques tatouages l'embellissent.

   Je me rapproche un peu plus et pose ma tête contre son épaule. Il sent bon. J'ai juste... Besoin de sentir une présence. Là, maintenant.

   Il se raidit légèrement, mais ne réagit pas. Je finis alors pas me laisser happée dans un sommeil des plus profond.

PDV Kaiden
Je me réveille en sentant des goutes tomber sur mon visage. J'ouvre les yeux, et me rends compte que ce n'est qu'elle. Elle... Pleure ?

- Tu m'as fait super peur... elle sanglote avant d'essuyer ses larmes.

Je me rends alors compte que j'avais fait un cauchemar. Oh non... C'est super gênant.

- Ouais bah... C'est pas ma faute. T'aurais dû retourner dans ta chambre. Je marmonne avant de me retourne dos à elle.

J'attends qu'elle parte, mais elle ne bouge pas.

- T'es bouchée ou qu...

   Je me coupe lorsque je l'entends renifler. Pourquoi est-ce que ça vient me piquer là ? Dans le cœur... Alors que je l'ai déjà entendue pleurer et jusque là ça n'a fait que m'exaspérer. Ouais, ça m'exaspère toujours. Ça m'énerve même.

   Je me retourne et la vois qui s'essuie encore le visage.

- Quoi ? Je soupire.

- Rien. Elle répond froidement. Ne me refais plus une peur pareille.

- J'ai juste fait un cauchemar. Je ricane.

Lorsqu'elle plonge son regard dans le mien, mon sourire s'estompe. Tout au fond de ses iris verts, semble être prisonnière une douleur intense. Si intense qu'elle en fait briller ses yeux. C'est aussi beau que déroutant. J'en ai le souffle coupé.

La détresse dans ce regard est plus forte que n'importe laquelle que j'ai vu dans ma vie.

- Évite quand même d'en refaire. Dit-elle d'une voix enrouée avant de détourner ses yeux des miens, je retourne dans ma chambre.

Elle se lève, et je regarde sa fine silhouette s'éloigner. Ses cheveux blonds bouclés dansent derrière elle en rythme avec ses pas.

J'aurais pu la trouver belle. J'aurais pu me dire « putain ce que cette meuf est canon ».

Mais il suffit simplement que je la regarde vraiment, pour me rendre compte qu'en réalité, ça va bien plus loin que la beauté.

Elle est bien plus que ça.